“Je souhaite me concentrer sur les jeunes chevaux cette année”, Léona Mermillod-Baron

Sacrée championne de France Jeunes cavaliers en 2021 avec César du Terroir (OC, The Must de Riverland x Cassini I), Léona Mermillod-Baron évolue depuis jusqu’en CSI 3* parmi les Séniors. Basée en Haute-Savoie, dans ses écuries familiales de Seynod, à côté d’Annecy, elle s’est rendue à Oliva début février pour entamer la saison au Mediterranean Equestrian Tour. Cette semaine, des cas de rhinopneumonie équine de type HEV-1 ont été détectés sur le site du concours espagnol. La jeune cavalière fait le point sur la situation, parle de son piquet de chevaux et évoque ses objectifs. 



Des chevaux présents à Oliva ont été positifs au virus EHV-1. Comment vous a-t-on annoncé la situation ? Quelles ont été les premières consignes ? 

L’organisation du concours a organisé une réunion. Ils nous ont tout de suite annoncés que certains chevaux avaient de la température, qu'ils étaient porteurs du virus. La situation a été très bien prise en charge. Ils nous ont demandé de les informer si nos chevaux avaient de la température et nous ont évidemment conseillé de rester vigilants. Une tente était particulièrement touchée. Tous les autres pouvaient partir mais ceux hébergés dans cette tente-là devaient rester pour faire des tests.

Vos chevaux ont dû rester confinés. Étaient-ils tous dans le même cas ? Comment se portent-ils ? 

Tous nos chevaux étaient dans la fameuse tente où les cas positifs ont été recensés. Cependant, ils vont très bien et n’ont pas de température. Même pour les cas positifs, les symptômes ne sont pas trop préoccupants. Sur le site, aucun cheval ne se trouve dans un état critique. Pour autant, nous ne savons pas vraiment combien de temps nos chevaux vont devoir rester sur place. Ils ont passé un test hier et nous aurons les résultats aujourd’hui. En fonction de ces résultats, on nous dira quoi faire. Pour l’instant, nous avisons au jour le jour, en fonction des résultats des tests et selon l’évolution de la santé des chevaux. Il n’est pas du tout prévu que je rentre en France tant qu’eux sont ici. Pour l’instant, je reste pour m’occuper d’eux.

Bien qu’écourté, comment s’est déroulé votre début de saison ? 

La tournée s’est plutôt bien passée, même si, bien sûr, j’avais des objectifs un peu plus importants pour la troisième semaine. Je suis venue avec trois chevaux avec lesquels je n'avais encore jamais concouru, Django Saint Just, Lorenzo de Doria et Legend S.A. Je suis très contente de mes jeunes chevaux qui se sont bien comportés et ont réalisé de beaux parcours. Mon cheval de huit ans, First To Cash Out, devait prendre part à ses ses premières épreuves à 1,45m cette semaine et l’objectif n’a pas vriament  été atteint, mais il s’est quand même bien comporté sur 1,40m, donc je suis très contente. 

Comment se compose votre piquet ?

J’ai Lorenzo de Doria (SBS, Gentleman D S x Loeckey) un cheval de six ans qui n’a que très peu concouru et pour lequel l’objectif premier était de gagner en confiance. Il a tout de même été classé dans une épreuve à 1,25m, donc j’étais ravie. Le cheval étant destiné à la commercialisation, j’ai pour rôle de le valoriser sur le circuit des six ans. Legend S.A. (KWPN, Carrera VDL x Voltaire) a sept ans et il est doté de bons moyens, bien qu’il ait peu d’expérience. Mon objectif est de lui permettre de prendre en maturité en piste, d’apprendre à le connaitre et de sauter régulièrement dans des Grand Prix réservés aux sept ans. Je monte mon autre cheval de sept ans, Lust For Life (KWPN, Douglas x Gentleman) depuis un an. Aujourd’hui, nous visons la finale des championnats du monde Jeunes chevaux de Lanaken, ou peut-être même les championnats de France, pourquoi pas. Avec First to Cash Out (DWB, Volstrups Cash x Balou du Rouet) que je monte aussi depuis un an, le but est de commencer tranquillement les épreuves à 1,45m au cours de la saison. Au vue de ses performances à 1,40m en début de saison, je pense que cela devrait va être facile pour lui. Je n’ai pas d’objectif précis avec ce cheval, mais j'aimerais participer à plusieurs épreuves du circuit dédié aux huit ans. Pour finir, j’ai aussi Django Saint Just (SF, Kapitol d’Argonne x Quidam de Revel), que montait ma sœur Julia. C’est un cheval de dix ans qui a participé à quelques épreuves à 1,50m à neuf ans. Il est assez atypique dans sa façon de faire, mais il est très généreux. Il veut toujours aller de l’autre côté des obstacles et la hauteur ne lui fait pas du tout peur. Avec lui j’ai pour objectif de concourir à 1,45m et 1,50m en essayant d'être réguliers sur ces hauteurs. Nous verrons par la suite où cela nous mènera. 



“Ma sœur et moi n’hésitons pas à échanger nos montures”, Léona Mermillod-Baron

Il vous arrive souvent d'échanger vos montures avec votre sœur, comme cela a notamment  été le cas avec Canabis de la Folie (SF, Action Breaker x Idéal de la Loge)... 

Je montais Canabis l’année de ses huit ans et Julia montait Lord (OS, Lors Argentinus x Quality). Comme nous avions chacune un peu de mal avec eux, nous avons essayé d’échanger pour si cela se passait mieux. Quand Julia a récupéré Canabis, elle a tout de suite réalisé des sans-fautes, idem pour moi avec Lord. Nous nous sommes donc dit que c’était une bonne idée. Lord a ensuite été vendu, je n’ai donc pas pu aller au bout de l’histoire, mais nous nous étions très bien entendu. Pour Julia et Canabis, l’histoire est belle, car c’est le meilleur cheval qu’elle ait eu à ce jour. Nous n’hésitons effectivement pas à échanger nos chevaux lorsque nous pensons que cela pourrait mieux fonctionner dans un sens que dans l’autre, nous ne sommes pas du tout fermées à cette idée. Avec Canabis, je sentais que j’avais fait le tour de ce que je pouvais faire, je ne voyais pas comment faire mieux et Julia s’est tout de suite très bien entendue avec. De la même manière, nous ne savions pas si Lévano MV (Z, Levisto Alpha Z x Carthano I Z) serait pour moi ou pour elle, mais ça a tout de suite bien fonctionné avec Julia. Nous nous laissons souvent le choix et la possibilité de voir laquelle de nous deux s’entend le mieux avec chaque cheval. 

Quelles sont vos ambitions pour 2023 ?

 Cette année, je me concentre tout particulièrement sur les sept ans, parce que ce sont des épreuves qui me plaisent et que j’ai deux chevaux de sept ans que j’aime beaucoup. Mais je me laisse aussi plusieurs possibilités avec First To Cash Out. On sait qu’un très bon huit ans peut sauter 1,50m mais d’un autre côté, c’est encore jeunes, donc je ne fais pas trop de plans. Je me laisse un peu de temps pour voir ce que la saison a à offrir. Si tout se passe bien et que j’en ai l’occasion, il est possible qu’il prenne part à une épreuve à 1,50m dans une étape du Grand National. Cela pourrait aussi se faire en CSI 3*, mais c’est un peu compliqué, donc nous verrons en fonction de notre progression. 

Concourir à nouveau en CSI 3* est-il un objectif majeur pour vous ? 

Avec ma jument Chanel de la Claye, je m’étais classée dans un Grand Prix 3*. Mais trouver des chevaux de ce niveau, ayant atteint l’âge et la maturité pour le faire, est difficile. Chanel a treize ans cette année, l’emmener à Oliva ne lui aurait rien apporté, elle connait son métier par cœur. Le concours d’Oliva est bénéfique pour former les jeunes chevaux, pour les mettre en route au début de la saison. Pour le moment, je me concentre sur les jeunes et dans l’idée, j’aimerais beaucoup que Chanel fasse des transferts d’embryon pour avoir des poulains d’elle. Nous allons un avoir un cette année, mais j’aimerais bien lui faire faire un transfert avec Lust For Life. Je me permets d’en rêver, car je ne pense pas reprendre les concours avec elle. Elle participera peut-être à des épreuves à 1,25m ou 1,30m avec Julia, mais nous ferons surtout en fonction de Chanel et de ses envies. 

Vous êtes assez suivie sur les réseaux sociaux. Quelle place cette activité occupe-t-elle dans votre quotidien ? 

J’ai toujours un peu partagé ma vie sur les réseaux sociaux. Julia est beaucoup plus douée que moi et plus active, mais c’est il est vrai que cela fonctionne plutôt bien pour moi aussi et les gens ont l’air d’apprécier. Il est plaisant de voir que les gens suivent ce que l’on fait. Pour moi, ce n’est vraiment pas une corvée. Cela constitue aussi un réel avantage pour les partenariats, parce que les marques cherchent de la visibilité. De ce point de vue là, il est vrai que nous sommes de plus en plus sollicitées. 

Vous avez été championne de France Jeunes cavaliers en 2021. Qu’est-ce que ce titre a changé pour vous?

 Un titre, c’est quelque chose qui reste à vie, les gens s’en souviennent. Je crois que cela apporte de la crédibilité. Sur le plan sportif, c’est toujours une ligne de plus dans un palmarès. Surtout que les années de Jeunes cavaliers ne durent éternellement, alors quand j’y pense, je ressens un peu de nostalgie. 

Vous consacrez-vous entièrement à votre activité de cavalière, ou faites-vous des études en parallèle ?

En 2022, j’ai obtenu un Bachelor en Management, j’ai donc un Bac +3. À la fin de l’année, j’ai entamé le DE (diplôme d’État) pour pouvoir enseigner. Je suis partie pour un an et je pense qu’après cela, j’arrêterai définitivement les études. Cette dernière année me tient à cœur, car ce diplôme est important vis à vis de ce que je veux faire. Cela me laisse tout de même suffisamment de temps pour monter, je monte d’ailleurs encore plus qu’avant.

Quel est la suite de votre programme ? 

Nous comptions participer au Z-Tour à Lanaken mais il a été annulé. Nous allons donc nous rendre au CSI 2* de Cluny. J’adore celle piste et ce n’est pas trop loin de la maison donc c’est parfait.