“Mon principal objectif est d’aider les États-Unis à se qualifier pour Paris 2024”, McLain Ward
Vainqueur du Grand Prix Rolex du CSI 5* de Genève en décembre dernier, McLain Ward compte bien en découdre pour remporter celui de Bois-le-Duc ce dimanche 12 mars afin de prétendre au bonus promis au vainqueur de deux étapes consécutives mais également rester dans la course pour le Rolex Grand Slam. Un évènement majeur où les meilleurs cavaliers mondiaux s’affronteront dans le mythique centre Brabanthallen néerlandais. L’actuel numéro onze mondial s’est confié en vue de cette échéance.
Vous êtes l’actuel prétendant au Rolex Grand Slam. Comment vous sentez-vous à l’approche du CSI 5* de Bois-le-Duc ? Quel cheval prévoyez-vous de monter lors du Grand Prix?
J’attends ce concours avec énormément d’impatience. Les quatre étapes du Rolex Grand Slam font partie des événements les plus prestigieux de l’année. Je compte y emmener deux de mes chevaux, HH Azur (SBS, Thunder VD Zuuthoeve x Sir Lui VD Zuuthoeve) (victorieuse du Grand Prix de Genève, ndlr) et Contagious (DSP, Contagio x For Keeps). Ils ont tous deux déjà participé au CHI de Genève et ont obtenu de bons résultats cet hiver. J’ai composé le planning d’Azur afin qu’elle soit en pleine forme pour Bois-le-Duc. On sera prêts, je l’espère, pour un bon résultat.
Qu’avez-vous fait depuis votre victoire à Genève ? Quelle préparation suivez-vous, vous et vos chevaux, pour le Master de Bois-le-Duc?
C’est important de prendre un peu de temps pour soi, entre chaque saison, pour se ressourcer et se sentir prêt. En ce moment, je concours au Winter Equestrian Festival (WEF) en Floride. Il propose de nombreuses épreuves différentes auxquelles mes chevaux peuvent participer. En ce qui concerne la préparation de HH Azur et Contagious, j’aime les faire concourir dans les mois qui précèdent l’événement. Maintenant qu’Azur a dix-sept ans, elle ne participe plus à autant de concours qu’avant. Je me focaliser sur les plus importants. Contagious, lui, prend part à davantage de compétitions. Je compte sauter des épreuves du CSI 5* avec lui cette semaine, en Floride (entretien réalisé jeudi, ndlr). Ce sera sa dernière répétition avant notre départ.
Ces dernières semaines, vous avez le vent en poupe au Winter Equestrian Festival avec plusieurs victoires. Cela vous donne-t-il confiance à l’approche du Master de Bois-le-Duc?
J’ai de superbes chevaux à ma disposition grâce à des propriétaires très enthousiastes qui me soutiennent dans mes objectifs. J’aimerais aussi remercier mes grooms et palefreniers, qui font en sorte que mes chevaux soient en bonne santé et toujours prêts à concourir. Mais à l’approche de chaque étape du Grand Slam, je me demande toujours si nous sommes suffisamment préparés et si nous avons pris les bonnes décisions. Impossible de répondre à ces questions avant que le concours ne débute mais je dois me fier à mes méthodes et au travail réalisé en amont.
Vous allez voyager depuis les États-Unis. Que faites-vous pour que vos chevaux arrivent en bonne forme après ce long périple?
Nous nous sommes rendus dans de nombreux concours à l’étranger alors mon équipe a l’habitude. Cette expérience nous a appris à gérer le côté logistique de ce type de déplacement. J’ai vraiment de la chance d’avoir autour de moi une telle équipe. Mes grooms et palefreniers s’occupent très bien de mes chevaux. Ce sont de vrais passionnés qui aiment les animaux et le sport lui-même. Les cavaliers basés, comme moi, aux États-Unis, et leurs équipes ont l’habitude de se rendre à l’étranger pour concourir car les meilleurs événements ont lieu sur le continent européen. J’ai toujours voulu aller me frotter aux meilleurs cavaliers mondiaux de saut d’obstacles. Et pour cela, il faut se rendre notamment aux étapes du Rolex Grand Slam d’Aix-la-Chapelle, Genève et Bois-le-Duc. Les chevaux retenus pour ces événements sont habitués aux déplacements et ont désormais une bonne capacité d’adaptation. Cependant, faire voyager des chevaux exige une préparation minutieuse mais mon équipe est parfaitement rodée à cet exercice.
Quels sont vos projets et ambitions pour 2023 ?
Mon objectif principal cette saison est d’aider les États-Unis à se qualifier pour les Jeux olympiques de Paris 2024. Une fois cet objectif atteint, il nous faudra travailler pour devenir la meilleure équipe parmi tous les pays présents aux Jeux. Rien ne me donne autant de fierté que de représenter ma nation. Sur le plan individuel, mon objectif est de rester en lice pour les prochaines étapes du Rolex Grand Slam. Chaque année, je concentre mes efforts sur ces épreuves car ce sont toutes des Grand Prix emblématiques. Nous passons une bonne partie de l’année à nous entraîner en vue de ces concours pour y réaliser de bonnes performances. Évidemment, le jour-J, la chance doit aussi être un peu de nôtre coté pour décrocher la victoire. Gagner plusieurs Grands Prix Majeurs pour remporter le Rolex Grand Slam est extrêmement difficile. C’est pour cela que Scott Brash est le seul cavalier à avoir réussi cet exploit (en 2014/2015 avec Hello Sanctos, ndlr)!
Vous avez remporté énormément d’épreuves avec HH Azur. Quelles sont les qualités qui font d’elle une telle championne?
HH Azur a des capacités physiques indéniables mais c’est son tempérament qui la rend unique. C’est une vraie battante. Je l’appelle “Sa Majesté”. Il y a deux ans, elle s’est blessée à plusieurs reprises et j’ai bien cru que sa carrière était terminée mais elle s’est entièrement remise et au début de la saison 2022, elle est revenue au meilleur de sa forme. Nous avons donc décidé de continuer à la faire concourir et de réévaluer son état plus tard dans l’année. Elle a fini par obtenir les meilleurs résultats de sa carrière. On voit tout de suite qu’elle aime ce qu’elle fait et qu’elle adore la compétition. Si cela reste comme ça, nous continuerons à l'emmener en compétition. Elle est aussi à l’aise en indoor qu’en extérieur et rien ne la déstabilise. Elle est très intelligente, elle comprend ce qu’on veut d’elle. J’adore passer du temps avec elle, en compétition comme en balade ou à l’entraînement. C’est vraiment une jument extraordinaire.
“Me confronter à une nouvelle génération me pousse à donner le meilleur de moi”
Qu’est-ce qui vous donne envie de réussir et de gagner ?
J’ai toujours envie de gagner, même maintenant. J’en suis à un stade de ma carrière où je profite. Entre ma famille et les propriétaires de mes chevaux, je suis très bien entouré. J’aime échanger et discuter de choses personnelles et professionnelles avec les propriétaires car nous avons les mêmes valeurs et objectifs et partageons la même passion. Je continue de prendre du plaisir à découvrir de nouvelles façons de m’améliorer et de rendre les chevaux plus performants, et à élaborer des stratégies pour gagner. J’ai l’impression d’être en très bonne forme physique. Le fait de me confronter à une nouvelle génération de cavaliers me garde en bonne forme et me pousse à donner le meilleur de moi.
Le Rolex Grand Slam va fêter son dixième anniversaire cette année. Quel impact a-t-il eu sur le saut d’obstacles selon vous?
La création du Rolex Grand Slam a permis à notre sport de passer au niveau supérieur et de se faire davantage connaître. Une fois que l’on a représenté son pays à l’échelle mondiale, comme aux Jeux olympiques, l'objectif est de remporter l’une de ces étapes. C’est l’équivalent du Masters de golf ou de Wimbledon au tennis : des événements qui réunissent les plus grandes pointures mondiales de la discipline. Mais le Rolex Grand Slam comprend une difficulté particulière : pour le remporter, il faut gagner trois Majeurs d’affilée (Genève, Bois-le-Duc, Aix-la-Chapelle ou Calgary, ndlr). Dans notre discipline, il faut aussi compter sur une difficulté supplémentaire : le cheval. En plus de se préparer physiquement et mentalement, il faut aussi s’assurer que sa monture est en pleine forme. Remporter ce circuit n’est pas impossible ; après tout, cela a déjà été fait. Et avec un peu de chance, cet exploit se répétera à l’avenir. HH Azur est sortie sans faute des trois derniers Grands Prix du Grand Slam mais nous n’avons remporté qu’un seul barrage (terminant septième à Calgary et cinquième à Aix-la-Chapelle, ndlr). Le défi que représente le Rolex Grand Slam fait que tout le monde tente de se dépasser et s’entraîne dans le but de gagner. À Genève, nous avons assisté au plus beau barrage de l’histoire qui a placé la barre plus haut que jamais.
En dehors du saut d’obstacles, comment vous détendez-vous ? Qu’aimez-vous faire ?
J’ai la chance de pouvoir me vider la tête sans quitter le sport que j’aime. Je partage mon temps entre mes deux écuries, l’une en Floride et l’autre dans l’état de New York. Ma famille partage ma passion de la compétition alors c’est devenu notre mode de vie à tous. Bien sûr, il est aussi important de trouver le juste équilibre et de passer du temps loin des chevaux pour se vider la tête, mais j’oublie souvent de le faire.
Si vous n’étiez pas cavalier de saut d’obstacles, quel métier auriez-vous fait ?
Je pense que j’aurais construit des résidences et lotissements de luxe. J’ai d’ailleurs fait construire plusieurs maisons, et j’ai beaucoup aimé cela. Construire ou rénover une habitation est un vrai défi durant lequel je peux me montrer inventif et innovant dans les espaces intérieurs et extérieurs. C’est finalement assez semblable au saut d’obstacles, car il faut faire preuve d’imagination et d’un esprit innovant dans les deux domaines.
En dehors du saut d’obstacle, suivez-vous d’autres sports ?
Je suis la plupart des disciplines sportives. Ma fille aînée adore le sport donc nous regardons souvent ensemble. Nous aimons tous les deux l’esprit de compétition des sportifs de différentes disciplines. Je trouve cela important de regarder d’autres sports que le sien, pour en décortiquer les tenants et aboutissants économiques et politiques et en tirer des leçons.
Si vous vous retrouviez seul sur une île déserte, quels seraient les trois objets que vous emporteriez avec vous ?
Mes trois amours : ma femme Lauren et mes filles Lily et Maddox.