“L’équitation, un sport d’équilibres !”, Éric Louradour

“Quelle que soit la discipline, la principale recherche de tous les cavaliers doit-être L’ÉQUILIBRE”, défend notamment Éric Louradour dans un nouveau texte disponible ci-dessous. 



Quand on parle d’équilibres, on cite l’équilibre du cavalier à cheval, l’équilibre du cheval lui-même et enfin l’équilibre dans la relation entre le cavalier et son cheval. Pour obtenir cet équilibre global, le cavalier doit travailler sur trois axes :

1. la position ; car la bonne position entraîne la bonne communication.

2. la mise en selle ; car elle représente un ensemble d’exercices visant à emmener le cavalier vers une plus grande souplesse physique mais également mentale, car on sait que l’équitation est aussi un sport psychologique.

3. la technique ; car elle englobe tous les moyens à disposition du cavalier pour renforcer sa connexion avec son cheval afin que ce dernier réponde rapidement, efficacement et généreusement à ses demandes. Parmi tous ces moyens, il y a par exemple le travail sur le plat, à l’obstacle, à la longe, en liberté, à pied, en promenade, le paddock, le marcheur. Chaque moment passé avec lui renforce la relation homme-cheval : marcher avec son ami en main ou l’emmener brouter, ça compte aussi !

Tous ces points ont une grande importance et sont corrélés entre eux.

Le cavalier véritablement amoureux et respectueux des chevaux est un sportif dans l’âme et véhicule toutes les valeurs que cela implique. Il est capable de plus d’exigence envers lui-même qu’envers son cheval. Il est toujours dans la recherche d’équilibre et d’idéal relationnel. Il est éthique, travailleur, contrôle et perfectionne régulièrement sa position. Il développe sa faculté à maintenir une grande souplesse physique et mentale ainsi que la meilleure gestion adaptée à son cheval.

Dans cette recherche d’équilibre, il est cependant important de comprendre qu’il n’y a pas une position, mais des positions tout comme il n'y a pas une méthode, mais des méthodes d’équitation ! Les bonnes positions sont celles qui sont véritablement adaptées à chaque cheval en fonction de son physique, de son âge, de son niveau de dressage, de son développement musculaire, de son vécu, de ses attitudes, de ses réactions… Elles permettent au cheval de bien fonctionner bio-mécaniquement (embellissant ainsi chacune de ses allures), l’invitent à donner le meilleur de lui sans l’usage de la force et par une juste progression, augmentent sa longévité sportive, son potentiel et ses capacités. 



“Chaque cheval est unique et c’est en jouant avec les positions et son poids du corps que l’on accède à la bonne sensation ”

Malheureusement, j’observe certains enseignants imposer à leurs cavaliers et chevaux des positions et méthodes invariables, sans véritable fondement ou convaincus de détenir la vérité. Je note également que de nombreux cavaliers montent de façon statique alors que d’autres cherchent à copier les cavaliers de haut niveau. Ils doivent prendre conscience que l’équitation est une question de sensations, que la stabilité à cheval est importante mais sans tomber dans la rigidité et que les grands cavaliers pratiquent une équitation de “représentation” avec un cheval au maximum de son dressage, de sa musculation et bien souvent adaptée à leur physique ou à leur équitation. Chaque cheval est unique et c’est en jouant avec les positions et son poids du corps que l’on accède à la bonne sensation.

Concernant les positions du cavalier, certaines peuvent être utilisées temporairement par un enseignant pour remédier à une incontestable rigidité ou à un problème spécifique de l’élève. Par exemple, lui faire reculer le buste en arrière de la verticale pour l’inciter à s’asseoir plus sur les fesses et non sur les ischions comme il en avait pris l’habitude. Cette position imposée, exagérée mais de transition permettra ensuite au cavalier de trouver le juste milieu et un meilleur équilibre. À travers cette nouvelle posture, l’élève sera invité à bien équilibrer son bassin (assis aussi bien sur les fesses que sur les ischions). Rappelons que l'équilibre physique du cavalier prend naissance par le juste et bon fonctionnement du bassin. Le buste rétracté en arrière de la verticale peut être favorable également pour un cavalier qui a tendance à écraser ou à arrondir son dos. 

Le changement de positions est donc très important pour favoriser l'indépendance de chaque partie du corps du cavalier, une meilleure capacité à modifier aisément sa position en fonction des agissements de son cheval et à utiliser avec justesse ses aides pour mieux formuler ses demandes.

Tout cela peut s’apprendre très facilement si le cavalier débutant y est sensibilisé dès ses premières heures à cheval et si les cavaliers plus expérimentés acceptent de se remettre en permanence en question. Nous professionnels, devons faire comprendre et accepter à nos élèves et à leurs parents l’importance d’une progression lente basée sur le respect du cheval, la sécurité, une plus ample connaissance des chevaux et une équitation classique qui unit tous les enseignements du passé et tout ce que l’évolution apporte. 

À notre époque, le savoir est à la portée de tous grâce à Internet. Il est donc à notre portée de changer les mentalités, de promouvoir et d'instruire la juste équitation : raisonnée, respectueuse et responsable !

Pourquoi ne pas réglementer, enseigner, ériger une méthode d’équitation prenant le meilleur de chaque fédération ou nation et basée sur le bien-être du cheval ? Nous devons former tous les cavaliers à devenir des Hommes de chevaux. L’utilisation d’un animal pour son seul plaisir personnel ne peut plus être admise. Éliminons le mauvais, conservons le bon. Dans cette quête de méthode idéale, où la symbiose et l’harmonie seraient optimales entre le cavalier et son cheval, il sera indispensable que le milieu équestre veille à maintenir un degré d’exigence important pour conserver l’image d’un beau sport, noble, bien structuré, bien réglementé et bien représenté où l’éthique vis-à-vis d’un animal à qui on se doit d’apporter le meilleur équilibre de vie possible serait garanti. Toutes les pratiques doivent assurément être repensées pour évoluer dans le bon sens.

“L’équilibre de l’Homme dépend qu’il s’adapte continuellement aux changements imposés par le temps”, Daniel Desbiens.

Sportivement vôtre, Éric