Le Saut Hermès célèbre l’entrée de Victor Bettendorf dans le gotha

Victor Bettendorf a remporté son premier Grand Prix CSI 5* cet après-midi à Paris, en conclusion du Saut Hermès au Grand Palais Éphémère. En selle sur Mr. Tac, le cheval de Geneviève Mégret, le Luxembourgeois a gagné un barrage qui a opposé quatorze concurrents, battant au chronomètre le Néerlandais Harrie Smolders et le Belge Wilm Vermeir, deux et troisième en selle sur Monaco et IQ van het Steentje. Roger-Yves Bost, meilleur Français, s’est classé sixième avec Cassius Clay VDV.



Dès dimanche prochain, Victor Bettendorf ne sera plus un redoutable outsider. Et dès le mois prochain, il ne sera plus un valeureux et talentueux cavalier prétendant à une entrée dans le top trente du classement mondial Longines, mais un nouveau grand parmi les grands. Le Luxembourgeois ne sera plus un homme à qui l’on monnaie sa participation aux CSI 5*, mais un trentenaire qu’on invite, sinon courtise. Cet après-midi à Paris, face à la tour Eiffel, en remportant le Grand Prix de la treizième édition du Saut Hermès, le plus normand des ressortissants du grand-duché est en quelque sorte entré dans le gotha du saut d’obstacles. “Incroyable”, dira sûrement son plus célèbre concitoyen, un certain Stéphane Bern, en découvrant la nouvelle.



Incroyable fut son tour initial, parmi les plus fluides entre tous, y compris parmi les quatorze concurrents signataires d’un premier sans-faute cet après-midi. De fait, Victor Bettendorf forme un couple si harmonieux avec Mr. Tac, hongre BWP de onze ans issu du croisement entre Non Stop et une mère par Toulon, qu’on aurait presque envie de le surnommer Mr. Tic. Et plus incroyable encore fut leur barrage, en tout point parfait, facile comme si de rien n’était, comme il n’y avait pas deux virages à 270° à gérer, sans perdre de temps ni la connexion nécessaire pour gagner une telle épreuve avec l’art et la manière. Bref, on l’aura compris, cette victoire est belle, d’autant plus belle qu’elle est amplement méritée. Tant mieux pour le cavalier et la famille Hécart dont il fait désormais partie, et tant mieux pour la famille Mégret, propriétaire de Mr. Tac, qui n’avait plus été à pareille fête depuis la victoire de Félicie Bertrand et Sultane des Ibis dans le Grand Prix de la ville du CSI 5*-W de Bordeaux en 2019… et qui risque de recevoir encore plus d’offres d’achat pour un cheval semblant prêt à relever les plus grands défis de son sport.



Si le tour initial, que l’excellent chef de piste espagnol Santiago Varela a conçu comme une course d’obstacles des plus techniques, avec seize sauts à produire en moins de soixante-trois secondes, le parcours du barrage n’a guère laissé place à la fantaisie ou à l’audace. Les chevaux les plus rapides au sol ont été avantagés, mais les plus maniables – ces deux qualités n’étant pas incompatibles – ont permis à leur cavalier de gagner du temps dans les deux virages susmentionnés. Gerrit Nieberg a signé le premier des sept doubles sans-faute avec Blues d’Avelines, récent vainqueur du Grand Prix Coupe du monde Longines de Leipzig, mais le jeune Allemand a dû se sustenter de la septième place. Plus rapide de près de deux secondes, le Belge Wilm Vermeir a pris une belle option sur la victoire, qui n’a finalement pas résisté à la fougue des héros du jour. Sa troisième place n’en demeure pas moins éclatante.



Trois Français au barrage

Un nouveau double clear round, rapide mais pas assez, a offert la quatrième place au Belge Pieter Devos et la toujours fringante MOM’s Toupie de la Roque. C’est alors que Victor Bettendorf, encouragé de la voix par Adeline Hécart, sa compagne, qui a expérimenté les CSI 5* avant lui, a tué le match, suscitant l’admiration des spectateurs, dont certains ont dû découvrir aujourd’hui le nom et le prénom. Dans la foulée, la Grecque Ioli Mytilineou, pourtant autrice d’un tour initial impeccable, a connu moins de réussite avec Levis de Muze, qui a refusé deux fois de suite de sauter l’oxer 6, placé après le première grosse courbe. Cette élimination l’a envoyée à la quatorzième place, sans argent ni gloire. L’issue fut plus heureuse pour Harrie Smolders et l’insubmersible Monaco, qui ont davantage encore poli leur statut de favori pour la finale de la Coupe du monde, qui se profile dans deux semaines et demie à Omaha, aux États-Unis. Encore deuxièmes ici, comme lors de cinq précédents Grands Prix CSI 5*, ils restent pour autant en quête d’une première grande victoire individuelle.



Une faute sur le vertical 7b, entrée du triple réduit en double, pour François-Xavier Boudant, qui a un temps perdu un étrier, et Brazil de Mezel, neuvièmes aujourd’hui et à qui l’on souhaite un prochain couronnement, tels que ceux vécus par Laurent Goffinet et Julien Gonin l’an passé à Grimaud. À la fête à Bordeaux, où il avait brillamment emporté le Grand Prix dominical, Grégory Cottard, très en verve au tour initial avec sa pétillante Bibici, a cette fois concédé des fautes sur l’oxer 4 et le vertical 5b, avant d’essuyer un refus devant l’entrée du double. Vingt points et la treizième place pour cette paire, que l’on a hâte de retrouver à l’extérieur. Gonflé à bloc, Roger-Yves Bost, qui a longtemps tenu la tête de l’épreuve à difficultés progressives d’hier soir, a tout tenté avec son puissant et aérien Cassius Clay VDV. Pas si simple à manier, le gris a répondu présent, offrant une chaleureuse sixième place à Bosty, qui n’a pas vécu l’hiver le plus faste de sa longue carrière. Un tout petit poil plus rapide en selle sur l’inusable H&M Legend of Love, le Belge Olivier Philippaerts s’est intercalé au cinquième rang.



Ensuite, on n’a plus vu d’autre double sans-faute. Ainsi, on a compté un vrai quatre-points sur le 5b au Belge Koen Vereecke et Kasanova de la Pomme, onzièmes, un quatre-points plus léger sur le 6 pour l’Irlandais Mark McAuley et Jasco van den Bisschop, douzièmes, un quatre-points un peu cher payé sur le 7b pour Simon Delestre et Cayman Jolly Jumper, huitièmes, et un quatre-points sur l’oxer 7c qui n’enlève rien au talent du Brésilien Marlon Módolo Zanotelli et Grand Slam VDL, deuxièmes en Coupe du monde à Bordeaux et dixièmes ce dimanche.

Outre les trois barragistes, côté français, on saluera les bons parcours à quatre points de Julien Épaillard et Jeanne Sadran, son ancienne élève, associés à Donatello d’Auge et Dexter de Kerglenn. On a compté huit points à Philippe Leoni sur Miss Marie van’t Winnenhof, Julien Anquetin sur Blood Diamond du Pont, Philippe Rozier sur Le Coultre de Muze, Bruno Garez sur United Sunheup et Marc Dilasser sur Arioto du Gèvres, tandis que Juliette Faligot et Kevin Staut, tenant du titre, ont abandonné avec Arqana de Riverland et Cheppetta.

Les résultats
Tous les parcours du Saut Hermès sont à revoir sur GRANDPRIX.tv

Le Luxembourgois n’est pas près d’oublier cette grande journée de sport.

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