“Mixer le pieds-nus et la ferrure est peut-être la recette du succès”, Simone Blum

Sacrée championne du monde en individuel à Tryon en 2018 avec Alice, Simone Blum a décidé, comme certains de ses confrères avant elle, d’enlever les fers de tous ses chevaux le 22 décembre. Trois mois et demi plus tard, l’Allemande a dressé le bilan de cette expérience, jugeant que ce mode de fonctionnement n’est pas adapté à tous les chevaux et pointant du doigt ses avantages, comme ses inconvénients.



“Beaucoup de cavaliers de très haut niveau montrent la voie, et le nombre de chevaux pieds-nus dans le sport de haut niveau est très élevé”, avait écrit Simone Blum sur Instragram le 23 février dernier. Comme l’indiquait justement la cavalière, de plus en plus d’athlètes décident en effet de faire retirer les fers de tous leurs chevaux ou de certains d’entre eux. Ainsi, la plupart ou la totalité des montures du numéro trois mondial, Julien Épaillard, du récent vainqueur du Grand Prix du Saut Hermès, Victor Bettendorf, du quadruple médaillé olympique Peder Fredricson ou encore du champion du monde en titre, Henrik von Eckermann, ne portent plus de métal sous leurs pieds. La championne du monde de 2018 a expliqué n’avoir “pas seulement enlevé les fers” de ses chevaux. 



“Après avoir analysé leurs allures, nous les avons parés avec l’aide d’une caméra thermique, a-t-elle expliqué. C’est pour moi le facteur le plus important de notre démarche, car les réactions des chevaux lorsqu’ils ont été parés [...] ont été impressionnantes. Beaucoup d’entre eux ont montré à travers des bâillements et du léchage que cela les avait soulagés. Après cela, nous les avons fait travailler sur le sol moelleux de notre manège pendant deux semaines, et dès le départ, ils se déplaçaient très bien. Chez certains d’entre eux, la corne a un peu cassé, mais aucun ne marchait sur des œufs. Nous les avons tous mis au marcheur [...], au paddock [...] et au pré, ils sont aussi allés sur le tapis roulant et ont été menés en main sur le goudron pour aller jusqu’au manège, le tout sans chaussures de protection. Nous avons évité les terrains caillouteux en extérieur et les chevaux dont la corne avait plus cassé que celle des autres sont allés aux marcheurs avec des hipposandales. Globalement, nous avons été très satisfaits de cette conversion. Cela a très bien fonctionné. Certains chevaux ont même évolué de manière très positive et me donnent un super sentiment. Quelques-uns ont des allures plus près du sol. Pour la plupart d’entre eux, on ne pourrait pour autant pas voir qu’ils sont sans fers en les regardant simplement au galop, ce qui, je dois le dire, m’a surpris.”



“La qualité des pistes est souvent source d’inquiétude”

Dans une seconde publication également publiée le 23 février, soit deux mois après avoir fait déferrer l’ensemble de ses chevaux, la cavalière d’Alice s’était attachée à mettre en lumière certaines difficultés liées à ce système. “La flexibilité concernant le choix des concours est réduite, avant tout pour ce qui est des terrains en herbe, et la qualité des pistes de compétition est souvent source d’inquiétude, surtout lorsque l’on se rend sur des événements que l’on ne connaît pas, avait-elle écrit. Comment est le sol en-dehors des écuries, le chemin vers le paddock est-il très caillouteux, sur quelles surfaces peut-on sortir les chevaux en main, etc.? Pour autant, nos chevaux n’ont jusqu’alors pas eu de problème avec les petits cailloux, et je crois aussi qu’un sol un peu plus robuste rend les sabots plus durs.”



“Chez beaucoup de chevaux, la corne s’use plus vite qu’elle ne repousse”

Finalement, la cavalière bavaroise a dressé hier le bilan de son expérience, trois mois et demi après le passage pieds-nus de ses chevaux. “Tous les chevaux se sont très bien déplacés dès le départ et ont eu du temps pour s’habituer à cette nouvelle situation durant la pause hivernale, a-t-elle déclaré sur les réseaux sociaux. Cette fois, nous sommes de nouveau en pleine saison et les concours s’enchaînent…Nous commençons doucement à voir quels chevaux sont adaptés à ce système, et lesquels ne le sont pas… L’usure des sabots est un point important. Plus le travail est intensif, plus l’on saute, plus l’on monte sur du goudron ou en extérieur, et plus le sabot s’use. Je ne pensais pas, mais lorsque l’on monte tous les jours en extérieur pendant deux semaines, [...], il ne reste plus beaucoup de corne ensuite. Aussi, chez beaucoup de chevaux, elle s’use plus vite qu’elle ne repousse. Cela signifie que les hipposandales sont vraiment extrêmement importantes pour protéger le pied ainsi que lui donner la possibilité de s’endurcir et de grandir. Je pense quand même que le pieds-nus est une grande chance pour certains chevaux, mais il ne faut pas oublier la gestion et l’investissement qu’il y a derrière. Enlever tout simplement les fers et monter par monts et par vaux ne fonctionne absolument pas et nuit au cheval.”



Engagée ce week-end dans le CSI 3* de Gorla Minore, en Italie, où la piste principale est en herbe, Simone Blum a pris la décision de faire referrer les trois chevaux qu’elle montera là-bas. “Des fers normaux avec des mortaises ont été posés sur les trois, a-t-elle précisé. Je suis très impatiente de voir comment ils vont sauter avec cela. Si je devais tirer un court bilan de tout cela: le pieds-nus est une chose géniale, mais cela doit être super bien géré et il faut absolument adapter son mode de fonctionnement à chaque cheval. Mixer le pieds-nus durant les périodes de moindre sollicitation et la ferrure pendant la saison de concours est peut-être la recette du succès.”



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