“Je ne veux pas abandonner d’un coup ce que j’ai construit”, Alain Hinard
L’édition 2023 de la Tournée des grêlons, organisée depuis vingt ans à Auvers, s’est achevée dimanche avec une étape du Grand National FFE/AC Print. En réalité, l’événement ne s’est pas tout à fait arrêté là, puisque le site manchois accueille depuis mardi un concours Jeunes Chevaux, avant une étape de la Tournée des As Poneys, ce week-end. Chef d’orchestre des concours d’Auvers, Alain Hinard, désormais âgé de soixante-quatorze ans, en dresse le bilan et évoque la mise en vente de cet important site de compétition.
En trois week-ends de compétition, en mars, on a compté plus de quatre mille deux cents engagés sur les pistes d’Auvers. Êtes-vous satisfait du bilan de cette traditionnelle Tournée des grêlons?
Oui, car le nombre d’engagés est en progression de 10% par rapport à l’an dernier, et ce alors que nous étions en concurrence avec beaucoup d’autres concours. Avec les compétitions de la Société hippique française (SHF) que nous accueillerons cette semaine (entretien réalisé lundi, ndlr), nous allons normalement atteindre les cinq mille départs. D’ailleurs, ce concours réservé aux jeunes chevaux est un peu plus simple à organiser pour nous que les trois longs week-ends d’épreuves Pro et Amateurs.
Au-delà du nombre de cavaliers, une fois de plus, vous avez pu compter sur la présence d’athlètes très expérimentés tels que Mathieu Billot, vainqueur du Grand National, ou encore Reynald Angot, qui s’est lui aussi taillé la part du lion…
Tout à fait! Le plateau de cavaliers était de grande qualité. De même, nous avons accueilli des épreuves réservées aux chevaux de sept ans bien disputées et remplies, avec près de cent engagés. De plus, ces compétitions attirent un public de connaisseurs qui viennent pour tenter de dénicher les cracks de demain.
D’un point de vue sportif, êtes-vous content de cette édition 2023?
Absolument! Il y a eu un pourcentage de sans-faute assez important, mais c’est logique compte tenu du très grand nombre d’engagés et de la qualité du plateau. Cela ne doit pas mener à construire des parcours trop corsés, qui mettraient alors tout le monde en difficulté. Le dernier Grand Prix de la tournée s’est d’ailleurs avéré un peu trop dur. La rivière a causé du tort à un certain nombre de couples, car beaucoup de chevaux ont regardé son soubassement. C’est un peu dommage, parce que nous n’avons finalement eu que trois sans-faute (signés par Mathieu Billot sur Quel Filou et Darling de l’Angevine ainsi que Bernard Briand Chevalier avec Dahna de Ponthual, ndlr), mais c’est le sport!
Qu’en est-il de la fréquentation publique de l’événement?
Malgré des conditions météorologiques assez difficiles, elle a été vraiment correcte dimanche dernier, pour le dernier Grand Prix. Le grand public est venu assez nombreux. Le reste du temps, nous avons toujours des marchands, courtiers et autres professionnels qui sont là pour observer les produits de tel ou tel étalon, tenter de trouver un très bon cheval, etc.
“J’ai mis le site en vente la semaine dernière”
Comment est née votre Tournée des grêlons?
Elle est née à la suite d’un pari! J’étais au siège de la Fédération française d’équitation. S’y tenait une réunion de cavaliers où j’ai entendu plusieurs d’entre expliquer qu’ils allaient disputer la Tournée du soleil (le Sunshine Tour, à Vejer de la Frontera, ndlr). Ce format de compétition (que l’on retrouve aussi à Oliva, Valence, Arezzo, San Giovani, Gorla Minore et Vilamoura, ndlr) n’en était alors qu’à ses débuts. Comme une boutade, j’ai dit que j’allais organiser de mon côté la Tournée des grêlons. J’ai été le premier en France à proposer ainsi deux ou trois week-ends de concours de ce niveau à la suite. Il y avait peu de sites capables d’accueillir ce type d’événements à l’époque. Aujourd’hui, cela s’est davantage développé. Cela fait désormais vingt ans que la Tournée des grêlons existe, et la qualité des terrains d’Auvers attire toujours autant les très bons cavaliers.
Et aujourd’hui, le site du concours est mis en vente, n’est-ce pas?
Oui! Il y a un peu plus de deux ans, la Communauté de communes de la Baie du Cotentin ainsi que la ville de Carentan-les-Marais (dont fait partie Auvers, ndlr) semblaient intéressées pour racheter la structure, mais depuis la pandémie de Covid-19, toutes les collectivités connaissent des problèmes de financement. Elles ont donc abandonné le projet, et j’ai officiellement mis le site en vente auprès de la Société d’aménagement foncier et d’établissement rural (SAFER) la semaine dernière.
Quelles infrastructures sont-elles précisément à vendre?
Il y a trois carrières en sable qui représentent, en tout, une surface de plus de 2,5 hectares. Un immense parking, deux cents boxes, un manège de 85 x 20m ainsi qu’une habitation datant du XIVe siècle font également partie de la structure que j’ai mise en vente.
Cette vente signifie-t-elle que vous prenez votre retraite?
Oui et non. Je vais déjà poursuivre mon activité jusqu’à ce que le site soit vendu. Ensuite, si un acheteur se présente, je suis tout à fait disposé à l’aider pendant un ou deux ans. Je ne veux pas subitement abandonner tout cela. Je vais essayer de rester dans le coup! Je resterai par ailleurs impliqué dans les ventes NASH (organisées chaque automne à Saint-Lô et qui fêteront leur vingt-huitième édition en 2023, ndlr), car cela me demande moins de travail que d’organiser des concours.