Marcus Ehning et Prêt à Tout irradient le CHI de Genève

Marcus Ehning a remporté le Grand Prix du CSI 5* de Genève, cet après-midi à Palexpo. Associé au Selle Français Prêt à Tout, déjà vainqueur à Aix-la-Chapelle, l’Allemand s’est adjugé une deuxième étape du Grand Chelem réunissant les épreuves majeures des CSIO 5* d’Aix et Calgary et des CSI 5* de Bois-le-Duc et Genève. Au terme d’un beau barrage, le centaure a devancé le Suisse Steve Guerdat, deuxième sur Albführen’s Bianca, et l’Irlandais Darragh Kenny, troisième avec Balou du Reventon. Seul Français présent au barrage, Nicolas Delmotte a terminé onzième avec Ilex VP.



© Scoopdyga

Quel tracé, quelle vista, quelle maîtrise équestre! Ce n’est ni la première, ni sûrement la dernière fois que Marcus Ehning fait étalage d’une telle perfection en piste, mais il y a tout de même de quoi être admiratif devant une telle performance, accomplie sur des parcours aussi techniques et avec un cheval certes doté de toutes les qualités nécessaires pour briller en CSI 5*, mais sûrement pas le plus talentueux du circuit. Tant mieux pour le Stud-book Selle Français, qui s’est trouvé en ce bien nommé Prêt à Tout un nouveau grand ambassadeur. Déjà vainqueur de la Coupe des nations et de l’incroyable Grand Prix du CSIO 5* d’Aix-la-Chapelle cet été, puis quinzième des Jeux équestres mondiaux de Tryon, où on l’avait vu fléchir en finale individuelle, le fils d’Hiram Chambertin et d’une mère par Stew Boy a conclu son année 2018 en apothéose, en remportant cet après-midi le magnifique Grand Prix du CHI de Genève.
 
Les deux premières saisons de ce couple associé depuis début 2016 s’étaient déjà avérées particulièrement prolifiques, avec des victoires dans la finale mondiale des Coupes des nations Longines, le Grand Prix CSI 4* de Münster et le Longines Global Champions Tour de Madrid en 2016 et déjà la Coupe des nations d’Aix en 2017. Auparavant, le cheval né à cent cinquante kilomètres à l’ouest de Genève, chez Bernard et Bruno Louchet, à Denicé dans le Rhône, avait déjà procuré beaucoup de bonheur à la jeune Germano-Suisse Kaya Lüthi, qui file aujourd’hui le parfait amour avec Johannes, le frère de Marcus!

Le centaure n’a pas manqué de le rappeler, remerciant également sa propriétaire suisse Ruth Krech et saluant évidemment les qualités de son atypique alezan. “Prêt à tout n’est peut-être pas le cheval le plus classique du circuit mais il est extrêmement intelligent et expérimenté. Franchement, il est incroyable. Au tour initial comme au barrage, je peux facilement ajuster mes contrats des foulées. Il est vrai que j’ai monté peu de Selle Français dans ma carrière mais, à vrai dire, je me moque un peu du pays où sont nés mes chevaux. J’essaie simplement de trouver les meilleurs et de tirer profit de toutes leurs qualités.”


Un sur quatre pour les Bleus

Nicolas Delmotte et Ilex VP se sont classés onzièmes de cette épreuve de prestige.

Nicolas Delmotte et Ilex VP se sont classés onzièmes de cette épreuve de prestige.

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Quarante couples ont pris part à ce Grand Prix de prestige, cet après-midi à Palexpo. Ayant conçu un parcours moins expérimental que celui de l’an passé mais toujours aussi technique et délicat, le Suisse Gérard Lachat et le Néerlandais Louis Konickx espéraient obtenir un lot de huit à douze barragistes. Et il y en a eu onze - bien joué! L’excellent public suisse aurait sûrement aimé y voir les championnes du monde Simone Blum et DSP Alice, mais l’Allemande est rentrée trop fort dans le double formé par un oxer et un haut vertical à palanque placés en 4. Il aurait aussi aimé revoir Pedro Veniss et le génial Quabri de l’Isle, vainqueurs ici en 2016, mais le Brésilien a fauté dès le vertical 1 puis sur l’oxer 10. Il aurait adoré vibrer pour ses vice-champions du monde, Martin Fuchs et Clooney 51, qui ont concédé une bête faute sur l’oxer 2. Le 4b est aussi tombé au passage de l’Américain McLain Ward et de l’indescriptible Clinta, champions du monde par équipes, tandis que leurs coéquipières Laura Kraut et Zeremonie ont loupé de peu le coche sur le vertical 12. Ajoutons encore que le 10 a privé de barrage Daniel Deusser et Calisto Blue, vainqueurs jeudi de la première épreuve majeure du concours.
 
Côté français, même si ce n’est passé que pour un grand Nicolas Delmotte, qui a méticuleusement préparé chaque saut avec Ilex VP, on retiendra le très prometteur parcours de Kevin Staut sur sa récente recrue Edesa’s Cannary, pénalisé uniquement sur le dernier vertical très haut et étroit du tour initial. Après une très bonne entame, Pénélope Leprevost n’est pas parvenue à bien gérer l’oxer 7, garni de petits sapins blancs. Dans l’incapacité d’aborder sereinement le triple, la Normande a préféré en rester là avec Vancouver de Lanlore. Plus tard, Simon Delestre a concédé trois fautes avec Hermès Ryan des Hayettes. Malgré une bonne qualité de saut, le petit alezan a buté sur l’oxer 4a d’entrée du double, obstacle qu’il a été le seul à faucher, tout comme l’oxer 8b placé au milieu du double, avant de renverser l’oxer 10.


Une belle sortie pour Ursula XII et Steve Guerdat toujours là!

Vainqueur de la finale du Top Ten avec Alamo et deuxième du Grand Prix sur sa Bianca, Steve Guerdat a encore été épatant dans son jardin de Palexpo.

Vainqueur de la finale du Top Ten avec Alamo et deuxième du Grand Prix sur sa Bianca, Steve Guerdat a encore été épatant dans son jardin de Palexpo.

© Scoopdyga

Les onze meilleurs couples de cette épreuve se sont affrontés sur un parcours réduit où il y avait surtout deux virages complexes à négocier et un choix de foulées à faire entre les deux premiers obstacles. On en a compté dix pour Scott Brash, qui a eu le délicat honneur d’ouvrir les hostilités avec l’inépuisable Ursula XII. Avec celle qui sautait ici le dernier Grand Prix de sa belle carrière, l’Écossais semblait bien parti pour écraser la concurrence, mais il a fauté sur l’oxer 16, quatrième difficulté de l’exercice, et a dû se sustenter de la sixième place. Pour Nicolas Delmotte, l’espoir s’est éteint dès le deuxième obstacle, et son chrono ne lui a donné que la onzième place.
 
Le premier sans-faute, plutôt assuré, a permis au Néerlandais Harrie Smolders, en lutte avec Steve Guerdat pour conserver sa place de numéro un mondial, de se classer cinquième avec l’impeccable Don VHP. Parti sur le même rythme que son compatriote Scott Brash, Ben Maher a fauché le vertical 8a, entrée du triple réduit en double, terminant septième sur Explosion W. Il était temps pour Marcus Ehning d’offrir un cours d’équitation à ses adversaires. S’il n’a pas tenté la première ligne en dix foulées, il a gagné la partie grâce à deux virages au cordeau et à la classe de galop de Prêt à Tout. Magnifique.
 
Le Belge Nicola Philippaerts a bien tenté sa chance avec H&M Chilli Willi, vainqueur cette année du LGCT de Chantilly, mais n’a pu empêcher une faute sur l’oxer 8b qui l’a relégué à la huitième place. Éternel chouchou du public, Steve Guerdat avait bien envie de lui offrir une quatrième victoire dans ce Grand Prix. Lui aussi est resté en onze foulées, avant de dessiner de beaux virages avec l’extraterrestre Albführen’s Bianca, mais il lui a manqué un coup de folie pour chiper la pole position au maître allemand. Vainqueur de la finale du Top Ten vendredi soir et deuxième cet après-midi, il s'est dit ravi de son week-end, qui pourrait le hisser au sommet du classement mondial en janvier 2019.
 
Kent Farrington, tenant du titre avec la très vive Gazelle, était bien parti le conserver, mais sa partenaire a hélas glissé dans le virage entre l’oxer 2 et le vertical 3, qu’elle a renversé, faisant reculer l’Américain au neuvième rang. Le Suédois Peder Fredricson, champion d’Europe en titre, a également tenté les dix foulées, mais H&M All in de Vinck a si bien répondu à sa demande qu’il s’est retrouvé trop près de l’oxer 2, d’où une faute et la dixième place. Rien à déplorer, en revanche, pour Darragh Kenny et Balou du Reventon. Une performance qui a offert une troisième place bien méritée à ce couple particulièrement efficace. Une demi-seconde moins rapide que l’Irlandais, le Belge Pieter Devos, toujours aussi régulier avec le spectaculaire Espoir, s’est lui faufilé jusqu’au pied du podium.

Marcus a alors pu souffler, lever les bras au ciel et savourer son triomphe, qui lui a rapporté un bonus de 250.000 euros. En mars prochain, il tentera d’en décrocher 500.000 de plus à Bois-le-Duc.
 
Les résultats ici