Le CSIO d’Opglabbeek se poursuit dans une certaine confusion face au spectre de la rhinopneumonie
Les CSIO de Belgique des Jeunes se poursuivent ce week-end à Opglabbeek, mais dans une ambiance particulière. Hier soir, l’annonce de la mort d’un cheval testé positif à la rhinopneumonie (HVE1), qui avait concouru le week-end dernier sur le même site de Sentower Park, a jeté un froid. La Fédération équestre internationale (FEI) a bloqué de sa base de données un peu plus de trente équidés considérés comme cas contacts. Partiellement concernée, la délégation française devrait avoir quitté les lieux d’ici ce soir. Les explications de la FEI, mais aussi de Laurens Meynaerts, directeur général de Sentower Park, et d’Olivier Bost, sélectionneur des Bleuets.
Réapparue cet hiver dans plusieurs pays d’Europe, dont la Belgique et l’Espagne, l’herpèsvirose équine de type 1 (HVE1), virus plus communément nommé rhinopneumonie en France, n’a pas fini de donner des sueurs froides aux cavaliers et propriétaires de chevaux. Dans un communiqué publié hier soir, la Fédération équestre internationale (FEI) a fait part de la mort d’un cheval, testé positif cette semaine et qui avait concouru le week-end passé à Opglabbeek. “Le cheval affecté, qui avait déjà quitté le site, a présenté des signes neurologiques de l’HVE1 à son retour à la maison, signes qui ont été confirmés par un test positif. Le cheval est malheureusement mort ce 31 mars 2023, et la FEI enquête sur les circonstances de sa mort”, a notamment déclaré l’organisation faîtière de sports équestres.
Laurens Meynaerts, directeur général de Sentower Park, site qui accueille cette semaine les CSIO de Belgique des Jeunes Cavaliers, Juniors, Poneys et Enfants, livre sa version des faits, estimant que la FEI a quelque peu surréagi. “Quand il est reparti vers son écurie belge, dimanche dernier, ce cheval semblait en parfait état de santé et ne présentait pas de fièvre. Dans la semaine, nous avons appris qu’il était tombé malade et qu’un autre cheval présent le week-end dernier dans cette section de nos écuries avait été testé positif. Dès lors, nous avons décidé de faire à nouveau tout désinfecter à fond. Et nous avons fait tester les chevaux hébergés juste à côté de celui qui est tombé malade. Tous ces tests ont été négatifs, et ces chevaux, rentrés chez eux, vont bien et ne présentent pas de fièvre. Par précaution, nous en avons informé la FEI… qui s’est mise à paniquer, sans raison, jusqu’à la publication du communiqué d’hier soir, qui comporte selon moi des informations incorrectes, laissant penser qu’il y a des chevaux malades chez nous, à Opglabbeek, alors que ce n’est absolument pas le cas. D’ailleurs, notre concours se poursuit tout à fait normalement jusqu’à demain, comme prévu.”
“Il n’y a aucun risque pour les chevaux concourant à Opglabbeek”, Laurens Meynaerts
Par mesure de précaution, la FEI a également bloqué dans sa base de données sportives plus de trente chevaux“considérés comme ayant été en contact avec le cheval affecté (stabulation dans la même zone d’écurie depuis le 22 mars). Cela inclut tous les chevaux qui ont déjà quitté le site. Les personnes responsables (PR) ont toutes été informées, ainsi que leurs fédérations nationales respectives et les vétérinaires en chef nationaux (VCN). Tous les chevaux bloqués ont été isolés et ne pourront participer à aucune manifestation FEI tant qu’ils n’auront pas satisfait à certaines exigences sanitaires imposées afin de minimiser toute transmission potentielle du virus, tant aux autres chevaux de leur écurie qu’à l’ensemble de la population équine. Ces mesures obligatoires de biosécurité comprennent l’isolement pendant au moins vingt et un jours, la prise de température rectale deux fois par jour et la réalisation de tests de laboratoire pour l’HVE1. La levée de l’isolement ne peut se faire que sur avis d’un vétérinaire. Pour être ‘débloqués’ et avoir accès aux manifestations FEI, les chevaux devront se conformer à tous les protocoles de retour à la compétition et voir la restriction levée par le département vétérinaire de la FEI.”
Cette mesure administrative concerne non seulement des équidés présents sous la tente du cheval mort la semaine dernière, mais aussi des concurrents du CSIO des Jeunes, arrivés sur place cette semaine. “Cette décision me semble disproportionnée”, reprend Laurens Meynaerts. “Nous avons tout fait désinfecter avec la plus grande attention, et les chevaux arrivés cette semaine n’ont pas été mélangés avec ceux qui ont concouru ici le week-end dernier. Je comprends le principe de précaution, mais cette mesure ne fait aucun sens à mes yeux. Les chevaux concernés ont été autorisés à voyager et rentrer chez eux. Ils pourront reprendre la compétition sur la foi de deux tests négatifs dans les trois semaines à venir. Selon moi, la FEI a surréagi. Et je le redis, il n’y a aucun risque pour les chevaux concourant à Opglabbeek.”
“Naturellement, une forme de psychose a gagné tous nos autres cavaliers”, Olivier Bost
Parmi les chevaux bloqués figurent certains montés par des Enfants et Jeunes Cavaliers français, ce que confirme Olivier Bost, sélectionneur national des équipes de France Jeunes, annonçant que la délégation tricolore devrait avoir quitté Sentower Park d’ici ce soir. “Hier, les organisateurs ont réuni les chefs d’équipe pour nous informer de la situation. Tous les chevaux présents dans le barn où le cheval malade avait séjourné le week-end dernier ont été autorisés à partir. À la suite de cela, nous avons organisé une conférence téléphonique avec tous nos cavaliers dont les chevaux étaient hébergés dans cette tente et leur avons demandé de suivre scrupuleusement le protocole de la FEI, de bien surveiller l’état de santé de leurs chevaux une fois de retour chez eux, et de ne surtout prendre aucun risque de contamination. Ils sont partis dès hier soir. Naturellement, une forme de psychose a gagné tous nos autres cavaliers. La plupart de ceux restés sur place vont repartir dès ce soir. D’autres délégations ont choisi de rester, et il faut le respecter, mais nous préférons appliquer le principe de précaution.”
“Nous sommes reconnaissants envers la communauté pour sa vigilance en matière de biosécurité et nous réitérons une fois de plus l’importance des exigences en matière de santé équine et la nécessité de satisfaire ces exigences via la FEI HorseApp afin d’assurer une sécurité maximale à tous les chevaux participant à des événements internationaux”, conclut la FEI. “Toutes les informations relatives aux exigences sanitaires des chevaux sont disponibles sur notre site dédié.” Hélas, la maison-mère des sports équestres n’appelle toujours pas les détenteurs d’équidés à les vacciner contre cette maladie, alors même que le vaccin, rendu obligatoire dans le monde des courses et par la Société hippique française sur ces circuits de formation et valorisation, en limite drastiquement la mortalité…