Cinq choses à retenir de la Chasse de la finale de la Coupe du monde Longines d’Omaha
La quarante-troisième finale de la Coupe du monde de jumping s’est ouverte cette nuit à Omaha, aux États-Unis, par l’épreuve de Chasse. Alors que les doubles champions du monde en titre, Henrik von Eckermann et King Edward Ress, se sont idéalement portés en tête de peloton et que plusieurs favoris ont souffert, cette première épreuve contre la montre a réservé un scénario des plus excitants. Réussite du chef de piste, écarts très serrés, performance surprise d’Aaron Vale et étalons disputant le statut du père le plus représenté: voici cinq choses à retenir de ce premier acte.
Un parcours savamment construit par Bernardo Costa Cabral
Assisté notamment de l’Irlandais Alan Wade, constructeur des épreuves de jumping aux Jeux équestres mondiaux américains de Tryon en 2018, Bernardo Costa Cabral a proposé un parcours idéal pour cette épreuve d’ouverture de la finale de la Coupe du monde Longines de saut d’obstacles, à Omaha. Le chef de piste portugais, formé auprès de son mentor britannique Bob Ellis, a soumis aux quarante couples engagés une construction juste, délicate et équilibrée. S’il n’y a pas eu de véritable juge de paix, les combinaisons, notamment les deux derniers doubles placés en 10 et 11, ont occasionné la majorité des fautes (voir graphique), tandis que le vertical 2 et l’oxer sur bidet 8 ont causé un refus chacun. Surtout, malgré l’hétérogénéité des couples engagés, mêlant à la fois des têtes de série européennes et américaines et des nouveaux visages venus d’outre-Atlantique, du Moyen-Orient, d’Europe de l’Est et d’Océanie, il n’a donné lieu à aucun accident. Une belle entame pour le quadragénaire, qui officie en tant que chef de piste principal pour la première fois dans un grand championnat.
Les quatre premiers cavaliers dans la même seconde
Si cette première étape a été dominée, sans surprise, par Henrik von Eckermann et King Edward Ress, les doubles champions du monde ont fait face à une féroce concurrence. En effet, l’Écossais Scott Brash avec Hello Jefferson (ex-Jerenmias van het Hulstenhof), l’Allemand Daniel Deusser avec Scuderia 1918 Tobago et le Suisse Pius Schwizer avec Vancouver de Lanlore se tiennent dans la même seconde qu’eux. Ils ont respectivement bouclé leur parcours en 59’’23, 5’’45 et 59’’55, tandis que les leaders ont franchi la ligne d’arrivée en 59’’09. À titre de comparaison, lors de la dernière finale, début avril 2022 à Leipzig, le premier et le quatrième duo de la Chasse étaient séparés de 2’’37. Voilà qui promet pour les épreuves suivantes. Pour rappel toutefois, le classement général ne tient pas compte des écarts chronométriques entre les cavaliers, mais du rang de chacun. Ainsi, quarante et un points ont été accordés à Henrik, trente-neuf à Scott, trente-huit à Daniel, etc. Tout est expliqué en détails ici.
Des favoris passent à côté… et des outsiders font bonne impression
Alors que des cavaliers plutôt considérés comme favoris, ou au moins pressentis pour un accessit, ont failli, comme les jeunes Gerrit Nieberg et Édouard Schmitz, d’autres cavaliers moins célèbres ont créé de belles surprises. En dehors de la Suédoise Wilma Hellström, que l’on ne peut plus vraiment qualifier d’inconnue depuis cet hiver et qui a pris une prometteuse cinquième place avec Cicci BJN, cela a notamment été le cas d’Aaron Vale. Dixième, deux rangs derrière sa compatriote Hunter Holloway, qui avait déjà terminé seizième l’an dernier à Leipzig avec sa même Pepita con Spita, l’Américain a concédé une faute avec Prescott mais a signé un excellent chronomètre. Avec 58’’68, le pilote de cinquante-quatre ans et son fils de Lordanos de onze ans ont même été les plus rapides de l’épreuve!
Marcus Ehning et Nicholas Dello Joio plus vraiment en passe d’écrire l’histoire!
Alors que l’un et l’autre pouvaient écrire de belles histoires lors de cette finale, Marcus Ehning et Nicholas Dello Joio ont bien mal entamé leur championnat… Le premier, maître allemand reconnu de tous, notamment pour sa capacité à prendre de la vitesse sans en avoir l’air, participe à sa vingtième finale de la Coupe du monde. Recordman du nombre de victoires, à égalité avec le Suisse Steve Guerdat, le Brésilien Rodrigo Pessoa, l’Autrichien Hugo Simon et sa compatriote Meredith Michaels-Beerbaum, le Centaure espérait probablement bien se lancer pour entretenir l’espoir de remporter sa quatrième finale indoor. Hélas, Priam du Roset, fier descendant de son ancien crack Plot Blue, a écopé d’une faute et d’un chronomètre relativement normal, terminant vingt-septième. De son côté, l’Américain Nicholas Dello Joio aurait pu poursuivre l’œuvre de son père Norman, ancien membre de l’équipe étasunienne et vainqueur de ce championnat en 1983 avec I Love You. Vingt-huitième de cette Chasse, le cavalier de Cornet’s Cambridge a concédé deux fautes, abandonnant tout espoir de victoire.
Plot Blue et Toulon se distinguent
Ancien complice emblématique de Marcus Ehning, s’étant lui-même illustré en finale de la Coupe du monde, en 2010 à Genève, Plot Blue est l’étalon le plus représenté de cette édition 2023, à égalité avec Toulon, qui a évolué au plus haut niveau avec le regretté Hubert Bourdy. Brutalement disparu en 2019 à l’âge de vingt-deux ans, Plot Blue compte trois produits engagés: Priam du Roset, partenaire de Marcus Ehning, Messi van’t Ruytershof, cheval de tête de l’Allemande Janne Friederike Meyer-Zimmermann, et Fiumicino van de Kalevallei, qui accompagne le Néerlandais Jur Vrieling. Toulon, lui, est représenté par Vancouver de Lanlore, Acota M et Visconti du Telman, respectivement associés au Suisse Pius Schwizer, à l’Américaine Natalie Dean et au Normand Kevin Staut.