“Construire les parcours de cette finale ne doit pas être facile car il y a deux lots de cavaliers”, Olivier Robert
Après avoir déjà livré ses premières impressions et pronostics hier soir, à quelques heures du coup d’envoi de la quarante-troisième édition de la finale de la Coupe du monde Longines, Olivier Robert revient ici sur la Chasse qui s’est tenue cette nuit. Lui qui avait foulé cette même piste d’Omaha, en 2017, à l’occasion de sa première finale indoor, se dit naturellement “impressionné par la performance de Henrik von Eckermann et King Edward”, et espère que ses coéquipiers Kevin Staut et Julien Épaillard auront l’occasion de remonter au classement général.
Quelle impression vous a laissé cette Chasse, épreuve d’ouverture de la finale de la Coupe du monde d’Omaha?
J’ai eu honnêtement un peu peur en voyant les trois premiers partants, c’est-à-dire Denis Lynch, Yuri Mansur et Richard Vogel, et j’ai vraiment eu l’impression que le parcours était raté. Il avait l’air plat, vraiment pas intéressant, et finalement il a donné lieu à du beau sport! Quelques partants plus tard, il est devenu plus palpitant, et les couples se succédaient en tête du classement. Cela poussait les cavaliers à la faute, notamment dans la dernière ligne (voir statistiques ici, ndlr), qui demandait beaucoup de sérénité et de maîtrise. Par exemple, on ne s’attendait pas à voir Martin Fuchs commettre deux fautes dans la précipitation avec un cheval comme Leone Jei… Voyant les partants précédents, il s’est sûrement dit qu’il devait prendre pas mal de risques, ce qui était obligatoire vu le déroulement de l'épreuve. Il manquait peut-être une option dans le tracé, qui aurait poussé encore davantage les cavaliers à prendre des risques. Je dois dire que cela ne doit pas être facile de construire les parcours de cette finale car il y a vraiment deux lots de cavaliers: les meilleurs, et les autres, qui n’étaient pas du tout dans le coup. L’épreuve d’hier n’était pourtant pas très difficile, mais certains ont accumulé de très gros scores…
Connaissiez-vous déjà Bernardo Costa Crabal, qui officie pour la première fois en tant que chef de piste principal dans un grand championnat?
Oui, je le connais très bien car il travaille souvent au CSI 5*-W de Londres, à l’Olympia (il y a notamment été nommé comme chef de piste principal en 2018 et 2022, ndlr). Il est très ami avec Bob Ellis (qui a été son mentor, ndlr), et je crois d’ailleurs qu'il l’avait assisté aux Jeux olympiques de Londres, en 2012. Aussi, Jeanne Gonin, directrice du Jumping international de Bourg-en-Bresse, avait fait appel à lui l’an dernier, et elle n’avait reçu que des retours positifs! Je pense que ses prochains parcours risquent d’être aussi réussis.
“Quant à Julien, on est évidement déçu car il fait partie des favoris pour cette finale”
Avez-vous été surpris par le tiercé de tête?
Henrik von Eckermann… N’en parlons même pas (rires)! Son affaire est vraiment très au point et son cheval est incroyable. Leur pole position n’est absolument pas surprenante. Scott Brash avait lui bien préparé son affaire avec Hello Jefferson (ex-Jerenmias van het Hulstenhof), qui était très frais et prêt. Il avait déjà très bien sauté au CHI de Bois-le-Duc. Quant à Daniel Deusser, son cheval, Scuderia 1918 Tobago, avait semblé un peu moins en forme à ses deux derniers concours. À Bois-le-Duc, il avait quasiment pédalé dans le triple… Peut-être que cela était dû au fait que Daniel avait passé quelques semaines en Floride et avait besoin de retrouver les boutons avec lui. En tout cas, hier soir, ils ont été au top!
J’avais un bon pressentiment pour Pius Schwizer, qui forme, il faut le dire, un magnifique couple avec Vancouver de Lanlore (ancien complice olympique de Pénélope Leprevost, ndlr). Je les vois bien aller au bout! Je pense qu’il faudra aussi suivre Wilma Hellström et Andreas Schou, qui ont créé de belles surprises, et Harrie Smolders, qui est indiscutablement l’un des favoris. En revanche, on ne s’attendait pas aux contre-performances de l’Allemand Gerrit Nieberg et du Suisse Édouard Schmitz… C’est vrai. Gerrit Nieberg a eu un parcours étonnant. Son cheval (Blues d’Aveline CH, ndlr) n’était visiblement pas là… J’étais malheureux pour lui car je m’entends très bien avec lui; c’est un cavalier extraordinaire et d’une famille fantastique! C’est dommage car il a survolé l’année 2022, notamment sur le circuit de la Coupe du monde. C’est la dure loi du sport, qui a aussi frappé Édouard Schmitz, qui est aussi passé à côté…
Qu’avez-vous pensé de la performance des deux Français engagés, Kevin Staut et Julien Épaillard?
Kevin est bien placé, figurant au quatorzième rang. Son parcours était de l’orfèvrerie. On n’a vraiment pas vu la faute sur le dernier double venir (sur un vertical surmonté d’une palanque, ndlr), parce que sa prestation avec Visconti du Telman était très fluide. Kevin a opéré une prise de risques contrôlée. D’ailleurs, je me souviens que lors d’un stage de préparation pour les championnats d’Europe, Kevin et Visconti avaient beaucoup travaillé sur la palanque.
Quant à Julien, on est évidement déçu car il fait partie des favoris pour cette finale. Quand j’ai vu sa faute, nous ne savions pas que Donatello d’Auge avait eu un problème au paddock (où un autre cheval lui aurait foncé dedans, ndlr) et en était encore secoué. Je pense qu’il a voulu prendre un peu de risques pour essayer d’effacer cette faute, et cela a causé une deuxième faute… Pour autant, l’important pour Julien était avant tout de donner de l’expérience à Donatello cette semaine, et peut-être qu’il parviendra à remonter dans le classement… L’épreuve de ce soir devrait être fabuleuse et rebattre les cartes!