Marcel Rozier nommé entraîneur national de l’équipe de Chine
Marcel Rozier ne semble toujours pas prêt à faire valoir ses droits à la retraite. À quatre-vingt-sept ans, le champion olympique de 1976 a accepté de relever un nouveau défi, dont on se gardera bien d’affirmer que c’est le dernier: prendre en charge l’entraînement des cavaliers de l’équipe nationale de Chine, qui visent une participation aux Jeux olympiques de Paris 2024. Rendez-vous est pris pour la Coupe des nations qualificatives de Valkenswaard, le 18 juillet. D’ici là, tout ce petit monde se prépare à Bois-le-Roi, sous les conseils du vieux maître.
Promis, c’est tout sauf un poisson d’avril en retard! Marcel Rozier, éternel jeune homme de quatre-vingt-sept ans, qu’il a fêtés le 22 mars, vient d’accepter le poste d’entraîneur national de l’équipe de Chine de saut d’obstacles. Sacré champion olympique par équipes en 1976 à Montréal avec Bayard de Maupas, après avoir été médaillé d’argent par équipes en 1968 à Mexico sur Quo Vadis, médaillé de bronze aux Européens de Munich en 1975 sur Bayard, et vainqueur d’un nombre incalculable de Grands Prix, dont celui d’Aix-la-Chapelle en 1971 avec Sans Souci, l’homme de Bois-le-Roi a aussi entraîné avec succès l’équipe de France, sacrée championne du monde en 1982 à Dublin et médaillée d’argent en 1986 à Aix, ainsi que celles d’Italie et des Émirats arabes unis notamment. Ces dernières années, il a accompagné l’ascension fulgurante d’Abdelkebir Ouaddar, le cavalier du roi Mohammed VI, premier Marocain à participer aux JO en jumping, en 2016 à Rio de Janeiro avec l’inoubliable étalon Quickly de Kreisker. Depuis fin 2021, cette collaboration a d’ailleurs repris, avec pour objectif d’obtenir un ticket individuel pour les JO de Paris 2024.
Depuis quelques jours, Kebir, qui dispose d’un barn à ses couleurs à Bois-le-Roi, partage les installations du haras des Grands Champs avec deux cavaliers chinois, qui aimeraient eux aussi pouvoir vivre les Jeux de Paris. Li Yaofeng, vingt-six ans, et de Zhang Xingjia, vingt-quatre ans, associés pour le moment à trois chevaux, se sont installés en Seine-et-Marne pour un stage de six mois. Si l’un d’entre eux ou les deux se qualifient pour les JO, leur entraînement et leur suivi en concours se poursuivra jusqu’à cette échéance, sous la houlette de l’octogénaire. Jeunes, ils ont tous deux déjà participé aux JO de Tokyo en 2021 et ont une quinzaine d’années d’expérience équestre. D’ailleurs, le père de Zhang Xingjia possède un haras dont l’élevage produit des chevaux de sport au pays.
Lionel Chen, président de l’Association pour le développement de la nouvelle route de la soie, accompagné d’un représentant du gouvernement chinois, a été désigné pour coordonner l’organisation de l’entraînement des cavaliers et des chevaux jusqu’à la fin de l’été. Parmi les divers professionnels européens volontaires pour endosser cette mission, il a choisi Marcel Rozier pour son expérience et ses compétences mondialement reconnues, ainsi que pour la qualité des installations de Bois-le-Roi, idéalement situées, qui plus est, à moins de soixante-dix kilomètres au sud-est du fond des jardins du château de Versailles, théâtre des épreuves équestres de Paris 2024.
Pour l’Asie et l’Océanie, les qualifications en équipes se joueront le 18 juillet à Valkenswaard, aux Pays-Bas, sur l’immense piste en herbe de Jan Tops, un autre géant de l’industrie équestre que Marcel Rozier a vu débuter et devenir ce qu’il est. Deux places seront mises en jeu, et elles seront chères, car également visées par l’Australie, la Nouvelle-Zélande, le Japon, Hong Kong, Taïwan et d’autres nations asiatiques plus modestes. Si cela ne passe pas par équipes, la Chine pourra encore espérer obtenir une ou deux places individuelles.
Lors de l’installation de ses deux nouveaux élèves, autour de la table basse-musée où sont exposés tous ses trophées et médailles, Marcel Rozier, bon pied, bon œil, s’est dit honoré de ce nouveau challenge professionnel, dont on se gardera bien d’affirmer qu’il s’agit du dernier! “Franchement, j’aime les défis, et celui-ci s’annonce passionnant. Je dois dire que j’aime l’équitation dont ils ont fait montre à Tokyo. En revanche, le temps nous est compté.” Face à lui, des cavaliers aux yeux admiratifs. “C’est une opportunité extraordinaire pour nous. Nous avons vécu de bons moments en Belgique, où nous étions précédemment installés, mais travailler avec Marcel Rozier, champion olympique et père de Philippe, lui-même champion olympique, n’a pas de prix”, s’est Li exprimé Yaofeng, avec l’aide d’un interprète.
Le week-end dernier, Marcel Rozier a choisi le CSI 2* de Cluny pour lancer en France Yaofeng et Xingjia, associés à Jericho Dwerse Hagen (BWP, Vertigo Saint Benoît x Clinton II), partenaire du premier à Tokyo, Porsche van de Bisschop (BWP, Cornet Obolensky x Diamant de Semilly) et Cevrine du Banney (Z, Chippendale x Papyrus de Chivré), ancienne monture d’Edward Levy, avec le second. “Ce concours m’a permis d’évaluer le chemin restant à parcourir jusqu’aux épreuves qualificatives”, dit Marcel Rozier. “Et il reste beaucoup de travail, tant pour les chevaux que les cavaliers, afin d’atteindre un niveau compétitif le jour J.” Outre les deux déjà nommés, huit autres cavaliers viendront régulièrement en stage quelques jours par moi.
La Chine compte actuellement quelque trois mille structures équestres. Le gouvernement entend développer et démocratiser la pratique de l’équitation, dans un pays où ce sport coûte encore très cher. Afin de mieux le faire connaître en Chine, Lionel Chen entend créer un site internet dédié à la famille Rozier et aux deux jeunes cavaliers désormais établis à Bois-le-Roi.