Jessica von Bredow-Werndl reste sur le toit du monde à Omaha, où le duel germano-danois continue

“Je sais que ce que je vis actuellement, avec cette jument qui donne le meilleur d’elle-même à chaque fois qu’elle entre en piste, n’est pas quelque chose de normal”, s’est émue Jessica von Bredow-Werndl quelques minutes après avoir décroché sa seconde finale de la Coupe du monde aux rênes de l'extraordinaire Dalera BB. Après un Grand Prix où la fille d’Easy Game avait semblé assez inquiète face à l’ambiance de l’arène d’Omaha, toutes deux ont retrouvé leurs repères dans la Libre, où elles ont dépassé les 90% pour la neuvième fois de leur carrière internationale en obtenant la superbe note de 90,482%. Les deux complcies ont non seulement brillé dans les airs relevés, leur éternel point fort, en produisant notamment un dernier enchaînement d’appuyers au passage et de piaffers marqué par une harmonie quasi parfaite, mais elles n’ont, en plus, rien laissé au hasard dans le reste de leur présentation. Le seul véritable point faible de leur reprise, accompagnée par diverses musiques d’Edith Piaf, a résidé dans le pas rassemblé, noté à 5,4 de moyenne.

“Aujourd’hui, Dalera m’a fait confiance à 100 % malgré l’atmosphère impressionnante. J’ai senti cela dès la première foulée de notre reprise, et comme nous sommes le miroir l’une de l’autre, j’étais moi aussi en confiance”, a déclaré la double championne olympique, quadruple championne d’Europe et championne du monde par équipes, qui disputait à Omaha sa première grande échéance depuis la naissance de sa fille, Ella, à qui elle a donné naissance le 11 août dernier. “Ma jument m’aime autant que je l’aime, et j’apprécie autant galoper dans la forêt que réaliser un piaffer avec elle. Elle est si spéciale!” 

Nanna Skodborg Merrald en leader du dressage scandinave

Si les tribunes n’étaient pas pleines, le public, tout de même venu en nombre dans le Nebraska pour assister à la finale du seul championnat mondial de dressage de l’année, a pu assister à la poursuite d’un duel germano-danois qui dure depuis maintenant un certain nombre de mois. Il avait été véritablement lancé lors du CHIO d’Aix-la-Chapelle, au début de l’été dernier, où les Scandinaves s’étaient imposés dans la Coupe des nations au nez et à la barbe de la nation hôte et où Cathrine Dufour avait remporté les cinq épreuves de niveau Grand Tour au programme. Il s’est poursuivi lors des championnats du monde, où les Danois ont remporté l’or et les Allemands, le bronze, la Grande-Bretagne, absente de cette finale de la Coupe du monde, s’étant immiscée entre les deux pays. Aujourd’hui, à Omaha, si la cheffe de file du dressage germanique, en congé maternité lors des deux confrontations majeures précédentes avec les représentants du drapeau rouge à la croix blanche, a réussi à s’imposer, c’est bien une Danoise qui est montée sur la deuxième marche du podium! Ainsi, avec son Blue Hors Zepter, qu’elle ne monte que depuis quelques mois, Nanna Skodborg Merrald a réussi à faire reculer la cavalière la plus titrée de tous les temps, Isabell Werth. 

Dernière à passer dans l’épreuve, Nanna Merrald a récolté le meilleur score de sa carrière en atteignant les 87,146%. Son hongre de quinze ans, qui avait pris part à la précédente finale du circuit indoor de la Fédération équestre internationale avec Patrik Kittel, terminant septième, a notamment présenté de très belles pirouettes au galop. Le couple a obtenu des notes allant jusqu’à l’optimal 10 pour l’harmonie qui régnait entre eux, même si l’on aurait parfois aimé que le contact entre la bouche du fils de Zack et la main de sa partenaire soit un peu moins franc. “Il était vraiment à fond, et il a fallu que je sois très prudente tout au long de ma reprise, mais je suis absolument ravie”, s’est exprimée celle qui s’impose comme leader du dressage danois en l’absence de Cathrine Dufour, qui ne dispose actuellement d’aucun cheval pour concourir en Grand Prix. “Déjà à la détente, j’ai senti que mon cheval était au top de ses capacités. J’ai eu le sentiment que je pourrais lui en demander plus tant il est génial, a poursuivi Nanna Skodborg Merrald. Je pense pouvoir obtenir de meilleurs scores quand je le connaîtrai mieux, car je ne le monte que depuis quatre mois! Il faut aussi que les juges apprennent à le connaître.”

“J’ai chantonné avec ma musique”, Isabell Werth

Jessica von Bredow-Werndl a été chaleureusement félicitée par le public américain et que sa dauphine a même eu le droit a quelques applaudissements durant son dernier piaffer réalisé sur le magnifique air de Con Te Partiro, mais si cette épreuve avait été jugée à l’applaudimètre, Isabell Werth l’aurait assurément emporté sur ses deux concurrentes! Suscitant des murmures d’admiration dans les tribunes lors de ses fameuses transitions piaffer-galop puis galop-piaffer dans la pirouette, qui ont paru si simples aujourd’hui, la cavalière la plus titrée de tous les temps a eu l’impression d’avoir déroulé “la meilleure Libre” de toutes celles qu’elles a présentées aux rênes de Quantaz. Peut-être un peu moins brillant que dans le Grand Prix mercredi, le fils de Quaterback a comme souvent perdu énormément de points dans le pas rassemblé, évalué à 4,7 de moyenne, mais a en revanche séduit le jury avec ses pirouettes à gauche, par exemple. D’ailleurs, non contente de réaliser parfaitement les transitions hors du commun évoquées plus haut, Isabell Werth a également réussi à présenter sans aucune faute majeure son enchaînement composé d’une double pirouette, puis de changements de pied aux deux temps sur la ligne brisée, d’une nouvelle double pirouette, d’une seconde ligne brisée au temp, et enfin d’une dernière pirouette… Chapeau! Récompensée d’une moyenne de 85,761%, deux juges la voyant même devant Nanna Skodborg Merrald, l’Allemande s’est dite “ totalement satisfaite de [s]a prestation. Le public l'a vraiment adorée! Tout était réuni: une présentation sans faute, une vraie prise de risque et une musique parfaitement adaptée. J’ai pris tellement de plaisir durant ma reprise, que j’ai même chantonné avec ma musique (de Bonnie Tyler, ndlr)!”

Les Étasuniens en forme

On sait Steffen Peters capable de performances encore meilleures que celles qu’ils réalisent habituellement lors qu’ils évolue devant son public, et l’Étasunien d’adoption l’a une nouvelle fois prouvé ce soir. Sur une musique aux accents électros, le cavalier de cinquante-huit ans, seul homme engagé dans cette finale de la Coupe du monde de dressage, a obtenu une moyenne de 83,921% avec son Suppenkasper. Il a ainsi ravi les spectateurs présents dans le Nebraska, qui l’ont bruyamment soutenu durant sa reprise, et pris la quatrième place de ce championnat, qu’il avait remporté en 2009 en selle sur Ravel. Globalement, les Américains se sont montrés plutôt en forme cette semaine, malgré l’absence d’Adrienne Lyle et Salvino, leurs leaders aux Mondiaux de Herning l’an passé. Ainsi, les États-Unis étaient le seul pays à disposer de trois représentants dans cette Libre, et outre Steffen Peters, Anna Buffini et Alice Tarjan se sont classées six et neuvième avec Davinia La Douce et Serenade MF. 

Morgan Barbançon dixième

Seule Française engagée à Omaha, Morgan Barbançon Mestre a réalisé une Libre meilleure que n’avait été son Grand Prix en compagnie de Sir Donnerhall II, désormais âgé de dix-sept ans. Avec un score de 74,814%, elle a terminé dixième de sa quatrième finale de la Coupe du monde. “Il était beaucoup plus avec moi aujourd'hui, a-t-elle expliqué à propos de son complice. C’est bien, car je n’aurais pas aimé qu’il reste sur notre performance de mercredi. Cette fois, je l’ai laissé plus libre durant la détente et je lui en ai demandé moins, je voulais juste qu’il s’amuse. Je pense qu’il a besoin de retrouver une routine de concours (le fils de Sandro Hit était resté en Europe durant l’hiver alors que sa cavalière concourait en Floride, ndlr) et j’ai hâte d’entamer la saison extérieure avec lui.”

Résultats complets
Toutes les reprises de la finale de la Coupe du monde son à (re)voir sur ClipMyHorse.tv avec les commentaires de Camille Judet-Chéret