“Les Français ne sont pas moins bons que les autres, ils ont juste moins d’expérience”, Jean Morel

La douzième édition des Internationaux de Dressage de Compiègne, deuxième des six étapes du circuit des Coupes des nations FEI, se déroulera du 4 au 7 mai, au Stade équestre du Grand Parc. Toujours fidèles au rendez-vous, les meilleurs couples mondiaux s’affronteront à l’occasion du CDIO 5* et de sa Coupe des Nations mais aussi lors d‘un CDI 3* et un CDI 1*. L’occasion pour les Tricolores de confirmer leur belle progression de ces derniers mois. Entretien avec Jean Morel, chef d’équipe et sélectionneur de l’équipe de France de dressage en vue des Jeux olympiques 2024. Objectif des Bleus à Compiègne : le podium! 



Après un an passé à la tête de l’équipe de France, quel est votre état des lieux ?  

Il a fallu décomplexer tout le monde, et surtout donner sa chance à chacun. Certains ne sortaient plus pour X raisons, je leur ai dit : “D’abord vous sortez, et après on discute”. Un cheval de Grand Prix, c’est un cheval qui participe à des concours, qui peut en faire un par mois, qui peut encaisser un travail sur l’année. Ils étaient un peu “confort” chez eux à la maison. Aujourd’hui, ils se battent contre les autres. Nous nous apercevons que les Français ne sont pas moins bons que les autres, ils ont juste un peu moins d’expérience. Ils sont bien vus avec une équitation plus légère, plus harmonieuse. C’est ce style qui est aujourd’hui demandé. On le voit au travers de Pauline Basquin, Corentin Pottier, Morgan Barbançon, ou encore Alexandre Ayache. Tous prennent des points grâce à cette jolie équitation. Il y a encore des progrès à faire évidemment, nous ne sommes pas encore champions olympiques mais nous progressons. Nous avons trois ou quatre cavaliers qui émergent, qui commencent à être acceptés dans différents concours et à être mieux considérés. C’est parce qu’ils se sont pris en charge, ils font tous des efforts. C’est un effort en temps mais aussi un effort financier pour eux et leurs propriétaires car, même si nous avons créé des aides parallèles pour tout le monde, ça ne couvre pas tous les frais. Nous sommes avec eux et nous les défendons partout, il leur manquait ce coup de boost. 

Quelle est la suite du programme ? 

  Nous allons entrer dans le vif du sujet avec le CDI 4* du Mans (qui se déroule ce week-end, ndlr) où nous allons commencer à effectuer une sélection. Il y a ensuite le CDI 5* de Fontainebleau (qui se tiendra du 20 au 23 avril à l'occasion du Printemps des sports équestres, ndlr) avec un très bon plateau, et bien évidemment le CDIO 5* de Compiègne. Après, nous irons à Rotterdam, peut-être à Falsterbo et nous essaierons d’aller à Aix-la-Chapelle. Viendront ensuite les championnats d’Europe à Riesenbeck, en Allemagne, du 4 au 10 septembre 2023. Il faut commencer à créer un esprit d’équipe. On sent déjà la pression des Jeux olympiques, ils sont chauds! Mais je veux que cela reste propre, que chacun fasse le maximum pour être qualifié mais que tout reste correct. Ce n’est jamais évident car les Jeux olympiques, ça rend fou! Surtout que nous serons à Versailles et qu’ils ne seront que trois. Avec seulement trois chevaux pour les Jeux, nous n’avons pas de joker. Il faut trois chevaux réguliers et c’est ce que nous recherchons dans l’année à venir. Avec des cavaliers qui ne tremblent pas, des compétiteurs qui savent monter, présenter et dresser. Aujourd’hui, nous savons dresser, nous savons monter, nous devons encore travailler sur la présentation. 

Comment allez-vous aborder le CDI 5* de Compiègne ?  

Nous sommes fiers d’avoir un tel rendez-vous en France. Compiègne est un très beau concours qui est très bien organisé. C’est une chance d’avoir une Coupe des nations en France de ce niveau-là. C’est en plus un concours qui est très convivial. Les aménagements l’ont rendu encore plus beau. Les pistes sont irréprochables, les écuries sont proches et très accessibles. Et puis c’est chez nous! Avec Madame Marini, nous allons essayer de mettre un cheval supplémentaire dans le CDIO 5* et d’autres dans le CDI 3* car il faut aider nos cavaliers et que tout le monde avance dans le même sens. Compiègne, c’est surtout une première Coupe des nations. Par rapport à une épreuve individuelle, la manière de monter est différente. Sportivement, nous espérons y briller. Ce n’est pas évident mais nos cavaliers travaillent pour ça. Ils ont fait des efforts tout l’hiver. Pour la première fois, nous arriverons à Compiègne avec des chevaux déjà dans un esprit de compétition et qui se sont battus ces derniers mois. Nous alignerons notre meilleure équipe! Participer c’est bien, mais nous aimerions bien grimper au classement. Pourquoi pas prendre une petite place sur le podium. L’année dernière, nous l’avions frôlé en étant moins bien, c’est notre objectif.