Une nouvelle Ligue des nations emplie de promesses et de défis

L’ambitieuse réforme de la série des Coupes des nations Longines annoncée par la Fédération équestre internationale, fin avril, a reçu un écho favorable, voire très favorable, de la part des parties prenantes du saut d’obstacles de haut niveau. Pour autant, bien des points doivent être éclaircis avant la publication du règlement de la future Ligue des nations Longines.



La Fédération équestre internationale a peut-être enfin trouvé la parade pour redorer le blason de sa série des Coupes des nations de saut d’obstacles. Après des années passées à défendre et ajuster une formule de moins en moins attractive et adaptée aux réalités sportives et économiques, dès 2024, elle donnera vie à une ambitieuse Ligue des nations, avec le soutien renouvelé de Longines. Restreinte aux dix meilleures nations de la planète, celle-ci comprendra cinq étapes – trois en Europe, une en Amérique et une au Moyen-Orient – et une finale. Cette bonne nouvelle, la maison mère des sports équestres l’a fièrement annoncée le 4 avril, une semaine après une réunion plénière du groupe de travail créé à cet effet, où les propositions, favorablement accueillies par les parties prenantes rassemblées à Lausanne, ont été approuvées par le conseil d’administration de la FEI.

Cette nouvelle formule du glorieux circuit d’épreuves par équipes est le fruit d’un processus consultatif de six mois entamé fin octobre 2022. Compte tenu des sorties successives du circuit des CSIO 5* d’Aix-la-Chapelle, Rome et La Baule, trois des plus prestigieux et populaires du calendrier, de l’émergence de l’Officiel de Belgique, organisé indépendamment par Stephex, tout comme l’illustre Masters de Calgary, au Canada, ou encore de la désertion croissante des grands cavaliers, attirés par des compétitions plus rémunératrices, cette remise en question devenait urgente et indispensable. Main dans la main avec les fédérations nationales concernées par le très haut niveau, le groupe de travail, rassemblant des représentants du comité technique de jumping de la FEI ainsi que des chefs d’équipe, cavaliers, propriétaires, organisateurs et officiels de compétition, s’est finalement accordé sur une perspective prometteuse. “Vu le soutien clair reçu pour revitaliser et réinventer la série à partir de 2024, la FEI s’est chargée de sortir des sentiers battus et de proposer un concept global, facile à comprendre, constituant une vitrine pour les meilleurs terrains de concours et équipes, tout en étant attrayant pour les cavaliers, les fédérations nationales, les organisateurs, les sponsors, les diffuseurs, les médias et le public. […] Celui-ci comprend un nouveau nom proposé, la Ligue des nations Longines, permettant de différencier la série de toutes les autres Coupes des nations, ainsi qu’un format simplifié, où les mêmes équipes de pointe s’affrontent au cours de cinq épreuves qualificatives menant à une finale. Des dotations compétitives et des incitations financières pour les organisateurs, athlètes et fédérations nationales, ainsi que des opportunités supplémentaires pour récompenser les cavaliers de moins de vingt-cinq ans, grooms, chefs d’équipe et propriétaires”, comptent parmi les innovations suggérées par la FEI.



Six rendez-vous dotés de plus d’un million d’euros

Plus précisément, les cinq qualificatives, disputées en deux manches et en équipes de quatre couples, dont on ne retient que les trois meilleurs scores, devraient être dotées de 700.000 euros, ce qui revient à peu près à tripler la somme moyenne distribuée par les dix Coupes des nations inscrites cette année au calendrier du circuit. Si l’on y ajoute des Grands Prix alloués de 300.000 euros et commercialisables auprès de sponsors non horlogers, la Ligue compterait alors six rendez-vous à plus d’un million d’euros, en comptant la finale. Un vrai bond en matière d’attractivité. Les fédérations nationales invitées à disputer les cinq étapes devraient recevoir une aide aux déplacements, leur permettant de supporter les coûts des transports des humains et surtout des chevaux, très élevés dans le cas de trajets aériens intercontinentaux. Reste à en arrêter le juste montant. La finale, que continuera d’accueillir le Real Club de polo de Barcelone en début d’automne, mais qui aura sûrement vocation un jour à se tenir en Chine, rassemblera les huit meilleures équipes de l’année et se déroulera selon une formule assez semblable à celle en vigueur depuis 2013, avec une manche qualificative et une ultime confrontation réservée aux six meilleurs collectifs, offrant aux diffuseurs audiovisuels des produits courts et dynamiques mais plutôt fidèles à la tradition.



“Ensemble, je crois que nous avons ouvert la voie à un avenir durable pour cette série emblématique”, Ingmar de Vos

S’agissant d’un travail en cours, devant encore être approfondi par le comité technique de jumping et soumis à l’approbation finale de Longines, il reste encore plusieurs éléments à définir, à commencer par le mode de sélection des dix nations invitées sur la ligne de départ. La FEI aimerait s’appuyer sur le classement mondial Longines des cavaliers, là où d’autres parties prenantes préféreraient que le système se fonde sur le classement des nations, reflet des performances en grands championnats et dans toutes les épreuves par équipes, quel qu’en soit le sponsor. Et il reste à choisir les concours qui survivront à ce qui s’apparente à une cure d’amincissement. Au Moyen-Orient, le CSIO 5* d’Abou Dabi, actuellement en situation de monopole, pourrait conserver sa place, à moins que les fédérations qatarienne et saoudienne ne souhaitent monter à bord du navire. En Amérique, il faudra trancher entre le très beau rendez-vous canadien de Langley, non loin de Vancouver, et les CSIO 5* plus confidentiels de San Miguel de Allende, dans le centre du Mexique, et San Juan Capistrano, en Californie. Et en Europe, le choix s’annonce encore plus cornélien entre Saint-Gall, Sopot, Rotterdam, Falsterbo, Hickstead et Dublin, chacun ayant de très bons arguments à faire valoir. La FEI devrait rapidement ouvrir un appel à candidatures, ne s’interdisant nullement d’opter pour de nouveaux entrants, ne serait-ce que pour ne pas donner l’impression de faire du neuf avec du vieux.

Afin de renforcer ses pouvoirs, le conseil d’administration de la FEI a adopté une modification des règlements généraux, “jugée comme une étape nécessaire dans ce processus de métamorphose”. Celle-ci lui permet désormais d’accorder lui-même le statut de CSIO 5* aux heureux élus de la Ligue. Les grandes fédérations nationales demeurant très attachées à leur discrétion en matière d’attribution du statut d’Officiel aux concours de leur choix, la FEI a tenu à les rassurer, promettant que les étapes du futur circuit ne pourront pas être programmées aux mêmes dates qu’un CSIO 5* existant sur le même continent. “Ensemble, je crois que nous avons ouvert la voie à un avenir durable pour cette série emblématique”, a déclaré Ingmar de Vos, le président de la FEI. C’est juste, mais les passionnés de grand sport devront encore attendre un peu avant de crier victoire.