“Obtenir une médaille à Fontainebleau était clairement mon objectif”, Camille Branchard

Samedi 22 avril, Camille Branchard a décroché le titre de champion de France Pro 2 lors du Printemps des sports équestres, à Fontainebleau. Neuvième en 2022, le Jurassien désormais installé au pied des montagnes de Haute-Savoie a décroché ce titre à l’arrière-goût de revanche grâce à Boogy d’Argouges. Retour sur l’itinéraire de ce passionné de trente-deux ans. 



Camille Branchard débute l’équitation à quatre ans au haras de Sorne, à Vernantois, dans le Jura grâce à Sandrine Gindre et Jean-Pierre Boussaud. “J’ai suivi une formation classique, en m’investissant de plus en plus, car j’aimais cela”, décrit-il. Adolescent, il mène en parallèle une brillante carrière de vététiste qui attise son goût pour la compétition. “J’étais en sport-études. Cela m’a permis de participer à la coupe de France et au championnat de France VTT, jusqu’à être champion d’Europe par équipe”. Finalement, il doit choisir une monture et se tourne vers les chevaux. “J’ai choisi l’équitation par sécurité. En effet, passé trente ans, la carrière d’un vététiste est derrière lui alors que les possibilités professionnelles sont plus nombreuses dans la filière équestre”, réfléchit-il. Scolarisé au lycée agricole de Mancy, le Jurassien passe donc son Bac professionnel en apprentissage chez le célèbre éleveur et marchand bressan Guy Martin et son BEPJEPS chez le cavalier de l’équipe de France Julien Gonin, avant d’obtenir son DEJEPS. 

“Quand j’ai terminé mes études, je suis parti aux États-Unis. J’avais vingt-deux ans. J’ai d’abord passé trois mois dans une écurie de Santa Barbara, mais je n’ai pas accroché avec la mentalité des propriétaires et des cavaliers qui considéraient les chevaux de la même manière qu’une voiture ou qu’un vélo, sans chercher à créer une relation. À ce moment, j’ai eu l’opportunité de rejoindre l’équipe de Marie Hécart, qui s’illustrait alors avec Myself de Brève (SF, Quidam de Revel x Grand Veneur). Après plusieurs années passées chez Éric Lamaze, Marie avait en effet décidé de s’installer à son compte, à Wellington. J’ai donc travaillé trois mois dans ses écuries, jusqu’au terme de mon visa. Ce fut une expérience magnifique”, se remémore-t-il. 

De retour en France, Camille travaille une année chez Alexandre Fontanelle et accompagne le couple qu’il forme avec son fidèle Prime Time des Vagues lors de plusieurs étapes de la Coupe du Monde. “Par la suite, j’ai accepté la proposition d’embauche de Paul Echelard (notamment formateur d’Urvoso du Roch, ndlr). Je suis donc basé depuis sept ans aux écuries du Manoir, à Présilly”, résume le Jurassien d’origine. Sur place, Camille partage son temps entre l’enseignement pour une soixantaine de propriétaires dont certains concourent, le travail de chevaux d’âge qui lui sont confiés et son activité d’éleveur. “Guy Martin m’a donné le goût de l’élevage et de la valorisation des jeunes chevaux. Aujourd’hui, j’ai une douzaine de chevaux d’élevage, allant du poulain au cheval de six ans. J’achète principalement des foals, même si j’ai aussi fait naître quelques poulains sous l’affixe ‘de la Roche’, issus d’Harwen d’Albain (SF, par Canabis d’Albain, ndlr), une fille de Virgule des Prés (SF, Quartz du Chanu x Socrate de Chivre), jument atypique mais qualiteuse qu’Alexis Bouillot a mené jusqu’en Grand Prix 3*. 

Camille Branchard et Boogy d’Argouges en quête du titre.

Camille Branchard et Boogy d’Argouges en quête du titre.

© Scoopdyga



Les alezans lui vont si bien !

La vie de chaque cavalier est marquée par des chevaux de cœur. Pour Camille, le premier se nomme Bandit Savoie (SF, Qlassic Bois Margot x Alcamera de Moyon). “La rencontre inopinée avec Maurice Moine, son naisseur, a été très importante pour moi. Il m’a emmené voir Bandit chez lui. J’ai eu un vrai coup de foudre et je lui ai acheté dans la foulée”, se remémore-t-il. L’alezan a alors trois ans et n’est pas débourré. Camille le forme avec patience et l’inscrit sur le circuit réservé aux Jeunes Chevaux à quatre et cinq ans. “L’année suivante, Bandit s’est révélé. Gagnant du CIR de Cluny, Il était numéro français des chevaux de six ans par les gains et avait achevé sa saison en signant la meilleure performance française aux championnats du monde de Lanaken (septième de la petite finale, ndlr). J’ai ensuite dû me résigner à le vendre par obligations financières, mais j’ai eu la chance de pouvoir rester en contact avec Steve Guerdat et son épouse Fanny (Guerdat Skalli, ndlr), puis Abdel Saïd, les cavaliers qui m’ont succédé sur son dos. Enfin, avec la disparition de Maurice Moine (décédé en 2022, ndlr), il me tenait à cœur de poursuivre l’histoire que nous avions écrite. Kandahar Savoie (SF, Cashpaid J&F x C Indoctro II) et Lurabo Savoie (SF, Eden du Rouet x Qlassic Bois Margot) ont donc succédé à Bandit et aux propres frères, Gandhi (SF, Canturo x C Indoctro II) et Falcon dans mes écuries”.

Le second cheval de cœur de Camille se nomme Boogy d’Argouges (SF, Mozart des Hayettes x Opium de Talma), né chez Angéline Bertot et formé par Jean-Luc Dufour. “Christine Parenthoux est une propriétaire de longue date aux écuries. Venant de mettre sa jument à la retraite, elle souhaitait racheter un petit cheval, pour se faire plaisir en balade et sur le plat. En Normandie, Paul Echelard a repéré ce petit cheval, assez chétif, qui ne suscitait pas grand intérêt. Il l’a proposé à Christine Parenthoux, qui l’a acheté à cinq ans. C’est ainsi que Boogy m’a été confié au travail. Au début, j’ai commencé à sauter avec lui sans réelle conviction, car je n’arrivais pas à déterminer son potentiel. Puis, il s’est progressivement livré. À six ans, nous gagnons le grand prix Amateurs à 1,25 m durant le CSI 3* de Megève, en 2017, mais au retour, nous avons failli le perdre à cause d’une grave crise de coliques. Nous lui avons accordé le temps nécessaire à sa convalescence avant de le remettre en route”. 

De retour, l’alezan ne cesse de progresser et devient redoutable dans les épreuves à 1,35m et 1,40 m. “Boogy a un cœur énorme, débordant de générosité. Il est taillé pour les concours, a beaucoup de respect, ce qui le rend extrêmement compétitif dans sa catégorie. Cela étant, il est clair qu’il ne possède pas de gros moyens. De manière épisodique, il peut sauter 1,45m mais pas régulièrement, car je crains que cela ne lui coûte. Il faut savoir laisser un cheval dans la catégorie qui lui convient”, exprime avec lucidité le champion de France Pro 2.

Camille Branchard et Bandit Savoie lors des championnats du monde des Jeunes Chevaux de Lanaken, en 2017.

Camille Branchard et Bandit Savoie lors des championnats du monde des Jeunes Chevaux de Lanaken, en 2017.

© Sportfot



Un championnat 2023 aux airs de revanche

“Je participe de temps à autres à quelques stages, mais généralement, je monte seul. Concourir à un coût et j’ai aussi fait le choix de développer mon activité d’éleveur. Je n’ai donc pas les moyens suffisants pour m’offrir les services réguliers d’un coach, malgré mon envie. Cependant, je mobilise beaucoup les services de Philippe Linget en tant que coach mental. Philippe, qui est aussi cavalier, m’aide énormément. Par exemple, ma minutie et mon obsession du sans-faute ont fait que j’avais souvent des problèmes de temps, lorsque je montais en Grands Prix. Cela m’a d’ailleurs joué des tours au championnat de France 2022. J’ai pris trop de temps le premier jour dans la Chasse et je n’ai pas réussi à remonter plus haut que la neuvième place, alors que nous n’étions que deux couples sur l’ensemble des partants à n’avoir réalisé que des sans-faute ! J’avoue que cela m’a frustré. Philippe et moi avons donc travaillé ce point pour l’édition 2023. Il m’a aussi demandé de me concentrer à mettre en application deux maître-mots, à savoir l’envie et l’audace”, raconte le cavalier. 

Début 2023, Camille fait du championnat de France Pro 2 l’objectif majeur de sa saison de compétition. Débutant parfaitement son championnat en réalisant une belle Chasse, il signe le sans-faute espéré en deuxième manche et accède ainsi à la finale, avec sérénité. Alignant les parcours parfaits, Camille Branchard et Boogy d’Argouges sont alors sacrés champions de France Pro 2. “Depuis deux ans, les équipes de Sylvie Robert ont su redonner leurs lettres de noblesse à ces championnats. Les parcours, l’organisation ; tout est parfait ! Décrocher une médaille dans ces conditions, face à une véritable concurrence, a une certaine saveur”, reconnaît Camille.  

Ce titre a quelque peu bousculé le reste de la saison de Camille. “En plus de Boogy, je peux aussi compter sur Chogun de Hus (Z, Cosinhus x Chellano Z), appartenant à Guenaelle Morvan, qui montre de gros moyens. Mon plan initial était de courir avec lui le Grand National cette année. Je vais maintenir ma participation à plusieurs étapes, tout en acceptant les invitations reçues grâce à mon titre, aux CSI 2* de Bourg-en-Bresse, 3* de Lons-le-Saunier et de Megève. Mon ambition serait de courir les Grands Prix dominicaux avec Chogun et de réserver Boogy pour les épreuves de vitesse”, dévoile le médaillé d’or. La concurrence est prévenue !



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