“Je suis reconnaissant et m’estime chanceux d’être là”, Jean-Alexandre Legras

Vendredi dernier à Compiègne, Jean-Alexandre Legras a signé son premier double sans-faute en Coupe des nations à l’occasion de l’Officiel de France des jeunes, organisé par GRANDPRIX Events. Âgé de dix-neuf ans, le Provençal, initialement désigné réserviste de l’équipe de France Jeunes Cavaliers, a surpris son monde associé à sa fidèle Cashmia de la Bonn, contrubuant pleinement à la victoire de l’équipe de France. Étudiant en école de commerce, très attaché au bien-être de ses chevaux, Jean-Alexandre Legras s’est confié à propos de son quotidien, ses chevaux et ses objectifs sportifs. 



Jean-Alexandre Legras en selle sur Narena Z lors du Grand Prix U25 du CSIO Jeunes à Compiègne, le 28 avril 2023

Jean-Alexandre Legras en selle sur Narena Z lors du Grand Prix U25 du CSIO Jeunes à Compiègne, le 28 avril 2023

© Agence Ecary

Quel bilan tirez-vous du CSIO Jeunes Cavaliers de Compiègne?

Ce week-end a été très bon pour Cashmia et moi! Je ne pensais pas disputer la Coupe des nations. Je l’ai su la veille au soir à 21h. J’étais stressé, mais je savais que ma jument était taillée pour ce genre d’épreuves et que je devais juste me concentrer et bien la monter pour réussir le sans-faute. Je me sentais prêt et voulais vraiment saisir cette chance pour montrer que j’étais capable de monter en équipe de France.

Connaissiez-vous bien Éden Leprevost Blin-Lebreton, Ramatou Ouedraogo et Ilona Mezzadri, vos coéquipières de cette Coupe des nations Jeunes Cavaliers?

Oui. Je monte régulièrement avec elles depuis mes années de Junior. Cependant, je n’avais encore jamais eu la chance de faire équipe avec elles en Coupe des nations. Il y a une bonne ambiance: nous nous entendons tous très bien, nous nous entraidons et nous soutenons. Nous formons vraiment une bonne équipe.

Avec qui vous entraînez-vous?

Jusqu’à l’an dernier, je m’entraînais à Aix-en-Provence, chez Éric Muhr, qui m’a d’ailleurs accompagné le week-end dernier à Compiègne. Lorsque je suis arrivé chez lui, je débutais l’équitation. C’est lui qui m’a accompagné jusqu’à ces épreuves et je lui dois beaucoup.

Maintenant, mes chevaux sont chez Thomas Lévêque, dont les écuries se situent non loin de Lyon, où j’étudie. J’ai aussi passé une semaine chez Gilles Bertran de Balanda, avec qui je suis encore régulièrement en contact. Gilles m’a appris la rigueur et la discipline nécessaire au quotidien pour devenir un cavalier, et avant tout que le plus important est de se comporter en homme de cheval. Un déclic s’est produit à la suite de notre collaboration. J’ai commencé à voir les choses différemment. Malheureusement, j’ai déménagé, mais nous nous appelons souvent et je lui envoie des vidéos pour qu’il puisse observer mon évolution à distance.

Dans quel univers avez-vous grandi?

Dans ma famille, je suis le seul à monter et m’intéresser aux chevaux. Ni mes parents, ni ma sœur n’y connaissaient rien. Très souvent, les cavaliers qui montent à mon niveau sont issus de familles équestres, mais ce n’est pas mon cas. C’est pourquoi je suis très reconnaissant d’être là aujourd’hui. Je remercie aussi l’encadrement de la Fédération française d’équitation de m’avoir autant aidé et de m’avoir donné cette opportunité.



“Je suis fier de l’évolution de Cashmia!”

Comment avez-vous rencontré Cashmia de la Bonn (SF, Duc du Mûrier x Berlin)?

C’est une chouette histoire! Je l’ai trouvée alors que je cherchais un deuxième cheval pour épauler Balenciaga du Gandy (SF, Nabab de Rêve x Calando I), avec laquelle je concourais en épreuves Juniors. J’ai demandé à Robin Muhr s’il connaissait un cheval qui pourrait correspondre à mes recherches. Le hasard a fait qu’il avait essayé peu de temps avant chez Aurélien Leroy une jument qu’il avait beaucoup aimée et qui répondait à tous mes critères. Cepedant, elle était au pré, déferrée et ne travaillait plus depuis plusieurs mois. Robin m’a tout de même vivement conseillé de l’acheter donc je suis allé l’essayer. Elle avait été sortie du pré une semaine auparavant. Lorsque je suis monté sur son dos, je me suis rendu compte qu’elle avait de la force mais qu’elle était encore verte. Elle avait déjà montré de la qualité lorsqu’Aurélien Leroy l’avait montée plus jeune. Elle avait même déjà concouru à 1,35m à sept ans. Je suis fier de son évolution et très content de mon choix! Nous avons disputé nos premières belles épreuves ensemble. C’est en partie grâce à elle que j’en suis là aujourd’hui.

Comment se compose votre piquet?

Je suis propriétaire de tous les chevaux que je monte. Actuellement, j’en ai cinq. À Lyon, je monte Cashmia et Narena. Je suis également le propriétaire de Balenciaga, la première jument avec laquelle j’ai concouru à 1,40m. Elle est désormais montée par Maxime Birkle, qui concourt en épreuves Enfants. J’espère qu’ils iront ensemble aux championnats d’Europe. J’ai également un jeune de six ans et un foal chez William (Ligier de la Prade, très proche ami de Jean-Alexandre Legras, ndlr). Pour le moment, je compte vraiment sur Cashmia, que Narena viendra l’épauler l’an prochain dans les épreuves Jeunes Cavaliers. Pour le moment, je n’ai pas l’intention de les revendre. J’ai vraiment de la chance de les avoir et j’aimerais les garder pour aller le plus loin possibles sportivement. En revanche, pourquoi pas valoriser et revendre d’autres chevaux.

Vos chevaux sont déferrés. Qu’est-ce qui a guidé ce choix?

Le bien-être de mes chevaux importe vraiment à mes yeux. Je réfléchis beaucoup à la vie que je leur donne et les fers faisaient partie des sujets qui me préoccupaient beaucoup. Je me suis beaucoup intéressé au sujet, avant de réellement franchir le cap et de déferrer mes chevaux. J’ai comparé différentes ferrures et me suis beaucoup éduqué sur les pieds nus. J’en ai conclu que mes juments se sentiraient mieux sans fers, en termes de santé comme de performance. Ayant acheté Narena déferrée, j’avais beaucoup aimé la sensation que cela me procurait. Cet hiver, j’ai pris le risque de déferrer Cashmia, et tout s’est très bien passé. Je ne l’ai pas fait pour suivre la mode, mais surtout pour le bien-être de mes juments et redonner leur pleine fonction aux pieds. Je suis très content d’avoir pris cette décision. Si je suis amené à avoir d’autres chevaux, je pense que je reproduirai ce schéma. Cela pose un problème avec les pistes en herbe, mais il y a tellement de beaux terrains en sable aujourd’hui qu’on peut éviter ceux-là ou bien ferrer nos chevaux le temps d’une compétition.

Par ailleurs, vous montez Cashmia sans embouchure...

Le choix de monter sans mors est simplement lié au fait que c’est l’hackamore qui lui correspond le mieux en piste. Je débute tout de même ma détente au paddock avec un mors, avant de passer au hackamore, qui m’apporte une tension et un frein assez spécial qui me permettent de bien équilibrer ma jument. Je ne l’agace pas et, globalement, je ne rencontre aucune contrainte. Elle est vraiment mieux comme ça. Pour l’instant, je monte encore Narena avec un mors. J’aimerais le lui enlever, mais pas tout de suite. Nous devons encore travailler certaines bases. D’ici un an, je pense que je la monterai aussi en hackamore. 

Jean-Alexandre Legras en selle sur Cashmia de la Bonn lors de la Coupe des nations Jeunes Cavaliers à Compiègne, le 27 avril 2023

Jean-Alexandre Legras en selle sur Cashmia de la Bonn lors de la Coupe des nations Jeunes Cavaliers à Compiègne, le 27 avril 2023

© Agence Ecary



“Les chevaux, c’est ce que j’aime le plus au monde”

Vous avez fêté vos dix-neuf ans le 23 mars. Comment conciliez-vous équitation et études?

L’an dernier, j’ai passé un baccalauréat international (IB) tout en continuant la compétition. Cette année, j’étudie à l’Emlyon Business School, une école de commerce. Au lycée, ce n’était vraiment pas évident. Je rentrai à 21h30 chez moi tous les soirs et je suis même parti en concours deux semaines avant de passer le bac. Cette année, c’est moins compliqué. J’ai plus de temps, ce qui me permet de monter à cheval six fois par semaine.

Souhaitez-vous faire de l’équitation votre métier?

Oui, je l’espère. Les études m’offrent un gage de sécurité. Je ne sais pas exactement ce que je ferai plus tard, mais les chevaux sont ma passion. C’est ce que j’aime le plus au monde. J’adore le sport et l’adrénaline qu’il procue. Aucun autre métier ne me donnera la sensation que j’ai à cheval. Je ne me vois donc pas arrêter l’équitation. En même temps, il faut que je puisse devenir financièrement indépendant et répondre à toutes les contraintes liées aux chevaux.

Avez-vous d’autres passions?

J’aime beaucoup le Day Trading. C’est de la spéculation à très court terme sur des actions. J’aime la finance et tout ce qui concerne le sujet. C’est pourquoi je m’intéresse à la spéculation et la bourse. Et puis cela correspond aussi à mes études.

Quels sont objectifs cette saison? Visez-vous une sélection aux championnats d’Europe?

Je pense que nous sommes nombreux à viser les championnats d’Europe, mais l’équipe Jeunes Cavaliers est vraiment forte. J’espère évidemment pouvoir y participer, ou bien à d’autres Coupes des nations si l’occasion se présente, mais ces décisions appartiennent à l’encadrement fédéral. Pour l’instant, je me concentre sur les championnats de France, qui se déroulent dans deux semaines. Ensuite, on verra bien. Le week-end passé, je me suis montré performant et j’ai répondu présent quand on a eu besoin de moi, mais il faut être patient et respecter les décisions fédérales.



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