Steve Guerdat vit une nouvelle soirée de rêve à Genève

Huit ans après son dernier succès dans la finale du Top Ten IJRC sur Jalisca Solier, Steve Guerdat a soulevé le trophée si convoité une deuxième fois, ce soir à Genève. Cette fois aux rênes d’Alamo, qui signe ici son plus beau succès, l’Helvète a ravi son public et a eu de la peine à contenir son émotion à la remise des prix. Il a laissé sur le carreau Henrik von Eckermann et McLain Ward, pourtant bien déterminés à s’imposer une première fois dans cette finale aux rênes de Castello 194 et Clinta. 



Ici prêts à réceptionner pour aborder l'avant-dernier oxer, Steve Guerdat et Alamo ont réalisé une dernière ligne folle.

Ici prêts à réceptionner pour aborder l'avant-dernier oxer, Steve Guerdat et Alamo ont réalisé une dernière ligne folle.

© Scoopdyga

Steve Guerdat ne l’a jamais caché, Genève est son concours préféré, et le CHI suisse le lui rend bien. Au terme de deux manches palpitantes, le champion olympique de Londres a ce soir soulevé le trophée de vainqueur du Top Ten. Une réussite qui fait écho à sa victoire dans cette même finale il y a huit ans à Genève déjà sur la regrettée Jalisca Solier. Cette fois, c’est sur Alamo, son troisième cheval après Albfurhen's Bianca et Hannah, que le médaillé de bronze individuel des Jeux équestres mondiaux de Tryon l’a emporté, non sans mérite. Si son entame de deuxième manche a d’abord semblé un brin laborieuse, le duo a passé tous les rapports d’une traite à la réception du double. Le vertical au milieu de la piste, les deux oxers dans la diagonale et l’ultime vertical derrière le lac artificiel ont ensuite été avalés à une vitesse folle sous le bruissement des tribunes, bluffées. Si la concurrence s’annonçait relevée à leur suite, aucun de leurs concurrents n’ont pu passer sous la barre des 39“75. Steve et Alamo étaient tout simplement imbattables!
 
Propriété du cavalier mexicain Gerardo Pasquel Mendez, élève de Steve Guerdat depuis deux saisons, Alamo a rejoint le piquet du Suisse en fin d’année dernière. En seulement trois concours, l’osmose s’est créée puisque le duo s’est imposé dans le Grand Prix secondaire du CSI 5*-W d’Helsinki. Avec quatre parcours parfaits sur dix en Coupes des nations cette saison, le hongre noir par Ukato a peaufiné sa préparation pour le Top Ten la semaine passée au Longines Masters de Paris.

Si après son parcours de mise en jambe hier, le champion installé près de Zurich a craint que son détour dans la capitale hexagonale n’ait été trop éprouvant pour son hongre, cela l’a finalement rendu plus simple à monter ce soir. “Alamo peut être un peu chaud lorsqu’il ne concourt pas beaucoup. Mais il n’a finalement jamais été aussi relâché que ce soir. J’avais peur que sa force ne suive pas jusqu’au bout étant donné qu’il n’a pas encore énormément d’expérience, mais il a finalement été super lors du premier tour. J’ai eu le sentiment que rien ne pouvait m’arriver, c’est pourquoi j’ai tout tenté en seconde manche”, a analysé Steve Guerdat en conférence de presse. Les yeux humides sur la plus haute marche du podium, le grand vainqueur de la soirée a signé sa dixième grande victoire sur la piste de Palexpo, égalant le record de son idole de jeunesse, le Brésilien Rodrigo Pessoa. 


Frayeur pour Maher, georgette pour Bruynseels

Aux rênes de Castello 194, qu’il monte en alternance avec son élève suédoise Evelina Tovek, Henrik von Eckermann s’en est voulu de ne pas avoir enlevé une foulée à l’abord de l’avant-dernier oxer, mais s’est tout de même estimé chanceux de terminer à la deuxième place de cette finale. Son gris a en effet touché deux obstacles sur le deuxième parcours de Gérard Lachat et Louix Konickx qu’il a conclu en 40“44. Une fois de plus impériale, Clinta a mené McLain Ward sur la troisième marche du podium au mérite d’un second tour bouclé en 40“51. “Ce n’est pas dans ma nature de ne pas tenter ma chance. J’ai essayé de grappiller quelques secondes de part et d’autre, mais ça n’a pas suffi. Clinta n’aurait pas pu mieux sauter, elle bondissait même un peu trop haut pour être honnête!”, a analysé le médaillé d’or par équipes des derniers Mondiaux.

Très en verve ces dernières semaines avec deux victoires en Coupe du monde et un succès hier soir dans le premier grand rendez-vous du concours genevois, Daniel Deusser a finalement dû se satisfaire d’une place au pied du podium avec Tobago Z. Pour sa toute première finale du Top Ten, Martin Fuchs a lui livré un parcours moins fluide sur Clooney. Le vice-champion du monde ne compte en tout cas pas s’arrêter sur cette cinquième place puisqu’il a donné rendez-vous à son public dimanche pour le Grand Prix. 
 
Dernier à s’élancer, Niels Bruynseels aurait bien pu renverser la table avec la bouillonnante Gancia de Muze. Sa course à la victoire s’est toutefois arrêtée à cause d’une impressionnante georgette sur le vertical qui suivait le double. De son côté, Ben Maher n’a pas même pris le départ de la seconde manche. Pour cause, le Britannique s’est fait une sacrée frayeur lors du parcours initial avec le crackissime Explosion W. Sur le difficile abord du triple, son prodige de neuf ans, vainqueur de trois étapes du Longines Global Champions Tour cette saison, n’a pas compris sa demande et a pris son appel bien trop tôt, finissant son saut au beau milieu de l’oxer. Un crash impressionnant qui n’a heureusement pas eu de conséquences. “Explosion va très bien et devrait ressauter demain pour préparer le Grand Prix”, a rassuré le Britannique. 


“Je m’éclate en concours !”, Steve Guerdat

Devant son public, Steve Guerdat n'a pu contenir sa joie ce soir à Genève.

Devant son public, Steve Guerdat n'a pu contenir sa joie ce soir à Genève.

© Scoopdyga

En conclusion de cette belle soirée, Steve Guerdat a fait revivre aux journalistes son deuxième parcours complètement fou. “Le parcours était plutôt bien construit pour moi, j’avais juste une crainte concernant l’abord du mur car Alamo s'est déjà dérobé devant ce profil d’obstacles par le passé. Il s’abordait à droite, le côté où il tourne un peu moins bien. Une fois le double passé, je me suis dit: «Allez on lâche les chevaux». Alamo a un galop très ouvert et rapide et j’ai vu une distance de loin sur l’oxer qui précédait la ligne dans la diagonale. J’ai pris tous les risques pour l’aborder, et à la réception j’ai vu une distance encore plus longue sur l’avant-dernier. J’ai aussi enlevé une foulée à l’abord du dernier, il était vraiment temps que le tour s’arrête (rires)!”
 
Répondant à une question de GRANDPRIX en conférence de presse, le numéro deux mondial – en passe de peut-être redevenir numéro un en janvier 2019 - a une nouvelle fois pu mettre en avant le sport qu’il défend, lui qui privilégie toujours son équipe nationale et qui fuit régulièrement les circuits les plus rémunérateurs. “C’est bien connu, je m’inquiète de la direction que prend notre sport par rapport à certaines décisions. Si j’arrive à rester dans les dix meilleurs mondiaux et que je redeviens éventuellement numéro un en faisant les concours les plus fantastiques, sur lesquels on gagne un peu moins d’argent mais où l’on prend beaucoup plus de plaisir, c’est parce que je m’éclate en concours. Je prends beaucoup de plaisir, et je pense qu'il est important de montrer pour les générations suivantes que l’on peut y arriver sans forcément dépenser beaucoup d’argent pour y participer”, a-t-il soutenu. Le message est passé!
 
Les résultats et les parcours en images ici