“Chaman Dumontceau montre qu’il fait partie des meilleurs chevaux français”, Stéphane Landois

Vous venez de remporter le CCIO 4*-S de Chatsworth. Était-ce un objectif pour vous?

Non, je n’avais pas vraiment l’objectif de m’imposer en individuel, qui plus est en Angleterre, car c’est un concours très relevé! J’avais envie d’y participer pour voir comment Chaman se situerait face à une concurrence internationale et sur un terrain différent de ceux où il a l’habitude de courir en France. De plus, lorsque nous sommes arrivés là-bas jeudi, nous avons bien vu que l’état du terrain, déjà vallonné et exigeant de nature, allait rendre le cross difficile. En revanche, nous sommes partis dans le but d’essayer de remporter la Coupe des nations afin de marquer un peu les esprits, notamment outre-Manche, en ce début de saison.

Votre week-end a très bien débuté avec une excellente reprise (à revoir en bas de cet article), qui a été évaluée à 77,22%, soit 22,8 pénalités, vendredi. Un record pour votre couple!

Tout à fait. Nous avons beaucoup travaillé en dressage durant l’hiver et en début de saison avec tout l’encadrement fédéral. Chaman est toujours très concentré. Lorsque je me suis mis à cheval avant ma reprise, j’ai senti qu’il était présent et que nous pouvions réussir une belle reprise. Je suis vraiment ravi de sa performance et de son score.

Auparavant, votre meilleur score de dressage en 4* équivalait à 26,8 points. Quelles pistes de travail avez-vous suivies pour améliorer à ce point vos performances dans cette discipline?

Chaman réalisait déjà tous les exercices assez bien, voire bien, mais il manquait un peu de brillant et d’activité. Nous avons donc vraiment travaillé sur cet aspect et sur son fonctionnement global, notamment avec Christoph Hess (intervenant technique pour le dressage auprès de l’équipe de France de concours complet, ndlr). Cela nous a beaucoup apporté, comme le montre cette très belle moyenne obtenue à Chatsworth.

“J’ai senti mon cheval très en forme jusque dans la dernière ligne droite”

À Chatsworth, le test de saut d’obstacles et le cross étaient organisés le même jour. Comment gère-t-on cela lorsque les parcours à affronter sont de niveau 4*?

Il est très courant, en Grande-Bretagne, de courir ces deux tests pratiquement à la suite l’un de l’autre. Il faut bien anticiper et avoir bien organisé ses reconnaissances de cross pour ne pas être pris de court, mais cela a plutôt convenu à mon cheval. Il peut avoir un peu de mal à se mettre en route le matin ou avant le test de fond, donc l’hippique a en réalité constitué une bonne séance de préparation avant le cross pour nous et l’a un peu réveillé.

Comment avez-vous senti Chaman à la fin du cross (à revoir sur ClipMyHorse.tv), qui s’est avéré assez éprouvant puisque qu’aucun cavalier n’a réussi à le terminer avec moins de vingt-sept secondes de temps dépassé. Vous en avez d’ailleurs accusé vingt-huit?

Chaman a beaucoup de tenue et je ne l’ai jamais senti vraiment fatigué. En revanche, il peut avoir un peu de mal à partir dans un bon rythme sur les formats courts, mais il n’a pas eu ce problème samedi. Par ailleurs, je sais que je peux lui demander des efforts tout au long du parcours et qu’il va répondre présent. À Chatsworth, le cross était plus difficile que ce à quoi je m’attendais. Le terrain était collant et ses vallonnements coupaient l’élan des chevaux. De plus, j’ai trouvé qu’il y avait vraiment de gros sauts, mais j’ai senti mon cheval très en forme jusqu’à la dernière combinaison, et même jusque dans la dernière ligne droite. Compte tenu des conditions de compétition, l’encadrement fédéral nous avait donné la consigne d’optimiser notre performance, mais de ne pas trop en demander aux chevaux.

“J’ai attendu presque deux heures pour faire tamponner mon carnet à Douvres”

Depuis le Brexit, beaucoup de cavaliers pointent du doigt les lourdeurs administratives qui entourent chaque déplacement entre l’Europe et le Royaume-Uni. Comment s’est déroulé le vôtre?

C’est effectivement très compliqué d’aller en Angleterre. Nous avons fait appel à quelqu’un qui connaît très bien le système en place et s’occupe de toute la partie administrative, mais il y a beaucoup de contrôles et les chevaux passent, de ce fait, des heures supplémentaires dans les transports. En quittant la France, nous devons passer à la douane à Calais, ce qui s’est plutôt bien déroulé, puis nous rendre à celle de Douvres de l’autre côté de la Manche. Là, j’ai attendu presque deux heures pour faire tamponner mon carnet ATA (document nécessaire pour les importations temporaires sur le sol britannique, ndlr), et j’ai dû patienter à peu près autant de temps à Calais au retour, mais cela a été plus rapide à Douvres car je suis arrivé tard dans la soirée. 

Quels sont désormais vos objectifs et comment va s’articuler la suite de votre saison?

Mon objectif reste, bien sûr, les championnats d’Europe du Pin-au-Haras (qui auront lieu du 9 au 13 août dans l’Orne, ndlr). La sélection ne dépend évidemment pas de moi, mais je pense que mon cheval montre qu’il fait partie des meilleurs de France. J’ai commencé ma saison avec l’étape du Grand National FFE-AC Print de Pompadour (dont le couple a pris la septième place, début avril, ndlr), que j’avais choisie car elle me semblait être une assez bonne préparation pour Chatsworth. Chaman ressortira au Master Pro de Vittel (du 23 au 25 juin, ndlr), parce je veux participer au championnat de France Pro Élite, mais aussi parce que c’est un terrain intéressant et plutôt vallonné. Sans oublier qu’il s’agira d’une étape obligatoire pour obtenir une sélection au Pin.