“Avant de viser les CSI 4*, je dois gagner en régularité”, Jules Orsolini (2/2)
Le week-end dernier, à l’occasion du championnat de France des As de Villers-Vicomte, Jules Orsolini s’est paré de bronze dans la catégorie des Jeunes Cavaliers aux rênes de Charlottes 198. À l’aube de ses vingt ans, le Francilien s’inscrit comme l’un des piliers de l’équipe de France Jeunes et, après deux victoires en Coupes des nations cette saison, ses yeux sont désormais tournés vers les championnats d’Europe de Gorla Minore, un terrain qui lui a bien réussi en 2023. Fervent défenseur de la veste bleue, le jeune homme rêve de haut niveau et des plus beaux CSIO, espérant déjà honorer la Veste Bleue au plus haut niveau. Ambitieux, le cavalier partage son temps entre les compétitions, son écurie et ses études de commerce à l’EDHEC. Quelques jours après ses performances dans l’Oise, Jules Orsolini évoque son avenir et ses objectifs plus ou moins lointains, mais aussi son autre passion: le basket!
La première partie de cette entretien est à lire ici.
Vous concourrez aussi jusqu’en CSI 3* avec Ibrahim (KWPN, Eldorado vd Zeshoek TN x Quidam de Revel). C’est un cheval qui semble assez sensible…
Il est assez sensible mais extrêmement qualiteux. Je le forme pour espérer progresser encore davantage, comme avec Charlotte. J’évolue étape par étape. J’aimerais atteindre les CSI 4* et, un jour, les 5*, mais j’ai encore du chemin avant cela. J’ai obtenu plusieurs classements en CSI 3* avec les deux chevaux, que ce soit lors d’épreuves intermédiaires ou de Grands Prix, mais ce n’est pas encore assez régulier à mon goût. Avant de viser plus haut, je veux déjà régler cela.
En décembre, Qlandestin SAS (SF, Arpège Pierreville) a pris sa retraite. Le changement a-t-il été difficile ?
Ne plus devoir compter sur Qlandestin est forcément difficile. Il m’a tant donné pendant des années, c’est vraiment étrange de partir en concours sans lui. Il était mon cheval de tête et de cœur mais, à dix-huit ans, il méritait de prendre sa retraite maintenant, en forme et à son plus haut niveau. D’ailleurs, je pense que notre dernière saison a été notre meilleure (le couple a totalisé six victoires internationales en 2022 dont une dans le Grand Prix U25 d’Opglabbeek en avril, ndlr). Il profite de la vie qu’il mérite, au pré. Il n’est pas toujours très content de voir le camion partir sans lui mais la transition a été plutôt simple!
Vous montez également beaucoup de jeunes chevaux puisque votre père, Brice Orsolini, est marchand. Espérez-vous en garder certains ?
Le commerce est la base de notre système, c’est ce qui fait tourner notre écurie alors je monte beaucoup de jeunes chevaux et mon piquet change constamment. Lipton (KWPN, Glasgow vh Merelsnest x Arezzo VDL) sort du lot, je crois beaucoup en lui. Il a été sacré deuxième meilleur cheval de six ans du monde en 2022 et j’aimerais beaucoup le garder le plus longtemps possible. Même si, naturellement, tous les chevaux de mon écurie sont destinés à la commercialisation.
Quid de Charlotte et Ibrahim ?
Charlotte appartient à ma mère alors je pense qu’une vente n’est pas envisageable. Elle devrait rester avec moi. La décision n’est pas arrêtée en ce qui concerne Ibrahim. Cependant, dans notre système, si une belle offre se présente, il est voué à être commercialisé.
Travaillez-vous toujours avec Timothée Anciaume ? Que vous apporte-il ?
Oui, je travaille toujours avec lui. Il n’a pas assez de temps pour me suivre en compétition mais, lorsque nous sommes ensemble en concours, il m’aide à la détente et me conseille sur mes parcours. En dehors, j’apprends beaucoup. Il me transmet tout ce qu’il sait et ce qu’il a appris de son expérience. Qu’il s’agisse d’exercices pour le travail des chevaux, la gestion d’une écurie… Il me conseille beaucoup.
“Tout jeune de moins de vingt-cinq ans espère intégrer une équipe de la GCL”
Ambitionnez-vous d’intégrer dans quelques années une équipe de la Global Champions League pour avoir plus facilement accès aux CSI 5* comme ont pu le faire, par exemple, Nina Mallevaey ou Jeanne Sadran pour gagner en expérience ?
Bien sûr, je pense que tout jeune de moins de vingt-cinq ans rêve d’intégrer une équipe (chaque équipe de la Global Champions League est composé d’au moins un cavalier de moins de vingt-cinq ans, ndlr)! Chaque année, j’espère que mon tour viendra et qu’on m’en proposera une mais il y a encore tellement de jeunes bien meilleurs que moi au classement pour très peu de places! Ce n’est pas quelque chose que j’ambitionne à court terme mais j’y pense et j’espère que cela arrivera un jour. Ces concours permettent aux jeunes cavaliers comme moi de prendre énormément d’expérience et de côtoyer de nombreux cavaliers.
Vous semblez être cependant un fervent défenseur de la veste bleue. Que privilégierez-vous entre une Coupe des nations 3* et l’accès à une étape du Global Champions Tour actuellement ?
Les Coupes des nations sont quelque chose de tellement spécial! Pour ce que cela représente, je dirais la Coupe! Bien sûr un CSI 5* serait formidable, mais nous concourrons toute l’année de manière individuelle. Porter la veste bleue a vraiment une saveur particulière. De plus, les Coupes des nations sont vouées à se raréfier, ce qui facilite mon choix.
Peut-être ne seront-elles pas si rares pour vous, notamment grâce au circuit EEF…
C’est sûr! Cette deuxième division européenne sert aussi à cela, lancer des couples et permettre à ces épreuves de perdurer. Et j’espère de tout cœur pouvoir continuer à y prendre part aussi régulièrement que possible.
Une Coupe des nations en particulier vous fait-elle rêver ?
Comme beaucoup, je pense à Calgary et Aix-la-Chapelle. Ce sont des pistes et des concours mythiques. Et puis, les terrains en herbe ont quelque chose en plus, une saveur particulière.
Vous continuez tout de même vos études à l’EDHEC en parallèle de votre activité équestre. Dans quel but ? Bénéficiez-vous d’un emploi du temps aménagé ?
À l’EDHEC, il existe un programme qui permet aux sportifs de haut niveau, dont je fais partie, de suivre l’intégralité des cours à distance. Je ne m’y rends que pour les examens. Pour l’instant, j’aimerais obtenir mon BBA pour ensuite débuter un Master en Finance. Grâce à cela, j’aurais un BAC +6. J’aimerais travailler dans la finance en plus de l’équitation et, ainsi, avoir deux casquettes.
Vous êtes aussi un fan de basket. Aujourd’hui, quelle place a ce sport dans votre quotidien ?
Malheureusement, il n’a plus de place! Pour la première année depuis mes cinq ans, j’ai dû arrêter par manque de temps. Avant, je m’entrainais deux à trois fois par semaine avec le club de ma ville et cela me permettait aussi de me maintenir en forme physiquement. Ça me manque, mais j’ai toujours la possibilité de toucher au ballon avec des amis lorsque je le peux. J’aimerais bien reprendre un jour si mon emploi du temps me le permet!
Vous allez donc suivre assidument la prochaine Draft NBA, le 22 juin…
Évidemment! Avec mon père, nous avons une tradition qui consiste à aller voir un match du numéro un de la Draft NBA (la Draft NBA est une soirée lors de laquelle les trente dirigeants des équipes nord-américaine se réunissent pour sélectionner, à tour de rôle, les joueurs universitaires ou étrangers qui feront leur entrée en NBA la saison prochaine, ndlr). Coup de chance, cette année, c’est notre prodige français qui est à l’honneur (le Français Victor Wembanyama est pressenti pour être le numéro 1 de la prochaine Draft. À l’issue du tirage au sort qui a déterminé l’ordre de sélection des équipes, les Spurs de San Antonio seront les premiers à choisir un joueur, ce qui rend très probable l’arrivée du Français dans cette équipe, ndlr)!
Victor Wembanyama aux Spurs, alors, pour ou contre ?
Pour pour le système de Gregg Popovich (l’entraîneur, ndlr), contre parce que les Spurs sont déjà la franchise d’un Français! Victor va écrire sa propre histoire mais il sera toujours comparé à Tony Parker. Personnellement, je l’aurais bien vu à Portland, mais nous verrons ce que l’avenir lui réserve!