Des favoris bien là, des retours qui se confirment et de belles surprises à Genève

Vainqueurs du Grand Prix Coupe du monde Longines de Vérone, Daniel Deusser et Calisto Blue se sont adjugé le Trophée de Genève, premier temps fort du CHI suisse, ce soir à Palexpo. L’Allemand a offert une belle leçon de gestion des virages à ses adversaires du barrage, devançant le Belge Pieter Devos sur Espoir et le Français Simon Delestre. Une épreuve spectaculaire qui livre déjà quelques réjouissants enseignements.



Des cadors au rendez-vous

Les championnes du monde, Simone Blum et DSP Alice, sont également apparues en très grande forme.

Les championnes du monde, Simone Blum et DSP Alice, sont également apparues en très grande forme.

© Scoopdyga

Ce soir à Palexpo, la première journée du CHI de Genève s’est achevée sur la victoire de Daniel Deusser et Calisto Blue dans le Trophée de Genève, une épreuve à barrage fort bien dotée et digne de certains Grands Prix. Vainqueurs de la Coupe du monde Longines de celui de Vérone il y a six semaines, l’Allemand et son hongre de dix ans par Chacco-Blue et une mère par Con Air ont confirmé leur potentiel, eux qui sont associés en compétition depuis cet été. Déjà performant l’an passé sous la selle de Michael Whitaker, l’OS et le cavalier des écuries Stephex se sont bien trouvés. Après avoir survolé un tour initial pourtant technique et déjà bien exigeant pour un premier temps fort, le couple a livré au public genevois et à ses adversaires une démonstration de gestion des courbes au barrage. Dès l’oxer 1, la deuxième difficulté de ce parcours réduit concocté par le Suisse Gérard Lachat et le Néerlandais Louis Konickx, le troisième duo à tenter sa chance dans cet exercice a produit en saut suffisamment bien dosé pour pouvoir filer à droite toute, sans perdre de temps ni d’énergie, vers le vertical 4b. Quelques secondes plus tard, il a scellé sa victoire en réussissant un virage à 270° à gauche absolument parfait entre le vertical 7c du triple réduit en double le bon oxer 16. Là encore, sans perdre de cadence, l’ancien numéro un mondial a presque pu assurer sa dernière ligne droite. Un parcours qui en dit long sur sa confiance retrouvée et sur ses intentions ce week-end.
 
Vainqueurs en Coupe du monde en début d’année à Bordeaux et plus récemment sixièmes du Longines Global Champions Tour de Doha, Pieter Devos et Espoir avaient eux aussi de solides arguments à faire valoir. Chanceux dans le triple au tour initial, le Belge, en position idéal de dernier partant au barrage, a presque trop retenu son expérimenté BWP de quatorze ans dans la dernière ligne après avoir réussi de bons virages, quoique moins serrés que ceux de l’Allemand, d’où sa demi-seconde de retard à l’arrivée, récompensée tout de même d’une très belle deuxième place.
 
Que dire d’Henrik von Eckermann et de l’inépuisable Tovek’s Mary Lou, troisièmes de la finale de la Coupe du monde de Paris, médaillés d’argent par équipes aux Jeux équestres mondiaux de Tryon et classés dans une ribambelles d’épreuves prestigieuses depuis deux ans? Le Suédois et sa jument de douze ans n’ont pas non plus hésité à tenter leur chance au barrage après un premier passage sans histoire. Mais pour eux, le fameux virage à 270° s’est avéré moins précis, d’où une dernière ligne droite moins énergique, près de deux secondes de débours sur les lauréats et une belle quatrième place.
 
Parmi ces cadors, il en est un qui aurait pu battre Daniel Deusser. Non pas qu’il ait su tourner plus court que lui, mais Kent Farrington a fait valoir ses talents de jockey et la vitesse ébouriffante de Creedance, vainqueur de cette même épreuve en 2016 et récent quatrième du Grand Prix CSI 4*-W de Lexington. Lauréat de la finale du Top Ten et du Grand Prix de Genève l’an passé, l’Américain n’a pu empêcher une faute de son hongre d’onze ans sur l’oxer 7b défendant l’entrée du triple réduit en double. Leur temps canon – ils ont pourtant quelque peu ralenti après cette faute – leur ont permis de repartir avec la sixième place.
 
Le Britannique Scott Brash ayant choisi d’épargner le barrage à sa vaillante Ursula XII, désormais âgée de dix-sept ans, on a vu revenir en piste un autre couple comptant désormais parmi les stars du circuit: Simone Blum et DSP Alice, qui ont eu la difficile mission d’ouvrir cette finale au chronomètre. Les championnes du monde ont été à la hauteur, l’Allemande terminant à moins d’une seconde de son compatriote avec son diamant brut d’onze ans, fautive sur l’oxer 16 après un virage perfectible et finalement septième. On a déjà hâte de les revoir à l’œuvre dimanche!


Ryan et All In valident leur come-back

Très belle prestation également de Simon Delestre et Hermès Ryan des Hayettes.

Très belle prestation également de Simon Delestre et Hermès Ryan des Hayettes.

© Scoopdyga

Dans ce barrage de haute voltige, on a aussi pu apprécier deux cracks qui semblent enfin revenus à leur meilleur niveau. Pénalisés d’une faute seulement dimanche dernier dans le Grand Prix du Longines Masters de Paris, Hermès Ryan des Hayettes, le premier, est apparu en belle forme ce soir à Genève, avalant les difficultés avec envie, puissance et agilité. S’il avait mieux réussi ce second virage décisif, le couple aurait remporté cette épreuve, ce qui n’a pas entamé la joie du Lorrain en sortie de piste. “Ryan avait déjà très bien sauté à Paris. Il m’avait donné un bon sentiment. Aujourd’hui, je l’ai retrouvé comme il peut être, ce qui me procure un grand plaisir. Il a formidablement sauté le premier parcours, qui était déjà très sélectif, puis le barrage. Dimanche, je l’engagerai dans le Grand Prix.”
 
Retour confirmé aussi pour le génial H&M All in de Vinck, médaillé d’argent individuel aux Jeux olympiques de Rio en 2016 et champion d’Europe l’an passé à Göteborg. Imperturbables sur les deux parcours, le Suédois et son sBs, qui n’avaient plus sauté une telle épreuve depuis un an, ont livré un barrage fabuleux, crédité du meilleur temps, mais leur audace s’est heurtée au vertical 12, dernière difficulté de l’exercice. Cinquième, le Suédois aura sûrement ses chances dimanches, mais aussi dans le Top Ten demain soir, où il aura l’embarras du choix entre All In et Christian K.


Belles premières pour Jessica Springsteen et Kevin Staut

Kevin Staut n'a pas manqué son premier vrai test avec Edesa’s Cannary.

Kevin Staut n'a pas manqué son premier vrai test avec Edesa’s Cannary.

© Scoopdyga

Il y avait deux femmes dans cette finale, Jessica Springsteen ayant tenté sa chance juste après Simone Blum. Une belle surprise pour l’Américaine, qui n’avait jamais été à pareille avec Fleur de l’Aube, une jument de treize ans autrefois montée par le regretté Britannique Tim Stockdale. Comme Farrington et Creedance, cette paire a été prise sur l’oxer 7b, mais n’a sûrement pas à rougir de sa performance, qui lui a offert la huitième place.
 
Autre surprise, tout aussi réjouissante, la neuvième place de Kevin Staut. Si l’on a bien compté deux fautes à l’arrivée, sur les deux derniers obstacles, on ne saurait reprocher au Normand de ne pas encore maîtriser toute la gamme technique avec Edesa’s Cannary, un Holsteiner de dix ans qu’il ne monte que pour la… deuxième fois en concours après avoir bouclé trois tours de travail il y a six semaines à Vérone. Kevin n’étant pas invité à défendre son titre dans la finale du Top Ten, il pourrait bien miser sur ce hongre dans le Grand Prix dominical.
 
Au tour initial, le nouveau couple a laissé une fort belle impression, en dépit d’une touchette sur le vertical 7c, là même où avait fauté Pénélope Leprevost avec Vancouver de Lanlore, concédant également un point de temps. À ce stade, Nicolas Delmotte n’a guère été plus chanceux avec Ilex VP, fautif sur le vertical 12. Le Nordiste a toutefois validé son ticket pour l’épreuve reine, tandis que la Normande devra retenter sa chance samedi dans les deux dernières épreuves qualificatives qui lui seront ouvertes. Notons enfin la petite forme des Suisses dans cette épreuve. Comme souvent, le meilleur d’entre eux a été Steve Guerdat, battu sur l’entrée du triple avec son prometteur Vénard de Cerisy. Demain soir, ils seront deux dans le Top Ten, avec de grandes chances de succès: Steve avec Albführen’s Bianca et Martin Fuchs sur son fidèle Clooney 51.
 
Les résultats du trophée de Genève
Le parcours du trophée de Genève