“Continuer à moderniser le Jumping de La Baule tout en le reconnectant à son histoire”, Pierre de Brissac
Depuis plus de soixante ans, le Jumping international de La Baule, en Loire-Atlantique, attire les plus grands cavaliers de saut d’obstacles au monde. Cette année encore, l’Officiel de France (CSIO 5*), qui se tiendra du 8 au 11 juin sur la mythique pelouse du stade François-André, offrira à son public un spectacle à nul autre pareil. À huit jours du coup d’envoi, Pierre de Brissac, président de la Société des concours hippiques de La Baule, évoque les nouveautés de cette édition 2023, dont le tant attendu Trophée des légendes, et se confie sur l’avenir de ce rendez-vous résolument indémodable.
Comment se déroulent les préparatifs du Jumping international de La Baule?
Pour l’instant, tout se passe très bien. J’ai le sentiment que nous sommes désormais bien rodés. J’ai la chance de pouvoir m’appuyer sur une équipe véritablement opérationnelle. Fleur Leroyer, Quentin Dabir et Célia Langlais effectuent un travail remarquable. Tous les voyants sont au vert pour cet Officiel de France, statut qui nous tient tant à cœur. Cette année, l’une des grandes nouveautés est l’arrivée du groupe Barrière parmi les partenaires de notre événement, aux côtés notamment de Rolex, Moët & Chandon et la Saur, qui figuraient déjà parmi nos partenaires l’an dernier. Nous en sommes très, très heureux de cette nouvelle collaboration.
Ce partenariat est un très beau signal pour l’avenir du sport, mais aussi pour celui de la Coupe des nations, épreuve emblématique des CSIO…
Exactement. L’Officiel de France se tient à La Baule depuis trois décennies sans discontinuer. Cette année, nous souhaitions redonner ses lettres de noblesse à cet épreuve à travers un partenariat avec une très belle maison, nourrie de valeurs et d’histoire, qui coïncident avec l’image prestigieuse de la France qui rayonne à l’échelle mondiale. L’histoire du groupe Barrière est intimement liée à celle de François André (fondateur du groupe Barrière en 1912, François André a grandement contribué au développement de la station balnéaire de La Baule-Escoublac, ndlr), dont notre stade équestre honore le nom. Ainsi, nous voulions retrouver un partenaire historique afin de renouer avec ceux qui ont fait de ce concours ce qu’il est aujourd’hui.
Je ne suis qu’un trait d’union entre mon prédécesseur, Rémi Cléro (qui a présidé la Société des concours hippiques de La Baule de 2012, après le décès de René Pasquier, à 2020 , ndlr), et celle ou celui qui me succèdera, mais il me tient à cœur de reconnecter le concours à ses racines. Notre sport a besoin de renouer avec son histoire, et celle-ci a été écrite par tous les grands cavaliers qui ont fait la splendeur de La Baule et par le groupe Barrière (le Jumping de La Baule, tel qu’on le connaît, a vu le jour en 1960 lorsque François André, oncle de Lucien Barrière, a cédé les terrains du stade à la ville de La Baule, ndlr). Pour toutes ces raisons, je suis très heureux d’avoir signé un partenariat avec Alexandre Barrière (actuel président du groupe, ndlr), qui adhère à la philosophie de notre sport, fondée sur une histoire et une tradition ancestrale qu’on ne peut pas mettre de côté.
Une fois encore, la Coupe des nations promet du grand sport avec dix belles équipes: Allemagne, Belgique, Brésil, France, Grande-Bretagne, Japon, Irlande, Pays-Bas, Suède et Suisse…
Oui, et je me réjouis de la présence du Japon (qui a suppléé au forfait de l’Italie, ndlr), car cela montre que notre sport s’ouvre au-delà des frontières de l’Europe. Nous nous préparons un vibrer lors de la Coupe des nations, désormais soutenue par le groupe Barrière, mais aussi du Rolex Grand Prix et du fameux Derby de la région des Pays-de-la-Loire. Ce sont évidemment nos trois épreuves majeures, mais tout le programme sportif promet du grand spectacle au public.
Concernant le programme, cette année, la principale nouveauté est le Trophée des légendes Platinium Sellier présenté par les Sports équestres militaires, une épreuve caritative au profit de la Ligue de protection du cheval disputée sous la forme d’une finale tournante qui opposera Markus Fuchs, Lesley McNaught, Frédéric Cottier et Éric Navet. Comment est née cette belle idée?
Elle est venue d’une discussion avec Fleur Leroyer, notre directrice opérationnelle. En 2022, nous avions accueilli des parachutistes militaires, qui avaient été largués au-dessus du stade juste avant le Derby. Cette année, nous voulions quelque chose de nouveau. Fleur a proposé cette excellente idée et nous lui avons donné corps grâce à Frédéric Cottier, notre directeur sportif, qui s’est beaucoup investi pour organiser ce Trophée, contacter et convaincre ces anciens cavaliers de jouer le jeu. C’était un vrai défi alors je tiens à le remercier très chaleureusement. Nous sommes très heureux d’étrenner ce concept, couronné de succès dans les grands tournois de tennis, mais totalement inédit dans le monde équestre. Et nous avons hâte de voir ces immenses champions remettre le pied à l’étrier. Cette épreuve aura lieu le samedi soir à 19h, et sera suivie d’une séance de dédicaces des cavaliers, à l’espace VIP de Moët & Chandon, qui sera accessible à tous, afin de permettre au public d’être au plus près des légendes. Les bénéfices récoltés grâce aux ventes d’affiches seront reversés à la Ligue de protection du cheval, ce qui nous tient à cœur. Ce Trophée des légendes est une autre façon de remettre l’histoire sur le devant de la scène. Sans ces champions, La Baule ne serait pas ce qu’elle est aujourd’hui.
“C’est grâce au public que les cavaliers vivent des moments d’émotion aussi intenses”
La programmation du concours au mois de juin, testée en 2021 durant la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19, a été confirmée cette année, mais aussi en 2024 et 2025. Elle semble ne présenter que des avantages…
Oui, je le crois. Cela nous avait été demandé par les cavaliers, et je suis très heureux d’avoir obtenu cette date. À cette période, la ville de La Baule est plus calme qu’au mois de mai, notamment en termes d’occupation des capacités hôtelières, ce qui n’est pas négligeable compte tenu de nos besoins. Surtout, en juin, notre terrain en herbe est de meilleure qualité: il est plus consistant par rapport au mois de mai où les nuits peuvent encore être un peu froides et humides. Aujourd’hui (entretien réalisé jeudi soir, ndlr), j’ai passé plusieurs heures sur le terrain avec le responsable de la mairie et nous avons fait le point sur plusieurs critères, dont l’humidité du sol. Le terrain devrait être très bon cette année. Je suis heureux de voir que les cavaliers restent fidèles au concours.
Fin avril, la Fédération équestre internationale (FEI) a annoncé vouloir réformer sa série des Coupes des nations, qui deviendra la Ligue des nations Longines. Même si le CSIO 5* de La Baule, qui a pris son indépendance vis-à-vis de ce circuit, n’en fera pas partie, quel regard portez-vous sur ce nouveau concept?
Les grands cavaliers avec lesquels j’ai la chance de pouvoir m’entretenir sont tous très attachés au concept de Coupe des nations, épreuve en deux manches où s’opposent des équipes de quatre couples dont on ne retient que les trois meilleurs scores. L’essentiel est là, et il est ici encore question de respect des traditions. Je suis très heureux que le Jumping international de La Baule ait pu conserver le statut d’Officiel de France, attribué par la Fédération équestre française (FFE). Je remercie d’ailleurs son président, Serge Lecomte, qui m’a fait confiance il y a trois ans lorsque j’ai succédé à Rémi Cléro. C’est un homme de parole qui semble satisfait de ce que nous faisons. Nous serons d’ailleurs très heureux de l’accueillir, ainsi que tous les présidents des comités régionaux d’équitation. La FEI souhaite lancer un nouveau concept. Tant mieux, dès lors que cela n’altère pas notre sport et qu’une certaine cohérence demeure entre nos projets respectifs. J’espère simplement que les dates ne se concurrenceront pas.
Cette année, le Jumping international de La Baule se tient le même week-end que celui de Cannes. François Bourey, président du comité d’organisation, s’est exprimé à ce sujet il y a quelques jours. Ces deux événements français n’auraient-ils pas intérêt à mieux coordonner leur programmation?
Concernant le calendrier, la décision finale revient à la FEI. Avant même que les organisateurs du Jumping de Cannes ne décident de reculer d’une semaine leur événement, nous avons proposé que l’Officiel de France ait lieu en juin pour répondre à la demandes des cavaliers et offrir à leurs chevaux une piste en herbe de la meilleure qualité possible. Assurer un terrain de qualité est un enjeu de bien-être animal, auquel toutes les parties prenantes de ce sport sont attachées. À Cannes, la météo est plus clémente et le concours se dispute sur une piste en sable, ce qui offre plus de flexibilité aux organisateurs. Aujourd’hui, le nombre de concours de niveau 5* ne cesse d’augmenter partout dans le monde, ce qui génère forcément des difficultés de programmation. J’ose à peine imaginer ce qu’il en sera une fois la nouvelle Ligue des nations créée.
Quoi qu’il arrive, les tribunes du stade François-André seront pleines à craquer, comme chaque année…
Je l’espère et n’en doute pas. L’accueil du public est inscrit dans l’ADN de notre événement. L’entrée est toujours gratuite, ce qui est rare s’agissant d’un concours de niveau 5*. Les cavaliers le disent toujours: c’est grâce au public qu’ils vivent des moments d’émotion aussi intenses. Nous avons la chance d’avoir public de connaisseurs, qui vivent les épreuves avec leur cœur. Nous y sommes très attachés et il va sans dire que nous avons hâte de les retrouver!