“En créant un lien avec un cheval, il donne le double, voire le triple à son cavalier”, Elisa Chimirri

Vendredi dernier sur la place de Sienne, à Rome, Elisa Chimirri a signé son premier sans-faute en 5* à l’occasion du prestigieux CSIO 5* de Rome. Âgée de presque vingt ans, la Franco-italienne a surpris son monde associée à son fidèle Calandro. Championne de France des As Juniors en 2019 à Mâcon-Chaintré, Elisa Chimirri poursuit depuis son cursus sous bannière italienne, ayant depuis décroché les médailles de championne et vice-championne Juniors d’Italie en 2020 et 2021, puis le bronze en catégorie Jeunes Cavaliers en 2022. Un choix sportif qui pourrait lui ouvrir des portes, et lui a permis de se rapprocher de son père, le cavalier Bruno Chimirri.  



Elisa Chimirri en selle sur Calandro à l’occasion de la Coupe des nations Jeunes à Kronenberg, le 22 septembre 2021

Elisa Chimirri en selle sur Calandro à l’occasion de la Coupe des nations Jeunes à Kronenberg, le 22 septembre 2021

© Sportfot

Quel est votre retour du CSIO 5* de Rome, où vous avez été classée treizième d’une épreuve à 1,55m avec Calandro ?  

Ma participation au CSIO 5* de Rome était très inattendue. Il n’y a que deux places pour les Jeunes Cavaliers et la première avait déjà été attribuée. Il n’en restait donc qu’une seule et je ne pensais pas qu’elle me serait attribuée. J’ai reçu la convocation deux semaines avant le concours, j’étais aux anges ! Pouvoir participer à un concours comme celui-ci est une opportunité énorme. Je savais que mon cheval était taillé pour ce genre d’épreuves donc il n’y avait pas de raisons que ça se passe mal à Rome. Étant donné que depuis le début de la saison notre objectif est d’aller aux championnats d’Europe Jeunes Cavaliers, Calandro avait été travaillé pour ce genre d’épreuves et était prêt. Malgré la pression de monter sur la place de Sienne, tout s’est très bien passé. Le premier jour, nous avons participé à une épreuve à 1,45m. Nous avons bouclé la première phase avec un seul point de temps, ce qui nous a privés de la seconde. Calandro avait très bien sauté et j’étais vraiment contente de notre parcours. Le vendredi, je me suis élancée dans la qualificative du Grand Prix. J’ai pris la décision de ne pas participer au Petit Grand Prix car j’ai trouvé cela trop risqué pour ma première épreuve à 1,55m, compte tenu de la technicité des parcours du CSIO 5* de Rome. Finalement, tout s’est très bien passé dans la qualificative. Je suis vraiment contente du week-end. 

Combien de chevaux avez-vous ? Sur combien d’entre eux pouvez-vous compter ? 

Actuellement, j’ai six chevaux sous ma selle dont trois jeunes entre cinq et sept ans, qui ne sont pas encore prêts à sortir sur de très grandes épreuves. Si tout se passe bien, mon cheval de sept ans devrait concourir à 1,45m d’ici quelques temps. Il y a deux jours, mon père (Bruno Chimirri, qui a notamment défendu les couleurs de l’Italie à trois reprises aux championnats d’Europe et aux Jeux olympiques d’Athènes, en 2004, ndlr) m’a gentiment confié Je Suis Godot d’Acheronte (ISHS, Toulon x Corland), un étalon de huit ans qui a déjà pris part à des épreuves comptant pour le classement mondial. Étant donné que mon père avait déjà deux chevaux avec lesquels concourir, il a décidé de me confier ce cheval afin de voir ce que ça peut donner. Nous allons apprendre à nous connaître mais je pense que nous pourrons sortir sur de belles épreuves. Dans une semaine, nous concourrons pour la première fois ensemble, dans de petites épreuves, pour que le couple se forme. J’ai également une jument, Lady Casall Della Verdina (ISHS, Casall x Quinar), mais elle est un petit peu moins compétitive que mes autres chevaux. J’ai enfin Calandro (Z, Calato x Sandro Boy), mon cheval de tête. 

Elisa Chimirri et Calandro lors de la qualificative du Grand Prix à l’occasion du prestigieux CSIO5* de Rome , le vendredi 26 mai 2023

Elisa Chimirri et Calandro lors de la qualificative du Grand Prix à l’occasion du prestigieux CSIO5* de Rome , le vendredi 26 mai 2023

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“Je suis vraiment reconnaissante et m’estime chanceuse d’avoir un tel cheval”

Elisa Chimirri aux rênes de Calandro lors de l’épreuve à 1,45m à l’occasion du CSIO 5* de Rome, le jeudi 25 mai 2023

Elisa Chimirri aux rênes de Calandro lors de l’épreuve à 1,45m à l’occasion du CSIO 5* de Rome, le jeudi 25 mai 2023

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Comment avez-vous rencontré Calandro ?  

Lorsqu’il avait quatre ans, Calandro se trouvait dans les écuries de ma mère (Blandine Galet Roux propriétaire de l’écurie Horses Competition Concept à Marlieux, au cœur de la Dombes, en Auvergne-Rhône-Alpes, ndlr). Un jour, mon père est venu essayer des chevaux et a alors repéré Calandro, qui avait cinq ans à l’époque. Après ce rachat, Calandro est parti quelques temps aux Pays-Bas, où il a été monté et valorisé. Par la suite, mon père l’a récupéré et sorti un peu en concours, mais j’ai rapidement pris le relai. Au début, je ne le montais que pendant les vacances scolaires, lorsque je venais chez mon père. Nous savions qu’il avait du potentiel mais nous ne pensions pas qu’il irait aussi loin. À six ans, il est difficile de prédire ce qu’un cheval va pouvoir faire. Nous savions qu’il irait au moins jusqu’à 1,45m, mais il s’est révélé bien meilleur que nous ne le pensions. Nous étions surtout partis du principe que c’était un bon premier jeune cheval à faire évoluer. Les premiers concours ensemble s'étaient très bien passés et je l’ai alors ramené en France pour continuer à évoluer. À sept ans, Calandro est retourné auprès de mon père, en Italie. Ils ont couru plusieurs épreuves à 1,40m et 1,45m avant que je ne vienne vivre en Italie. J’en ai alors repris les rênes et fait quelques concours avant de prendre part aux championnats Juniors. Nous étions partis pour l’expérience, mais à notre grande surprise, nous avons gagné. À partir de là, notre carrière sportive est allée crescendo. Calandro m’offre vraiment beaucoup ! Nous avons un super lien, je suis vraiment reconnaissante et m’estime chanceuse d’avoir un tel cheval. Nous avons grandi ensemble, sa première épreuve à 1,50m était aussi une première pour moi. Je suis fière de lui ! Sans lui, je n’en serai pas là aujourd’hui et je l’en remercie. 

Votre père, Bruno Chimirri, est également cavalie. Votre passion pour les chevaux vient-elle de lui ?  

Ma mère monte également à cheval, mais elle habite en France, où elle a ses propres écuries. Il s’agit des anciennes installations d’Hubert Bourdy (champion du monde par équipes en 1990 et illustre marchand de chevaux, disparu en 2014, ndlr), à Marlieux, dans le département de l’Ain, en région Hauts-de-France. Avec mes deux parents passionnés de chevaux et cavaliers professionnels, j’ai toujours baigné dans le milieu équestre. Voir mes parents avec des chevaux toute la journée m’a tout simplement donné envie de faire comme eux. C’est eux qui m’ont tout appris à cheval. Jusqu’à mes seize ans, ma mère m’a coachée, mais depuis que je vis en Italie, mon père a pris le relai. Mon petit frère, Edoardo, monte également à cheval. Il concourt en France et commence à sortir sur de belles épreuves en 1,35m et 1,40m. 

Pourquoi avoir choisi de vous installer en Italie ? Retournez-vous régulièrement en France ?  

Je vis en Italie depuis quelques temps maintenant. Je voulais essayer pour voir si je m’y plaisais, et finalement, je me suis parfaitement bien trouvée ici. Je retourne tout de même en France de temps en temps pour venir voir ma mère, ma famille, ma petite sœur et mon petit frère.  

: Elisa Chimirri et Calandro dans le Grand Prix à 1,45m lors de la finale de la Coupe des nations Jeunes à Kronenberg, le 22 septembre 2021

: Elisa Chimirri et Calandro dans le Grand Prix à 1,45m lors de la finale de la Coupe des nations Jeunes à Kronenberg, le 22 septembre 2021

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“J’ai la chance d’être née dans une famille qui travaille déjà dans le monde équestre”

 

Souhaitez-vous faire de l’équitation votre métier ? 

Je suis allée jusqu’au baccalauréat, que j’ai obtenu avec mention bien. Après le lycée, je ne savais pas si je voulais poursuivre mes études. J’ai alors décidé de me consacrer pendant une année aux chevaux pour voir si je voulais en faire mon métier ou pas. Après cette année, je me suis rendu compte que c’était vraiment cela que je voulais faire. Chaque jour, j’ai envie de me donner à fond pour réussir. J’ai la chance d’être née dans une famille qui travaille déjà dans le monde équestre et cela est vraiment très important, car sinon il est très difficile de gagner sa vie avec les chevaux. Mon père me soutient au quotidien pour réussir et c’est une chance que malheureusement beaucoup de personnes n’ont pas. Mon père et moi faisons un peu de commerce, je l’aide de temps à autres avec le coaching mais je vis également grâce aux concours.  

Avez-vous d’autres passions ? 

Je fais plein de choses. Je m’entretiens physiquement en dehors de l’équitation, généralement le matin ou alors le soir quand je rentre. J’aime également passer du temps avec mes amis?; on sort, on se retrouve en concours, on organise des activités ensemble… 

Quels sont vos objectifs pour la suite de la saison ?  

J’aimerais participer aux championnats d’Europe Jeunes Cavaliers. J’espère être sélectionné donc je croise les doigts. Je pense que cette année, je suis vraiment prête pour ce championnat et je crois que je pourrais performer. De tout façon, je ne veux pas y aller sans but, mais vraiment pour montrer que Calandro et moi sommes prêts pour ce genre de compétition. J’aimerais aussi continuer les CSI 3* en essayant de me classer. Cela étant, le niveau est assez élevé donc performer dans ces épreuves serait vraiment super. Pour mes jeunes chevaux, l’idée est de continuer à les faire évoluer en espérant qu’ils pourront épauler Calandro et qu’ils seront aussi bons que lui. Je prends le temps, le plus important pour moi est de créer un lien avec les chevaux car je m’attache beaucoup à tous ceux que je monte. Je ne sais pas si c’est toujours bien étant donné que certains sont destinés au commerce (rires). La relation cavalier-cheval est vraiment très importante à mes yeux. Souvent, en créant un lien avec un cheval, il donne le double, voire le triple à son cavalier.  



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