La Suisse conserve son titre et la France prend de l’expérience à Saint-Gall
La Suisse a conservé son titre dans la Coupe des nations du CSIO 5* de Saint-Gall, hier soir sur sa pelouse du Gründenmoos. Au terme d’un barrage haletant entre Martin Fuchs et Yuri Mansur, la confédération helvétique a devancé le Brésil. Suivent l’Allemagne, la Grande-Bretagne et la France, créditée d’une seconde manche parfaite après un premier acte pénalisé de seize points dans cette étape inaugurale de la Division européenne du circuit FEI Longines.
L’ESSENTIEL
En 2022 à Saint-Gall, la Suisse avait mis fin à vingt-deux ans de disette en renouant enfin avec la victoire dans “SA” Coupe des nations. Heureusement pour cette équipe, ses cavaliers, son encadrement, et surtout pour le public de ce concours de tradition, il n’a pas fallu attendre deux nouvelles décennies pour réentendre le Cantique suisse retentir à l’issue de l’épreuve par équipes de l’Officiel de Suisse, première étape de la Division européenne du circuit FEI Longines. Hier soir, les Helvètes ont brillamment conservé leur titre, devant une tribune et des buttes relativement bien garnies, même si l’on attend encore plus de public ce soir pour la Grande Chasse et demain après-midi pour le Grand Prix Longines. Il a fallu un barrage pour départager la nation hôte, pénalisée de quatre points en première manche, avant d’aligner trois sans-faute dans la seconde, et le Brésil, qui a suivi le chemin inverse. Exempté de première manche, Pedro Veniss, leader de l’équipe auriverde, a dû arracher cette finale au chronomètre lors d’un dernier parcours superbe de maîtrise et de légèreté en selle sur Nimrod de Muze.
Les binômes formés d’un côté par Thomas Fuchs, entraîneur-sélectionneur, et Michel Sorg, chef d’équipe, et de l’autre par Philippe Guerdat et Pedro Paulo Lacerda, chargés des fonctions similaires, ont alors décidé que ce duel opposerait Martin Fuchs et son crack Leone Jei, crédités jusqu’alors de quatre puis zéro point, à Yuri Mansur et Miss Blue-Saint Blue Farm (zéro puis quatre), jument Brésilienne de dix ans qui a disputé là sa première Coupe des nations. L’ancien numéro un mondial et champion d’Europe a alors signé un barrage rapide et vierge de toute pénalité. Loin de s’avouer vaincu, le récent quatrième de la finale de la Coupe du monde Longines, en avril à Omaha avec Vitiki, s’est même montré plus rapide, mais… il n’a pu empêcher une faute de sa pépite sur le dernier vertical du parcours. Au bout du suspense, la confédération helvétique a donc devancé le Brésil. Suivent l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la France, les prometteuses équipes d’Autriche et du Danemark, tandis que les Pays-Bas ont fermé la marche.
LES BLEUS
Sans aucun mauvais parcours, la France a concédé seize points en première manche, avant de signer trois sans-faute de très bonne facture dans la seconde. Il faut dire qu’en dehors de Nicolas Delmotte et Ilex VP, les couples tricolores ont tous vécu leur première Coupe des nations de niveau 5*. Aussi est-il particulièrement positif de les avoir vus “corriger” leurs erreurs d’un acte à l’autre. Battus sur le très fautif vertical 5, aux couleurs de l’arc-en-ciel et défendu par une palanque, puis l’élément 6b du triple oxer-vertical-vertical, Mégane Moissonnier et Bracadabra ont franchi sans histoire cette phase du parcours de l’excellent Suisse Gérard Lachat, avant, hélas, de renverser le vertical 11a du double refermé par un épais oxer. Une première pleine d’enseignements et de promesses pour la cavalière de Laurent Guillet et le hongre de douze ans. Tous deux piégés sur l’oxer 11b, comme tant d’autres concurrents, Olivier Perreau et François-Xavier Boudant ont parfaitement gommé cette faute en seconde mi-temps, la jeune GL events Dorai d’Aiguilly et le très régulier Brazyl du Mézel laissant une très belle impression sur la grande piste en herbe du Gründenmoos. Habitué de Saint-Gall où il a contribué aux trois dernières victoires françaises, en 2010 avec Luccianno, en 2019 avec Urvoso du Roch et en 2018 avec Ilex VP, qu’il a donc monté hier, Nicolas Delmotte s’est laissé surprendre par le 11a, mais aussi le dernier vertical, comme Martin Fuchs et trois des quatre couples allemands, avant de remettre les pendules à l’heure en fin d’épreuve. L’équipe de France aurait pu mieux faire, bien sûr, mais elle n’a pas à rougir de sa prestation. Et on attend une tout autre équipe vendredi prochain à La Baule pour la Coupe des nations Barrière de l’Officiel de France.
LES TOPS
Trois couples se sont partagé les 50.000 euros promis à ceux qui ont bouclé les deux manches sans la moindre faute. Coup de chapeau à Dubaï du Bois Pinchet et Bryan Balsiger, qui s’est en quelque sorte racheté de son attitude quelque peu trop téméraire dimanche dernier en seconde manche du Grand Prix CSIO 5* Rolex de Rome. Cette performance est d’autant plus notable pour lui qu’il a remplacé à l’avant-dernière minute Pius Schwizer, forfait en raison de la blessure de Vancouver de Lanlore. Coup de chapeau aussi à Vénard de Cerisy et Steve Guerdat, auteurs de deux manches superbes, ce qui n’est jamais facile lorsqu’on part en dernier. Cette performance est d’autant plus méritoire que le Jurassien avait plutôt imaginé monter Dynamix de Belhême, appelée à devenir son cheval de tête mais qu’un champignon a enquiquiné pendant plusieurs semaines. Et coup de chapeau, enfin, à Major Tom, le nouvel espoir d’une légende vivante de l’équitation, un certain Rodrigo Pessoa. Le Brésilien n’avait plus réussi de double sans-faute dans une épreuve par équipes depuis ses fabuleux Jeux équestres mondiaux de Lexington en 2010 avec HH Rebozo La Silla, même s’il s’en était grandement rapproché en 2021 au CSIO 4* de Wellington sur Carlito’s Way 6 (zéro puis un point). Au-delà de cette statistique un peu anecdotique, on retiendra surtout la manière et l’attitude de cet élégant duo, attendu la semaine prochaine à La Baule.
LES FLOPS
Dominik Juffinger a vécu un rude apprentissage du haut niveau tel qu’on n’en souhaite à personne. En selle sur Diachacco, un étalon de onze ans au tempérament visiblement assez fort, ce cavalier autrichien de vingt-deux ans, qui a participé à quatre reprises aux championnats d’Europe Jeunes, a été éliminé en première manche en raison de deux refus, avant de produire une seconde prestation à peine meilleure et pénalisée de trente-huit points. Fort heureusement, le public connaisseur de Saint-Gall ne lui en a pas tenu rigueur, mais la marche était sûrement trop haute pour un cavalier sans référence à plus d’1,50m, même si son partenaire, formé par la championne du monde allemande Simone Blum, en a sûrement le potentiel.
Cette après-midi s’est également avérée bien difficile pour deux des quatre couples néerlandais. Ainsi, Loewie Joppen rêvait sûrement d’une meilleure issue avec Havel van de Wolfsakker, lui qui a disputé hier sa première grande Coupe des nations à l’âge de… cinquante-neuf ans. Hélas, la paire a renversé les 5, 6a et 12 en première manche, avant d’encaisser vingt-cinq points au second acte en raison d’une grosse incompréhension à l’abord du vertical 9, qui suivait la rivière, d’une faute sur les barres de Spa placées en 10 et d’une volte devant le double. De manière plus surprenante, Sanne Thijssen et Con Quidam RB, d’ordinaire si réguliers et harmonieux, ont lâché quatre puis douze points, renversant les trois derniers obstacles. Au-delà des scores, on a senti l’étalon de dix-sept ans pas vraiment dans son assiette… Souhaitons-lui de revivre des jours plus glorieux, lui qui compte à son actif vingt-cinq victoires internationales, dont les Grands Prix CSIO 5* de Rotterdam er 5* de Madrid.