À La Baule, Éric Navet, Frédéric Cottier, Markus Fuchs et Lars Nieberg ont fait vibrer petits et grands dans le Trophée des légendes

Ce soir, le public du stade François-André est resté agglutiné dans les tribunes pour vibrer au rythme du Trophée des légendes, la nouvelle épreuve de l’Officiel de France de La Baule. Imaginée par Frédéric Cottier, qui y a pris part aux côtés de l’Allemand Lars Nieberg, du Suisse Markus Fuchs et du Français Éric Navet, cette exhibition a permis aux plus anciens passionnés de revoir leurs idoles de jeunesse à cheval, et aux plus jeunes de découvrir l’équitation de quelques-unes des plus grandes légendes du jumping. Un pari réussi, qui a fait souffler un air de renouveau dans l’un des plus historiques CSIO!



Frédéric Cottier, l'initiateur de cette nouvelle épreuve.

Frédéric Cottier, l'initiateur de cette nouvelle épreuve.

© Scoopdyga

“Ce ne sont pas des vieux, ce sont des légendes!”, réprimande, dans un éclat de rire, un père à son fils, quelques heures avant le top départ du Trophée des légendes, la toute nouvelle animation de l’Officiel de France de La Baule. S’il ne s’agissait pas d’une épreuve officielle, dans laquelle les barres étaient montées jusqu’à 1,30m, celle-ci était peut-être autant attendue qu’une épreuve du CSIO 5*! Imaginée par Frédéric Cottier et Fleur Leroyer, membre de l’équipe d’organisation, cette exhibition inédite a remis à cheval quelques-uns des plus grands cavaliers du siècle dernier, sous la forme d’une tournante, comme jadis aux Jeux équestres mondiaux (JEM). Un défi de taille pour l’Allemand Lars Nieberg, le Suisse Markus Fuchs et les Français Frédéric Cottier et Éric Navet, illustres anciens médaillés de jumping, qui n'évoluent plus à haut niveau voire ne montent plus du tout depuis de nombreuses années. “Je veux vraiment remercier les trois cavaliers qui ont accepté de participer à cette épreuve inédite”, a tenu à souligner Frédéric Cottier hier soir, lors d’une conférence de presse organisée en amont. “Il faut comprendre que quand on a soi-même sauté des Coupes des nations et des Grands Prix du niveau que nous avons à La Baule, on n’a pas forcément envie d’écorner notre égo ou notre image… ou de faire une georgette (rires)! L’important ne sera pas de gagner, mais de faire plaisir au public et à nous-mêmes.” 

Et pour cause, ces quatre-là affichent de sacrés palmarès! 

Lars Nieberg: deux médailles d’or olympiques par équipes à Atlanta en 1996 avec le renommé For Pleasure, et à Sydney en 2000 avec Esprit FRH, l’or par équipes aux JEM de Rome en 1998 avec Esprit FRH, l’or par équipes et une quatrième place individuelle aux Européens de Mannheim en 1997 avec For Pleasure, ainsi que trois podiums en finales de la Coupe du monde avec For Pleasure, Esprit FRH et Lucie 55. 

Markus Fuchs: une médaille d’argent par équipes aux JO en 2000 avec Tinka’s Boy, une médaille de bronze par équipes aux JEM de La Haye en 1994 avec Interpane Goldlights, six médailles par équipes aux championnats d’Europe avec Shandor, Tinka’s Boy et La Toya III, et trois podiums en finales de la Coupe du monde, dont une victoire à Göteborg en 2001. 

Frédéric Cottier: une médaille de bronze par équipes aux Jeux olympiques de Séoul en 1988 avec Flambeau C, l’or par équipes aux Mondiaux de Dublin en 1982 puis l’argent par équipes aux Mondiaux d’Aix-la-Chapelle en 1986 avec Flambeau C, ainsi qu’une médaille de bronze en individuel aux Européens de Hickstead en 1983. 

Éric Navet: le bronze par équipes aux Jeux olympiques de Barcelone en 1992 avec Quito de Baussy, l’or par équipes et en individuel aux JEM de Stockholm en 1990 avec Quito de Baussy, l’argent par équipes aux JEM de La Haye en 1994 et de Rome en 1998 avec Quito de Baussy et Atout d’Isigny, l’or par équipes et l’argent individuel aux JEM de Jerez de la Frontera en 2002 avec Dollar du Mûrier, le bronze par équipes aux Européens de Gijón en 1993, et évidemment, l’or individuel aux Européens de La Baule, en 1991, avec Quito de Baussy…



Il avait fait sienne cette piste en 1991, il recommence en 2023…

Paul et Françoise Caro sont heureux d'avoir pu faire dédicacer cette photo d'époque par Éric Navet et Frédéric Cottier.

Paul et Françoise Caro sont heureux d'avoir pu faire dédicacer cette photo d'époque par Éric Navet et Frédéric Cottier.

© Yeelen Ravier

Même si la compétition n’était franchement pas le principal attrait de cette épreuve ô combien excitante, il faut bien dire qu’Éric Navet a livré une véritable démonstration… Le multimédaillé, qui a régalé le public de son équitation discrète, précise et efficace, faisant montre d’une main de maître, a aligné quatre sans-faute avec les chevaux prêtés par les Sports Équestres Militaires, Carlina d'Ariel, Chronos du Monceau, Filing Delque et Vaillant d'Orchis. Le Normand s’est imposé devant Markus Fuchs, Frédéric Cottier et Lars Nieberg, qui ont tous livré de belles prestations – même si le dernier a essuyé une petite chute lors de son deuxième passage, sans gravité heureusement. “Je suis très ému ce soir et vous m’avez permis de revivre des moments inoubliables”, a-t-il déclaré au micro, devant une incroyable standing ovation… qui n’est pas étrangère au fait que le Français, qui a vécu ces dix dernières années outre-Atlantique pour coacher le jeune Américain Karl Cook, a récemment annoncé qu’il revenait partiellement en France, où il allait passer davantage de temps qu’avant. “Je suis conscient que les attentes vis-à-vis de cette épreuve ont été au-delà de ce que je croyais initialement”, avait-il confié hier, en conférence de presse. “Cela fait énormément plaisir de voir que les passionnés de sport pensent toujours à nous et ont en mémoire nos grands exploits. C’est avec grand plaisir que nous leur ferons plaisir. J’espère qu’ils nous excuseront en cas de georgettes (rires)!” 

Au-delà du plaisir de découvrir une nouvelle épreuve au programme du CSIO historique qu’est celui de La Baule, il faut dire que cette épreuve a permis à toutes les générations de s’imprégner de la grande histoire du saut d’obstacles. Quand les plus âgés ont eu le bonheur de revoir leurs idoles de jeunesse, qui leur ont fait vivre des émotions inoubliables, les plus jeunes ont pu découvrir l’équitation de ceux qu’ils avaient regardé avec admiration sur les vidéos d’archives. “Quelle belle soirée de sport! Elle nous a rappelé notre jeunesse”, se réjouissent, par exemple, Paul et Françoise Caro, rencontrés de manière impromptue à la sortie du stade François-André. Ils reviennent tout juste d'une séance de dédicaces des quatre mousquetaires, où les queues totalisaient facilement cent personnes! “Nous étions là tous les deux en 1991, aux championnats d’Europe, quand Éric Navet était sacré champion d’Europe sur cette même piste d’ailleurs! C’était incroyable”, se remémorent les deux époux, fans inconditionnels de saut d’obstacles, dont ils suivent assidument l’actualité, avant de sortir de leur portefeuille des photos d’époque, dédicacées par les quatre héros du jour. Et les deux passionnés, dont le mari a d’ailleurs été champion de France des vétérans en 2002, achèvent leur soirée par une rencontre avec Sylvie Navet, la sœur d’Éric, avec laquelle ils prennent une photo… Sacré souvenir! Ils espèrent évidemment que la fête se reproduise en 2024, avec d’autres anciennes stars de la discipline…

De retour partiellement en France, Éric Navet a été reçu comme une véritable star.

De retour partiellement en France, Éric Navet a été reçu comme une véritable star.

© Scoopdyga



Un message subliminal derrière cette belle initiative?

Markus Fuchs et Lars Nieberg avaient aussi accepté de relever le défi!

Markus Fuchs et Lars Nieberg avaient aussi accepté de relever le défi!

© Scoopdyga

Derrière cette épreuve, il faut quand même préciser que se cachait, plus ou moins discrètement, un message subliminal à l'adresse de la Fédération équestre internationale (FEI) et des organisateurs de concours… “Quand je concourais encore, nous étions évidemment invités à tous les concours, et tout était gratuit. Aujourd’hui, ça ne marche plus comme ça…”, témoigne Lars Nieberg, que l’on imagine toujours en premières loges des compétitions grâce à son fils Gerrit, vainqueur du Grand Prix du CSIO 5* d’Aix-la-Chapelle l’année dernière. “C’est vrai qu’à l’époque, la FEI nous donnait tous une carte, qui nous permettait d’accéder à tous les concours”, dit aussi Frédéric Cottier, qui officie au CSIO 5* de La Baule comme directeur sportif. “Quand on prend de l’âge et que l’on arrête de monter, on ne peut plus rentrer dans les concours, sauf à avoir une accréditation d’un cavalier… Cela nous donne parfois l’impression de ne plus compter, alors que l’on a eu de beaux résultats par le passé. En Formule 1, tous les anciens pilotes sont reçus dans les tentes VIP, même après leur carrière! Bref…”

Toutes les épreuves sont diffusées en intégralité sur GRANDPRIX.tv