Cinq cavaliers olympiques et paralympiques lancent le projet “Ensemble vers 2024”

Les yeux rivés vers les Jeux de Paris 2024, Maxime Livio a imaginé un projet nommé Ensemble vers 2024, concrétisé par Adrien Bizouard, directeur des écuries Livio. Regroupant cinq cavaliers représentant les quatre disciplines olympiques et paralympiques, il a pour objectif de favoriser le partage des expériences de chacun en vue de l’événement. À l’occasion d’une première rencontre organisée à Dénezé-sous-Doué, dans le Maine-et-Loire,  ils se sont concentrés sur le para-dressage, la découverte de cette discipline et des deux cavalière paralympique de l’équipe: Marie Vonderheyden et Chiara Zenati. Retour sur cet événement.



Initié par Maxime Livio, puis lancé et animé par Adrien Bizouard, Ensemble vers 2024 regroupe cinq cavaliers français prétendant aux Jeux olympiques de Paris 2024 dans les quatre disciplines équestres représentées. Il a pour objectif de leur permettre d’échanger, techniquement comme humainement, sur leurs pratiques, d’augmenter, de ce fait, la médiatisation générale de l’équitation avec sa pluridisciplinarité, d’établir une nouvelle dimension inclusive, et de présenter un groupe d’athlètes de haut niveau à d’éventuels sponsors. Maxime Livio, Corentin Pottier, Marie Vonderheyden, Chiara Zenati et Kevin Staut forment donc un nouveau type d’équipe pour mieux se préparer à l’événement parisien. Les deux cavalières de para-dressage en ont profité pour présenter leur discipline, leur travail, leur quotidien, mais aussi leurs objectifs lors d’une rencontre aux écuries saumuroises de Maxime Livio.    

Maxime Livio, en tant qu’hôte, mais surtout en tant qu’initiateur du projet, a commencé à rappeler l’histoire d’Ensemble et la manière avec laquelle est né ce groupe. “J’ai toujours été assez frustré, dans ma discipline et dans l’équitation en général, du fait qu’il y ait très peu de passerelles entre les différents univers. Je trouve cela dommage. Nous avons tous la même passion, et nous devrions échanger davantage”, explique le complétiste. “J’ai envisagé une prise d’initiative des cavaliers eux-mêmes et le projet Ensemble vers 2024 a alors vu le jour.” 

Initialement, ce projet avait été envisagé d’une plus grande envergure, mais il se concentrera finalement sur l’équitation. “Davy Delaire et Jean-Luc Force, du département de haute performance de la Fédération française d’équitation (FFE), ainsi Fanny Delaval, conseillère technique nationale en charge du para-dressage, ont été informés de ce projet avant son lancement en janvier 2023 et nous ont témoigné tout leur soutien. Le projet Ensemble vers 2024 pourrait servir d’expérimentation avant un déploiement plus large par la FFE. L’Agence nationale du sport, via Jean-Pierre Guyomarc’h (ancien pentathlonien, ndlr), son référent pour l’équitation, pourra également jouer un rôle de relais important et étendre une telle initiative à d’autres disciplines, comme prévu initialement”, explique Adrien Bizouard



Le para-dressage, entre individualisation et prise en compte de profils variés

Marie Vonderheyden pose ici entre Maxime Livio et sa compagne Mathilde Montginoux, cavalière de saut d’obstacles.

Marie Vonderheyden pose ici entre Maxime Livio et sa compagne Mathilde Montginoux, cavalière de saut d’obstacles.

© Collection privée

Le para-dressage reste une discipline confidentielle, mais les cavalières qui la représentent sont majoritaires au sein de ce regroupement. En organisant une réunion autour de Marie Vonderheyden et de Chiara Zenati, l’objectif était de les mettre en avant en leur laissant la parole. Elles se sont présentées à tour de rôle, évoquant les spécificités de leur sport. Concourant en Grade I, Marie travaille uniquement au pas. En Grades II et III figurent des exercices au pas et au trot, tandis que les couples se présentent aux trois allures en Grades IV et V. Marie est notée sur la présentation de cercles de différentes tailles, de diagonales, ainsi que sur l’allongement et la reprise de rênes. Maxime Livio a pointé “le très haut niveau d’exigence demandé”. En effet, le cheval doit non seulement être parfaitement fiable dans des arènes très regardantes, mais il doit aussi présenter une locomotion parfaite et un contact irréprochable. Il s’agit donc “de mettre en place des codes particulièrement efficients” rappelle-t-il, grâce au travail d’un cavalier valide en amont. Concourant en Grade III, Chiara doit réaliser différents cercles, épaules-en-dedans, demi-pirouettes et arrêts-reculer, ainsi que des allongements au trot. Les Grades valident le degré de handicap de l’athlète pour lui permettre d’effectuer une prestation adaptée. Sébastien Goyheneix, écuyer du Cadre noir, cavalier de Swing Royal*IFCE et entraîneur de Chiara, a rappelé que le grade peut parfois évoluer en fonction de la pathologie de l’athlète qui peut s’aggraver ou s’améliorer. Chaque cavalier est différent: si Marie a subi un accident, avec une phase de comas, lui ayant laissé des séquelles, Chiara, elle, est née avec son handicap.



Une vie d'adaptation

Les deux jeunes femmes ont évoqué leur volonté de poursuivre dans le domaine du handisport, et s’organisent désormais pour aller plus haut encore. Marie est, aujourd’hui, professionnelle de para-dressage, tandis que Chiara étudie à l’IFCE en formation BPJEPS.  Marie était, avant son accident, cavalière de concours complet, et avait rejoint les États-Unis en tant que cavalière jeunes chevaux. Déménageant par la suite chez une cavalière de saut d’obstacles à Wellington, elle a lourdement chuté en promenade. D’abord paralysée totalement du côté droit et présentant de sérieux problèmes de vision, elle fait aujourd’hui partie de ceux qui progressent dans leur handicap et se rééduquent puisque sa motricité s’améliore. Elle a effectué ses premiers concours de para-dressage outre-Atlantique grâce à un système qui y est très développé, puisque les épreuves handisports sont, entre autres, programmées dans les concours valides, puis a décidé de rentrer en France.    

Face aux insuffisances dues au handicap, les jeunes femmes rappellent qu’il existe, matériellement, des adaptations qui doivent être validées par le règlement officiel. Marie travaille ainsi avec une selle totalement sur mesure tandis que Chiara utilise des rênes conçues par l’IFCE spécialement pour qu’elle puisse monter autant en bride qu’en filet, ne pouvant utiliser sa jambe droite et sa main droite. Elle rappelle aussi “l’importance de mettre en place des codes avec son cheval” comme des “codes vocaux pour que le cheval puisse comprendre la demande comme lorsqu’il faut partir au trot ou s’engager dans un allongement.” L’entraîneur de la cavalière explique d’ailleurs qu’“il y a des éléments qu’[il] n’explique pas totalement. La difficulté est que le cheval réponde à la cavalière alors qu’il a été dressé par un cavalier valide.” Il rappelle aussi que, lorsqu’il entraîne le cheval, il le fait “classiquement”, “comme [s’il] le montait pour moi” ajoute-t-il. Sa tactique est plutôt de rechercher à créer diverses situations afin que le cheval comprenne les codes de sa cavalière, “qu’il soit à l’écoute, et ait envie de partager les projets de Chiara.” “C’est donc une éducation complète”, analyse-t-il. Cependant, il rappelle que cette adhésion concerne en fait tout cavalier de compétition puisque “si vous cherchez à performer, vous avez besoin que votre cheval soit votre meilleur ami!”

Marie Vonderheyden et Chiara Zenati ont raconté leur quotidien à un auditoire composé notamment de tous les cavaliers des écuries Livio.

Marie Vonderheyden et Chiara Zenati ont raconté leur quotidien à un auditoire composé notamment de tous les cavaliers des écuries Livio.

© Collection privée



“Elles ont une relation accrue de confiance avec leurs chevaux”, Maxime Livio

À un peu plus d’un an du rendez-vous parisien, les deux athlètes se consacrent à leur préparation. Marie travaille dès le réveil sur des étirements, doit gérer des séances de kinésithérapie, des rendez-vous chez les médecins, et s’entraîne à la salle de sport. Elle monte également à cheval tous les jours, notamment avec d’autres chevaux. Chiara alterne, elle, le quotidien des étudiants du site saumurois, avec, également, des séances de kinésithérapie, d’autres à cheval avec plusieurs montures ainsi qu’une préparation physique et mentale.   

Les deux soulignent qu’elles passent beaucoup de temps avec les chevaux qu’elles présentent en épreuve, et Maxime Livio souligne ce lien, rappelant que les cavaliers des autres disciplines s’organisent, eux, pour travailler un maximum de chevaux. “Si c’est pour avoir de moins bonnes relations avec nos chevaux, c’est à méditer”, compare-t-il cependant. “Elles ont une relation accrue de confiance avec leurs chevaux, elles la cultivent au quotidien”, rappelle-t-il. Aujourd’hui, Marie comme Chiara, recherchent activement de nouveaux chevaux. Maxime Livio insiste “il faut se rendre compte de la difficulté à trouver un cheval dans leur univers. Un valide prend déjà un pari risqué lorsqu’il est dans cette démarche, mais, dans leur cas, la question est bien sûr, comment va évaluer le cheval dans des conditions si particulières ? Comment peut-on envisager de le projeter sur une carrière olympique, avec la pression, en étant sûr qu’il reste contrôlable ?”     

Autant de questions sur lesquelles les cinq membres du projet Ensemble vers 2024 pourront à nouveau se pencher à l’avenir. Pour eux, rendez-vous est pris dans quatre cent sept jours dans les jardins du château de Versailles! Les cinq cavaliers impliqués seront présents au grand complet les 10 et 11 juillet pour une nouvelle session d’échanges.

Jolie photo de famille réunissant trois des cinq cavaliers membres du projet, ainsi que les pensionnaires des écuries Livio et quelques proches.

Jolie photo de famille réunissant trois des cinq cavaliers membres du projet, ainsi que les pensionnaires des écuries Livio et quelques proches.

© Collection privée



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