Au cœur de la conception des casques, entre esthétique, confort et innovation

Incontournable pour tous les cavaliers, le casque est devenu un accessoire « de pointe » auquel les marques accordent une importance capitale. Leur objectif? Assurer au mieux la sécurité des cavaliers bien sûr, mais aussi proposer des modèles seyants et confortables. Comment les acteurs allient-ils ces différentes caractéristiques? Un certain nombre d’entre eux évoquent les coulisses de la production de cet équipement équestre phare.



Une étude américaine publiée en 2021 a démontré que monter à cheval serait davantage risqué que de skier ou de pratiquer la course automobile : 23% des 24 791 personnes reçues en traumatologie entre 2007 et 2016 étaient touchées à la tête, dont un quart ayant subi de graves dommages neurologiques. Ainsi, le port d’un casque est obligatoire en compétition et en centre équestre dans le cadre de l’enseignement et pour les professionnels salariés. Un casque, mais pas n’importe lequel : il doit comporter à l’intérieur de la calotte la mention CE (directive européenne sur les équipements de protection individuelle), preuve que sa conception respecte les normes en vigueur (la VG1 et la CE EN 1384.2017). “La norme CE EN 1384.2022 entrera en vigueur sous peu”, précise Lelia Polini, fondatrice de Kep. Les casques ont été créés et développés à grande échelle, avant tout pour protéger la tête des cavaliers. Par rapport à cette notion de sécurité, les marques se montrent très exigeantes. “La sécurité est notre priorité absolue”, martèle Lelia Polini. “Notre responsabilité au quotidien est de protéger les cavaliers en leur fournissant le meilleur en termes de technologie, de protection, de qualité et d’innovation.” Même son de cloche chez Antarès : “Porter un casque ne remet pas en question votre niveau d’équitation ou le lien que l’on peut avoir avec son cheval. En revanche, il peut éviter des lésions graves, voire mortelles, en cas de choc”, développe Marie Picquet, manager du marketing et de la communication au sein de la maison. Idem chez FreejumpSystem, déjà très impliquée dans l’univers de la sécurité avec ses étriers et son airbag, et lançant au mois de juillet son tout premier casque. “Cette démarche s’inscrit dans la réflexion stratégique de FreejumpSystem de devenir experte à 360 degrés de la protection du cavalier”, explique Damien Aurenche, directeur ventes et marketing de l’entreprise. Pour autant, il ne s’agit pas de négliger la dimension esthétique, car, comme le rappelle Marie Picquet, “l’équitation est un sport au sein duquel la dimension esthétique revêt une importance considérable”. Idem pour le confort, comme le souligne Lelia Polini : “Il faut choisir un casque confortable et léger, de manière à ne jamais gêner le cavalier, que celui-ci ne ressente pas l’envie de l’enlever pour se soulager, qu’il puisse le conserver sur sa tête même s’il se tient à pied à côté de son cheval.”

Les cavaliers semblent faire de plus en plus attention à ces deux critères, comme en témoignent la multiplication du nombre de marques dédiées et de modèles créés au cours de ces dernières décennies. Ainsi, les entreprises mènent des travaux approfondis afin de proposer des modèles innovants alliant ces caractéristiques. “Lors de la conception d’un casque, les priorités sont la sécurité et le confort. Ensuite, nous y ajoutons l’élégance et la distinction”, confirme Pauline Paulh-Manssens, responsable du marketing, de la communication digitale et des relations médias chez Samshield. “Nos casques ont été conçus pour répondre et dépasser les besoins du cavalier.” “La quête du Graal est toujours la même et, a priori, les éléments recherchés sont contradictoires : la sécurité doit être la priorité, puis il faut réussir à minimiser le volume pour des raisons esthétiques, offrir le meilleur confort possible, avec une bonne ventilation, le tout contenu dans un poids devant être le plus léger possible. C’est une belle équation!”, résume pour sa part Xavier Pillet, directeur général de Naca.



Une part belle accordée à l’esthétique

L’équitation est depuis toujours un sport accordant beaucoup d’attention à l’allure. Les marques œuvrent donc à répondre aux attentes des cavaliers concernant l’esthétique des casques qu’elles proposent. Ainsi, elles jouent, par exemple, sur les visières, qui remplissent originellement un rôle sécuritaire. “Une visière doit être souple, notamment pour protéger le nez du cavalier en cas de chute”, précise Marie Picquet. Les concepteurs peuvent également innover via les matériaux, les couleurs, des diamants, les surpiqûres et tout autre élément décoratif n’échappant pas aux modes et tendances. “D’une façon générale, chez Kep, le client dispose de beaucoup de choix pour personnaliser son casque, avec une immense variété de couleurs, textures et peaux… plus de douze mille références au total!”, loue Lelia Polini.

Antarès consacre également une grande importance à la dimension esthétique, comme en témoigne Marie Picquet: “Nous disposons d’un seul modèle, décliné en plusieurs collections. Antarès a été l’un des premiers, en 2007, à proposer un casque doté d’un aspect lisse, ce qui tranchait avec les codes traditionnels. Nous y croyions et avons eu raison! Nous jouons la carte du 100% personnalisable. Nous proposons plusieurs gammes de coloris pour la coque, en versions mate, brillante ou nubuck (une finition du cuir, ndlr). Plusieurs types de visières sont disponibles, et chaque empiècement peut être personnalisé: couleur du cuir, avec ses déclinaisons possibles (lisse, crocodile, galuchat…), surpiqûres, etc. Nous pouvons procéder à des ajouts de strass et apposer un logo sur le triangle ou le bandeau, par exemple. Un graphiste dédié reçoit les désirs du client puis effectue une proposition visuelle, que nous affinons jusqu’à la validation avant que le produit ne parte en production. Depuis le mois de mai, nous proposons aussi un service “entre deux”, avec ce que l’on appelle le semi-custom permettant de choisir une version dans notre gamme et une couleur pour les accessoires.”

Même si ce n’est pas sa vocation première, le casque signé FreejumpSystem fait, lui aussi, la part belle à l’esthétisme. Ainsi, il revêt une allure inédite avec sa partie basse protégeant les tempes (pièce amovible). “Il est possible de choisir entre une version mate ou brillante, et de customiser la coque ainsi que la couche inférieure, que l’on apercevra en transparence à travers les grilles d’aération.” Il en va de même chez Samshield: “Nous proposons un large choix de personnalisations haut de gamme, notamment de l’Alcantara et des cristaux Swarovski. Il existe un grand éventail d’options de combinaisons, qui permet aux cavaliers d’avoir un casque unique correspondant à leur image.” Chez Naca, on personnalise aussi la visière! “Elle se décline en trois tailles, quatre couleurs mates ou brillantes, peinture pailletée, habillée de diamants synthétiques, ou même en carbone pour les grandes tailles.”

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L’importance du confort

Pour bien monter à cheval, le cavalier doit se sentir à l’aise afin de pouvoir se concentrer sur sa relation avec sa monture. Son casque se doit donc d’être confortable afin qu’il ne le gêne en rien… voire qu’il l’oublie! Il s’agit de proposer des casques ajustés, légers et respirants. Afin qu’ils soient les plus douillets possibles, les marques ont généralisé la mise en place de pads ajustables sur leurs modèles. “Nous avons développé une gamme de rembourrages intérieurs conçus pour les différentes formes de tête. Amovible et lavable, ce rembourrage est disponible dans une version d’été, légère et respirante, et dans une autre d’hiver, avec des chauffe-oreilles intégrés. Il existe également en plusieurs épaisseurs de mousse et il est interchangeable – si l’on veut, par exemple, laisser davantage de place pour une queue de cheval ou remonter les cheveux à l’intérieur du casque –, et peut ajuster la profondeur du casque sur le haut de la tête et sur l’avant”, décrit Marie Picquet. Du côté de Samshield, “une étude anthropomorphique approfondie a permis de réduire la pression sur le front pour éviter les maux de tête. Trois tailles de coques sont disponibles. Chacune d’entre elles peut être équipée de mousses intérieures de tailles différentes afin d’obtenir un ajustement parfait à la tête du cavalier. Avec ce système, il est également possible d’accompagner la croissance d’un jeune cavalier. Nos différentes tailles de liners ainsi que les modèles “fermés”, “ouverts” ou “winter”, permettent d’adapter le casque à la morphologie des cavaliers et à leurs habitudes.”

Un casque confortable est un casque qui ne bouge pas. D’où l’importance des points d’attache – qui doivent comporter trois points pour répondre aux normes de sécurité en vigueur. “La forme en Y du système de fixation de nos casques possède des points plus éloignés, réduisant la rotation”, explique la représentante d’Antarès. Le système de rétention, la jugulaire, est également à prendre en compte. Chez Kep, “celui-ci est fait de simili cuir souple et résistant, subissant des tests spécifiques afin de vérifier sa résistance à la traction. Il est fixé à la calotte sur cinq points différents, garantissant que le casque ne se détache pas en cas de chute et continue à protéger le cavalier jusqu’à l’impact avec le sol et après.” Chez Samshield, on met l’accent sur “la jugulaire semi-rigide, empêchant le casque de basculer en cas de mouvement violent”.

Également importante: la respiration, comme l’explique la marque Samshield: “L’air frais est canalisé depuis l’entrée avant jusqu’aux extracteurs arrière du casque. Cette conception génère un flux d’air interne important, évitant la nécessité d’entrées d’air visibles et inesthétiques, et empêchant la transpiration.” Chez Kep, on privilégie des tissus technologiques, hypoallergéniques et anti-statiques. Du côté de FreejumpSystem, on a opté pour deux grilles de ventilation, une avant et une arrière, pour une respiration maximale. On notera que la marque revendique également une légèreté inégalée, avec des produits pesant seulement cinq cents grammes selon Damien Aurenche. Antarès, quant à elle, est la seule sur le marché à proposer des casques avec un intérieur in mold (qui consiste à ce que la coque intérieure en EPS doublé soit solidement soudée à la coque extérieure en ABS) complet, et nettoyable.

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Innover pour allier confort, esthétique et sécurité

Les marques sont constamment en recherche d’innovation afin de proposer des modèles toujours plus sécuritaires, confortables et esthétiques. Samshield, par exemple, “conçoit et fabrique des casques depuis maintenant vingt ans avec le soutien d’un panel de pilotes professionnels, l’expertise de notre équipe de conception spécialisée dans les équipements de sécurité et, enfin, le conseil du laboratoire d’analyses de renommée mondiale, le CRITT. Nous mettons également un point d’honneur à garantir un SAV de qualité, permettant, en cas de chute, une expertise complète du casque afin de déterminer s’il est endommagé ou non”, précise Pauline Paulh-Manssens.

Des innovations majeures sont ainsi apportées en termes de sécurité. Le docteur Fabrice Grangeon, médecin urgentiste ayant collaboré à l’élaboration du casque FreejumpSystem, détaille que “le cerveau est très fragile, et ce d’autant plus autour de la zone temporale, car la boîte crânienne y est plus fine. En cas d’hématome à la suite d’un choc, les cellules du cerveau sont compressées vers l’intérieur, pouvant entraîner de graves séquelles, voire la mort. Le casque FreejumpSystem prend en compte cette zone temporale grâce à la protection basse dont il est doté, en permettant la répartition de l’onde de choc sur une surface plus large. Aussi, si l’extrémité du casque venait à être déformée par le choc, cette protection éviterait que celle-ci se retrouve au contact de cette zone.”

Au-delà de la structure, des innovations majeures sont menées au niveau des matériaux : acier perforé au laser, avec des structures alvéolaires légères et résistantes, aluminium, carbone, acier inoxydable DDQ, Kevlar et polycarbonate… Ces matériaux de pointe visent essentiellement à œuvrer dans le sens de la sécurité. “Nous accordons une grande importance aux matériaux utilisés dans la conception de nos casques, tests de chute à l’appui : de l’acrylonitrile butadiène styrène (ABS) pour la coque extérieure, permettant de disperser l’onde de choc sur la surface du casque, du polystyrène expansé (EPS) pour le calotin, absorbant l’énergie émise par le choc en se rétractant, et du polycarbonate pour la coque in mold, venant protéger le calotin”, décrit Marie Picquet. “Le calotin est “mono-choc”, c’est-à-dire qu’une fois rétracté, il n’absorbe plus l’énergie. Un casque ayant subi un choc peut s’avérer inutilisable. C’est pourquoi nous préconisons de le changer après une chute. C’est en se déformant que le casque absorbe le choc pour préserver la tête du cavalier. C’est également le rôle des marques d’informer, d’éduquer, de faire comprendre.” Chez FreejumpSystem, le casque est constitué de trois couches : “La première en EPS, très épaisse, pour absorber les chocs, une deuxième en polycarbonate, complètement moulée sur la première et destinée à la protection des chocs frontaux, et, enfin, la coque 100 % en carbone.” “La coque intérieure en polystyrène à densité variable assure une excellente dissipation de l’énergie produite lors d’un impact et permet à notre marque de dépasser les normes de sécurité requises”, revendique Samshield.


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Des innovations sont également apportées au niveau des visières, comme chez Naca. “Nous avons développé une visière magnétique très facilement interchangeable”, explique Xavier Pillet. “Nous avons sorti une nouvelle version de l’un de nos modèles phares, le Cromo, avec des innovations de taille ; le client peut désormais changer la visière !”, se réjouit Lelia Polini. “Quatre visières sont disponibles, dont deux sont livrées avec le casque. Ensuite, on peut changer les parties avant et arrière, avec un large choix de couleurs et de finitions. Enfin, nous avons aussi embelli la grille de ventilation.” La marque a également apporté sa touche d’innovation afin de renforcer la sécurité: “Je tiens à attirer l’attention sur un élément important : l’arrière du casque. Chez Kep, ce dernier est plus long que la plupart des autres casques d’équitation afin de protéger une plus grande partie de la nuque et du cou en cas de chute. Nous avons également eu l’idée d’intégrer une puce sous la partie avant, qui permet, après avoir téléchargé l’application dédiée, de lire des informations de santé concernant le cavalier en cas d’accident.”

Si la sécurité demeure la priorité des fabricants, ceux-ci ont bien conscience que les dimensions esthétiques (le casque, comme de nombreux éléments de la tenue du cavalier, constitue un accessoire de mode) et de confort (le but étant de ne même plus se rendre compte que l’on porte un casque sur la tête tant celui-ci est agréable et discret) sont incontournables. Ainsi, grâce à des travaux poussés en recherche et développement, les modèles disponibles sur le marché allient idéalement ces trois caractéristiques.