Julien Épaillard et Donatello d’Auge stratosphériques à Monte-Carlo, où la France signe un carton plein

Julien Épaillard a brillamment gagné le Grand Prix Longines du CSI 5* de Monte-Carlo, ce soir à Monaco. En selle sur Donatello d’Auge, il a signé un magistral double sans-faute, devançant le Néerlandais Harrie Smolders, deuxième sur Monaco, et la Grecque Ioli Mytilineou, troisième avec Lévis de Muze. Champagne pour la France avec les quatre et cinquième places de Philippe Rozier et Jeanne Sadran, associés à Le Coultre de Muze et Unforgettable Damvil.



Quand Julien Épaillard fixe un objectif de ses yeux bleus perçants, il le manque rarement. Il l’a de nouveau prouvé ce soir à Monaco, en remportant le Longines Global Champions Tour (LGCT) de Monte-Carlo, qu’il avait placé au centre de sa cible avec Donatello d’Auge il y a plus d’un mois. À ce moment-là, d’aucuns ont pu se dire: mais pourquoi diable parle-t-il de Monte-Carlo alors que l’étape monégasque du LGCT tombe la même semaine que le CHIO d’Aix-la-Chapelle? À ce moment-là, on ne savait pas encore que les organisateurs du plus prestigieux concours hippique de la planète avaient interdit à leurs participants de doublonner avec Monaco, ce qui impliquait jadis de peu glorieux allers-retours en jet privé. À ce moment-là, on ne savait pas encore qu’en guise de sonnantes et trébuchantes représailles, Jan Tops, fondateur du LGCT et coorganisateur du CSI 5* de Monte-Carlo, avait décidé de multiplier par cinq la dotation du Grand Prix monégasque, pour l’amener à 1,5 million d’euros, soit au niveau du Grand Prix d’Aix-la-Chapelle. Aix sera toujours Aix, et l’argent ne fait pas le bonheur… mais il peut y contribuer. On comprend mieux la présence en principauté et l’absence en Allemagne des numéros un, deux, quatre, huit et dix du classement mondial des cavaliers, autrement dit d’Henrik von Eckermann, Julien Épaillard, Maikel van der Vleuten, Harrie Smolders et Marlon Módolo Zanotelli. Mais attention, il ne faudrait surtout pas résumer tout cela à une bataille entre de l’argent monégasque plus facile à gagner et un prestige allemand promis aux plus valeureux d’entre tous.

Le monde du saut d’obstacles est ainsi fait qu’il y a désormais des chevaux déferrés, comme King Edward et Donatello d’Auge, les cracks de Von Eckermann et Épaillard, qui ne concourent quasiment plus sur herbe. Les championnats d’Europe de Milan devant se dérouler sur une piste en herbe, au cœur de l’hippodrome de San Siro, les cavaliers montant des chevaux déferrés se sont fixé d’autres objectifs, dont ce Grand Prix disputé sur une piste riquiqui, et on peut difficilement les en blâmer. Du reste, le numéro un mondial a bien essayé de referrer King Edward, avec l’objectif d’être performant à Rome, La Baule et Aix-la-Chapelle, mais il n’a pas retrouvé les sensations qu’il espérait, et y a donc renoncé. Quant à Julien, devant un calendrier international proposant deux routes bien distinctes, il a construit un piquet de chevaux pour les piste en herbe, mené par Dubaï du Cèdre, avec les excellents résultats que l’on sait, et un autre piquet pour les carrières de sable, avec en chef de file Donatello d’Auge, son atout numéro un pour les Jeux olympiques de Paris. Et bien lui en a pris puisqu’il a remporté rien de moins que les Grands Prix Longines de Ramatuelle et Monte-Carlo. Comment qualifier tout cela autrement qu’une programmation magistrale et clairvoyante? Chapeau, Monsieur.



Cocorico !

Une fois ce contexte posé, force est de constater que le Grand Prix de ce soir a été à la hauteur de sa dotation, avec un parcours épais et particulièrement technique. Avec sept abandons et onze parcours pénalisés de plus de neuf points, on constate que près de la moitié des partants ont souffert dans cette épreuve. Ce fut si sélectif que presque tous les couples ayant fini avec quatre points sont repartis avec de l’argent. Ce ne fut pas le cas des rois Henrik et Edward, battus sur les oxer 5 et 12. On avait compris que le sans-faute vaudrait cher, et on l’a bien mesuré devant la joie intense et sincère de Philippe Rozier, qui a été le premier à réussir cette performance avec Le Coultre de Muze, puis aux larmes de joie de Jeanne Sadran, qui lui a brillamment emboîté le pas avec Unforgettable Damvil. Moins émouvants, les sans-faute emplis de maestria d’Harrie Smolders, Ioli Mytilineou et Julien Épaillard, qui les ont rejoints au barrage presque sans émotion avec Monaco, Donatello et Lévis de Muze, ont suscité l’admiration du public.

Cette finale chronomètre s’est déroulée à peu près comme on aurait pu la prédire. Philippe a signé un excellent double sans-faute qui lui a offert la quatrième place avec son sublime étalon gris. Jeanne à bien failli en faire autant, mais a fauté sur le dernier, finissant à une très, très belle cinquième place. Harrie et Monaco ont alors signé un barrage ébouriffant, coupant la ligne d’arrivée en 37’’81. Ioli et Lévis ont assuré un excellent double sans-faute, qui leur a offert une très belle troisième place. Dans la foulée, Julien a été à la hauteur de sa réputation suivant un tracé parfait à un rythme stratosphérique. À l’arrivée, il a battu d’une seconde et demie le temps de Smolders et Monaco. La messe était dite. On reverra le couple au CSI 5* de La Corogne, puis à Rome, avant une possible participation à la finale mondiale des Coupes des nations Longines à Barcelone.

Demain, on ne verra donc pas ces cavaliers dans le Grand Prix Rolex d’Aix-la-Chapelle, mais cette classique des classiques ne manquera de rien. Ainsi va ce monde où la concurrence ne fait être contrainte.

Les résultats



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