“Il est désormais temps de laisser les jeunes faire leur place”, Ludger Beerbaum

Dimanche, à l’issue de la remise des prix du Grand Prix du CHIO d’Aix-la-Chapelle, remporté pour la troisième fois par Marcus Ehning, Ludger Beerbaum a saisi le micro pour faire une annonce surprise. À bientôt soixante ans, le multimédaillé allemand a en effet officialisé sa retraite sportive devant son public. Très ému et la gorge serrée, le Kaiser a offert quelques mots aux tribunes aixoises, que voici : 



“Je vous promets de ne pas parler pendant trop longtemps. Durant les deux ou trois dernières années, j’ai réfléchi au fait qu’il faudrait bien que j’écoute mon horloge biologique et je trouve qu’aujourd’hui est le bon moment pour arrêter, avant que tout le monde dise que je deviens trop vieux et que mes parcours ne sont plus très beaux à regarder.

Lorsque je me suis cassé le col du fémur en février, à Doha, et que j’ai dû être opéré, je me suis dit ‘merde, tu as raté le bon moment pour t’arrêter.’ Ensuite, j’ai annulé mon engagement pour Aix-la-Chapelle. Trois semaines avant le concours, je me suis dit ‘Mince, je vais vraiment mieux’. [Ma jument] Mila avait continué à s’entraîner avec mon collègue Eoin (McMahon, ndlr) et était en grande forme, alors je me suis dit que je pourrais peut-être essayer de participer une fois de plus à ce CHIO, pour la trente-cinquième fois en trente-huit ans. Pour être honnête, les sélections avaient déjà été effectuées à ce moment-là, il était trop tard, alors j’ai appelé les organisateurs un peu gêné. Ils m’ont dit ‘si tu veux vraiment venir, nous pouvons trouver une solution en te donnant une invitation.’ Je tiens donc à les remercier du fond du cœur.

Bien sûr, vous allez vous demander pourquoi je convoque cette cérémonie de manière imprévue ici, mais je crois que chacun le sait : si l’on décide de mettre une telle cérémonie sur pieds, il n’existe pas de meilleur endroit qu’Aix-la-Chapelle, et c’est bien grâce à son public. Je sais que vous l’avez souvent entendu et cela ne doit pas vous paraître original, mais cela vient vraiment du cœur, et pas seulement du mien. J’ai, certes, célébré de grands succès ici, mais j’ai aussi connu beaucoup de moments difficiles, qui vous ont, pour certains, énervé ou mis à l’épreuve. Je n’oublierai jamais la manière dont vous m’avez soutenu chaque année durant plus de trois décennies, dans les victoires comme dans les défaites. Ce public pardonne tout et c’est vraiment, vraiment, vraiment extraordinaire, je veux donc le souligner et vous remercier de tout mon cœur après plus de trente ans à venir ici.

J’ai dit le principal : pour moi, notre sport serait bien plus pauvre sans vous. Vous nous portez dans les moments forts comme dans les plus difficiles, et c’est important pour moi de le dire. J’espère pouvoir venir ici pendant beaucoup d’années encore en tant que spectateur, comme vous tous, pour soutenir tous les cavaliers. Je crois qu’il est désormais temps de laisser les jeunes faire leur place. Cette semaine, je me suis senti un peu comme un vieux chien qui a le droit de retourner une fois de plus à la chasse. Même si je n’étais plus tout à fait au plus haut à la fin, merci beaucoup et désolé si je suis un peu ému (avec des sanglots dans la voix, ndlr). Avant de partir, il me tient particulièrement à cœur de remercier deux personnes très particulières. Elles ont grandement participé au fait que je puisse être performant pendant plus de trente ans et me sont très chères. Il s’agit tout d’abord de ma propriétaire, Madeleine Winter-Schulze, qui est aussi ici aujourd’hui, et de ma groom Marie, qui a été là durant toutes ces années, a souffert et s’est réjouie avec moi. Sans son aide, rien de tout cela n’aurait été possible. Merci à vous.”

Toutes les épreuves du CHIO d'Aix-la-Chapelle sont à (re)voir sur ClipMyHorse.tv

Ci-après, l’entretien qu’a accordé le Kaiser à Kamel Boudra, à la veille de son annonce. 

Le Kaiser a particulièrement remercié sa fidèle groom Marie et sa propriétaire de longue date Madeleine Winter-Schulze.

Le Kaiser a particulièrement remercié sa fidèle groom Marie et sa propriétaire de longue date Madeleine Winter-Schulze.

© Dirk Caremans/HippoFoto




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