Steve Guerdat transforme l’essai dans un Grand Prix exigeant à Saint-Lô
Présent pour la première fois au Normandie Horse Show cette semaine, Steve Guerdat s’est brillamment imposé avec Is-Minka dans le Grand Prix du CSI 3* disputé durant cette manifestation. Auteur du seul double sans-faute dans cette épreuve franchement exigeante, le champion olympique suisse a devancé Victor Bettendorf ainsi que Mathieu Billot, qui avaient sellé Big Star des Forêts et Quel Filou. Dernière qualifiée pour le barrage, Pénélope Leprévost a terminé quatrième aux rênes de Djagger Semilly.
Le Grand Prix final du Normandie Horse Show a toujours été connu pour être un vrai test, exigeant et préparant les chevaux à affronter les épreuves d’un plus haut niveau encore. Celui du CSI 3* organisé dans le cadre de la trente-cinquième édition de l'événement n’a pas failli à cette réputation! Construit par Yann Royant, le parcours de cette épreuve comportait treize obstacles, pour seize sauts, et s’est avéré ardu. Le tracé comportait notamment une ligne composée d’un vertical directionnel suivi à cinq foulées d’un double oxer - vertical assez proche de la lice, et surtout un très exigeant triple placé après une courbe assez serrée et composé d’un vertical surmonté d’une palanque, suivi d’un oxer bien aux cotes à une foulée et d’un vertical à deux foulées que Steve Guerdat, vainqueur de l’épreuve, “‘n’a pas beaucoup aimé.” “Oui, il faut des efforts dans le parcours, mais je n’aime pas ceux qui sont un peu mal placés, et je crois que cette combinaison était un petit peu trop dure pour le niveau des chevaux présents. Je ne veux pas du tout dire que c’était une erreur du chef de piste, pas du tout, mais nous avons vu pas mal d’images comme nous n’aimons pas trop en voir. Pour autant, c’est le seul bémol que je puisse signaler parmi tous les parcours proposés cette semaine par le chef de piste”, s’est exprimé le champion olympique de 2012.
Premier à s’élancer dans ce Grand Prix, Valentin Pacaud avait pourtant presque laissé croire que le parcours n’était pas si difficile que cela, puisqu’il a failli réaliser un sans-faute sur les barres avec Baloubet de Talma, ne laissant que le dernier obstacle à terre. De plus, le premier parcours parfait n’a vraiment pas tardé à venir, puisqu’il a été signé par Mathieu Billot et un Quel Filou en pleine forme, qui portaient le dossard numéro quatre. Si Pedro Veniss n’est ensuite pas passé loin d’assurer un barrage au public, venu très nombreux à Saint-Lô pour cette première journée ensoleillée après de longues journées maussades, le Brésilien a écopé d’un point pour avoir dépassé le temps accordé de vingt-deux centièmes aux rênes du fougueux Böckmann’s Lord Pezi Junior. Finalement, c’est Victor Bettendorf, dix-septième à prendre le départ avec Big Star des Forêts, un produit né dans l’élevage de la famille Paris, qui a réalisé le deuxième sans-faute. Peu de temps après la pause de mi-épreuve, on a bien cru que le compteur de clear rounds allait se débloquer quand les champions olympiques Steve Guerdat et Pénélope Leprévost ont, coup sur coup, obtenu leur ticket pour le barrage avec Is-Minka et Djagger Semilly, né près de Saint-Lô comme Big Star des Forêts, mais chez la famille Levallois. Il n’en a cependant rien été, puisque les quatre premiers couples qualifiés pour le second acte sont restés les seuls à l’être. Au total, si quelques scores lourds ont été enregistrés - dont les surprenants seize points attribués à Julien Épaillard et Hoover, ayant mis à terre les trois éléments du triple - et que cinq éliminations ont été prononcées alors que six cavaliers ont préféré jeter l’éponge avant la fin de leur parcours, on a aussi observé vingt et un couples renverser une barre ou moins.
Ouvreur de la finale au chronomètre, Mathieu Billot, déjà vainqueur de deux Grands Prix 3* avec Quel Filou cette saison, a ouvert le galop de son grand hongre gris, mais commis une faute dès la deuxième difficulté du barrage. Finalement troisième, le cavalier a trouvé que son complice avait “sauté magnifiquement bien. Cette année, il s’est imposé dans les épreuves majeures de Cabourg Classic et Lons-le-Saunier, et à Falsterbo, après avoir superbement sauté dans la première manche de la Coupe des nations, je n’ai pas réussi à passer le triple, dans lequel les distances étaient vraiment courtes, lors de la seconde. Pour autant, il est en pleine forme! Il ira à Deauville (où se courra le CSI 4* de Longines Deauville Classic, ndlr) la semaine prochaine, puis il va se reposer.”
À sa suite, Victor Bettendorf est, comme à son habitude, allé très vite aux côtés de sa jument baie, et a d’ailleurs franchi la ligne d’arrivée avec quatre secondes d’avance sur le couple qui avait représenté la France aux Jeux olympiques de Tokyo. Cependant, le Luxembourgeois a lui aussi vu une barre tomber à terre lors de son passage, à l’entrée du double placé en numéro trois, et a ainsi dû se contenter d’une très bonne deuxième place. C’est alors que Steve Guerdat est entré en piste. Très attendu lors de chacune de ses sorties ce week-end, pour sa première venue au Normandie Horse Show, le Suisse avait déjà fait honneur à son statut et son palmarès hier, en remportant l’épreuve de vitesse à 1,45m en compagnie d’Easy Star de Talma, et vendredi, en terminant troisième d’une compétition avec barrage associé à Is-Minka, qu’il avait de nouveau sellée aujourd’hui. Sans prendre tous les risques, le champion olympique a serré ses courbes avec la fille de Mylord Carthago, dont le père réside à quelques centaines de mètres à peine de la piste principale du Normandie Horse Show. Franchissant la ligne d’arrivée en 46”55, l’Helvète a mis la pression sur Pénélope Leprévost, dernière à prendre le départ aux côtés de son étalon Selle Français. Cependant, la Normande a vu ses espoirs de victoire douchés dès le premier obstacle, que Djagger Semilly a mis à terre avant de commettre une autre faute. La célébration de sa quatrième place a également été le moment choisi par le président du Normandie Horse Show, Jean-Claude Heurtaux, pour rendre un vibrant hommage à Micheline Levallois, veuve de Germain et mère de Richard et Éric décédée ce matin.
“J’ai cette jument depuis qu’elle a sept ans et elle a toujours été très qualiteuse”, a expliqué Steve Guerdat après sa victoire. “Elle se montrait extrêmement douée à la maison et à la détente, mais elle se montrait inquiète en piste et perdait légèrement confiance. Cela a donc pris un petit peu plus de temps qu’avec certains autres chevaux, mais comme elle a beaucoup de qualité, j’ai toujours cru en elle. C’était juste une question de patience et de temps. Depuis le début de l’année, elle n’a pas raté grand-chose. Elle a gagné plusieurs Grands Prix et disputer sa première Coupe des nations lors du CSIO 5* de Sopot, où elle a réalisé un sans-faute et un parcours à quatre points. Je suis ravi de son comportement ce week-end et ce n’est qu’un début.”
Résultats complets
Tous les parcours des CSI de Saint-Lô sont à (re)voir sur GRANDPRIX.tv