Quarante ans plus tard, la Suisse reverdit à Dublin
Pour la première fois en quarante ans, la Suisse a remporté le trophée Aga Khan en remportant la sixième et dernière étape de la Division européenne de la série FEI Longines des Coupes des nations, hier soir à Dublin. Après ses triomphes à Saint-Gall, Aix-la-Chapelle et Falsterbo, la Confédération helvétique a outrageusement dominé les débats avec un score vierge, tandis que les hôtes irlandais, tenants du titre, se sont classés deuxièmes, avec douze points, devant le Mexique, troisième avec seize points, devant la France, quatrième avec vingt points.
Sous un grand soleil et devant des tribunes combles, l’événement le plus attendu du CSIO 5* de Dublin, la Coupe des nations Longines, s’est tenue hier en Irlande. L’an passé, elle avait été remportée par l’Irlande, qui était bien décidée à défendre son titre à domicile. Cette fois, l’épreuve ne s’est pas achevée par un barrage, mais le spectacle a bien été au rendez-vous et comme toujours, le Dublin Horse Show a su écrire une nouvelle page de son histoire. À croire que c’était écrit: lors du tirage au sort de l’ordre de passage de la Coupe des nations, il avait été rappelé que la Suisse n’avait plus gagné en Irlande depuis quarante ans. En effet, il fallait remonter à 1983 pour trouver la dernière victoire helvète. Michel Sorg, le chef d’équipe, avait d’ailleurs rajouté: “Thomas Fuchs était dans l’équipe gagnante et il est maintenant notre entraîneur national!”. Un entraîneur qui a vu son fils, Martin Fuchs, gagner sur cette même piste en herbe. Avant-hier, la Suisse avait tiré le huitième départ, se laissant le temps d’observer ses adversaires. Tout était en faveur des cavaliers à la veste rouge.
Premiers à fouler la piste pour l’équipe, Steve Guerdat et Vénard de Cerisy ont ouvert le bal des sans-fautes helvètes, ayant presque l’air de se promener sur le tracé d’Alan Wade, pourtant considéré difficile. Cela n’empêche pas le couple de signer un second tour sans pénalité. “Je me suis vraiment fait plaisir pendant mes deux manches aujourd’hui. Les parcours ne sont pas toujours faciles et même si vous avez de très bons chevaux qui rendent cela plus aisé, on oublie facilement d’en profiter, mais je peux dire qu’aujourd’hui, j’ai vraiment pris mon pied”, a-t-il dit déclaré. Bryan Balsiger et son jeune Chelsea ont eu un peu moins de chance en première manche, concédant une faute: “C’est un parcours très délicat et technique, mais très beau à monter. J’ai commis une faute au milieu du triple, parce que je n’ai pas eu la distance que je souhaitais à l’entrée et j’ai trop pensé à l’oxer de sortie”, a-t-il dit en sortie de piste de ce tour initial, frustré par sa faute. Bien décidé à effacer ce score, il a signé un parcours parfait au second acte.
Suivant les pas – et conseils – de son père, Martin Fuchs s’est élancé avec Leone Jei, ne touchant aucune barre et signant un nouveau double sans-faute. L’équipe ayant fini la première manche sans aucune pénalité à l’issue de la première manche, Martin a scellé donc la victoire suisse. “Le tirage était plus facile pour moi cette année puisque mes coéquipiers ont réussi tellement de sans-faute que je n’ai même pas eu besoin de sauter en seconde manche”, a d’ailleurs dit Édouard Schmitz, quatrième, en riant de sa voix grave. L’invité du Riders Club de Kamel Boudra en juillet, victorieux du Grand Prix Longines d’Irlande l’an passé avec son même Gamin van’t Naastveldhof, a bien apporté sa pierre à l’édifice en finissant sans pénalité son premier tour.
Un triomphe savoureux
La victoire d’aujourd’hui a permis aux Suisses de finir en tête du classement de la Division européenne à l’issue de cette série qualificative pour la finale de 2023, qui aura lieu à Barcelone du 28 septembre au 1er octobre. Il faut dire qu’elle célébrée hier sa quatrième victoire de l’année dans une Coupe des nations de niveau 5* après ses triomphes à Saint-Gall, Aix-la-Chapelle (hors circuit) et Falsterbo. C’est tout simplement historique pour nos bienaimés voisins, plus que jamais grandissimes favoris pour les championnats d’Europe de Milan, où ils viseront d’abord à sécuriser leur qualification pour les Jeux olympiques de Paris 2024.
En attendant, la victoire d’hier fut d’autant plus appréciée que les cavaliers entretiennent de nombreux liens avec l’Irlande : “J’ai de la famille ici, et ils sont venus aujourd’hui. Ce sans-faute n’était pas que pour moi ou mon cheval, mais aussi pour eux, et c’est juste incroyable de pouvoir partager cela avec eux”, a dit Bryan. Quant à Martin, il est inséparable de Sean Vard, son groom, chez qui ses chevaux ont d’ailleurs passé quelques jours avant d’arriver au RDS, du côté de Stepaside, près de la montagne dublinoise. “C’est un jour plein d’émotion: remporter le trophée Aga Khan est un rêve. Je me souviens des moments où mon père me racontait l’avoir gagnée et à quel point c’était important. C’est l’une de ses victoires préférées et je suis très heureux de pouvoir partager cela avec lui, aujourd’hui alors qu’il est entraîneur, comme il l’a fait il y a quarante ans. Et j’ai aussi une pensée pour mon parrain, Willi Melliger”, héros suisse de 1983, tout comme Heidi Robbiani et Walter Gabathüler.
Un parcours difficile mais juste, laissant place à de belles surprises
Si la partition fut parfaite pour les Suisses, le moins que l’on puisse dire est que cela n’a pas été le cas des autres équipes. Toutefois, le Belge Abdel Saïd et l’Espagnol Eduardo Álvarez Aznar, respectivement sur Bonne Amie et Bentley de Sury, ont tous deux su déjouer tous les pièges du parcours et signer deux doubles sans-fautes. Des difficultés étaient annoncées, comme un vertical étroit après la rivière, un triple avec un gros oxer à la sortie ou encore un vertical sur bidet délicat en fin de tour. Et il y a eu des fautes tout au long du parcours, la rivière piégeant de nombreux cavaliers, notamment les Irlandais en première manche, peut-être trop habitués à la pluie tombée ces dernières semaines.
Toutefois, ce parcours était juste, puisque beaucoup sont parvenus à améliorer leur score initial. On peut citer en exemple l’Espagnol Manuel Fernández Saro et le Néerlandais Bas Moering, qui avaient concédé huit points, et seize points au premier tour, ont tous deux fini sans pénalité le second. Chapeau – au sombrero – au Mexique, qui a réalisé trois parcours parfaits en seconde manche pour s’offrir la troisième place avec seize points, grâce notamment à Federico Fernández, membre de l’équipe qui avait soulevé le trophée Aga Khan en 2018. Présents pour défendre leur titre, les Irlandais n’ont pas démérité, terminant deuxièmes grâce aux sans-fautes en seconde manche de Michael Duffy et Cian O’Connor ainsi que celui au premier acte de Shane Sweetnam, qui n’a pas eu besoin de revenir en piste.
Les Français quatrièmes
Malheureusement, la chance n’a pas tant souri aux tricolores. Comme beaucoup, François-Xavier Boudant et Brazyl du Mezel se sont fait piéger par le vertical suivant la rivière lors de leur premier passage, puis l’avant-dernier obstacle lors du second. Journée un peu plus difficile pour Aurélien Leroy et Croqsel de Blaignac, qui sont sortis de piste avec douze et quatre points. Roger-Yves Bost et Delph de Denat*HDC ont produit un joli sans-faute en première manche, laissent croire au double clear round, avant de faire tomber l’arrière-plan du dernier oxer. Pour Olivier Perreau et Dorai d’Aiguilly*GL events, attendus aux championnats d’Europe de Milan, on a compté une faute à chaque tour, dont une fois la rivière. Au final, la France a terminé quatrième avec vingt points, et septième de la Division européenne, assurant sa présence à la finale mondiale de Barcelone, ce qui était mathématiquement joué d’avance, sauf élimination ou disqualification.
Les résultats
Le classement final de la Division européenne
Toutes les épreuves du CSIO 5* de Dublin sont retransmises en direct sur ClipMyHorse.tv