L’armada suédoise remporte son troisième titre en trois ans à Milan, où la France finit huitième
La Suède a conquis le titre de championne d’Europe de saut d’obstacles par équipes cet après-midi, à Milan, partageant le podium avec la solide Irlande et la surprenante Autriche, respectivement en argent et en bronze. La France n’a fini que huitième, mais il lui reste deux vraies chances pour la finale individuelle avec Olivier Perreau et Julien Épaillard, quatre et septième, associés à Dorai d’Aiguilly*GL events et Dubaï du Cèdre.
Sacrée championne olympique de saut d’obstacles par équipes en 2021 à Tokyo, puis championne du monde l’an passé à Herning, la Suède a ajouté à sa glorieuse collection un titre de championne d’Europe cet après-midi à Milan, en Italie, où le sommet continental se poursuit jusqu’à dimanche. Les puristes pourront objecter qu’ils n’ont pas gagné trois titres consécutifs puisque les Jeux olympiques de Tokyo auraient dû avoir lieu en 2020, et que les Scandinaves n’avaient terminé que quatrièmes des championnats d’Europe de Riesenbeck, également disputés en 2021, mais il faudrait être de mauvaise foi pour refuser de reconnaître la suprématie continue de l’équipe conduite de main de maître par le jeune et très ambitieux Henrik Ankarcrona.
En l’absence de Peder Fredricson, Malin Baryard-Johnsson et de King Edward, le crackissime déferré – et donc privé de concours sur herbe – de Henrik von Eckermann, la Suède semblait en capacité de lutter pour le titre, mais peut-être pas de dominer outrageusement la compétition. Et pourtant, comme l’an passé, elle a été sacrée dès la troisième rotation de couples dans cette finale passionnante, indécise, irrespirable et tout simplement digne d’un grand championnat. Si ses succès ont longtemps reposé sur quelques individualités, force est de constater que la Suède dispose désormais d’un plus grand nombre de cavaliers, de chevaux et de couples capables de la représenter au plus haut niveau. Chapeau donc aux nouveaux champions d’Europe, à leurs meilleurs concurrents, mais aussi au chef de piste, le maestro italien Uliano Vezzani, qui démontre ici encore toute l’étendue de son génie.
Cet après-midi, le quadrille à couteaux tirés annoncé entre l’Allemagne, la Suède, la Suisse et l’Irlande n’a pas tout à fait eu lieu. Le forfait de dernière minute de Marcus Ehning et Stargold, récents vainqueurs du Grand Prix CSIO 5* d’Aix-la-Chapelle, en raison d’une gêne du hongre, a fortement handicapé l’Allemagne, qui n’a pas signé un seul sans-faute sur un parcours sélectif, mais à la portée de Philipp Weishaupt, Jana Wargers et Gerrit Nieberg, pénalisés de quatre, huit et quatre points sur le jeune crack Zineday, Limbridge et Ben 431. La Mannschaft a dû se contenter d’une bien frustrante quatrième place, battue sur le fil par l’Autriche. La Suisse, elle, a bien pu compter sur ses quatre couples, mais seuls Steve Guerdat et Dynamix de Bélhème ont trouvé la clé du sans-faute, avec une classe inouïe d’ailleurs. Les scores ont été lourds pour Bryan Balsiger, Édouard Schmitz et Martin Fuchs, pénalisés de huit, douze et huit points avec Dubaï du Bois Pinchet, Gamin van’t Naastveldhof et Leone Jei, qui ont peut-être été un peu trop sollicités avant ces Européens, surtout les deux derniers cités, mais Édouard et Martin ont dû composer avec le méforme de Quno et Conner Jei. L’essentiel est sauf pour la Suisse, qualifiée pour les Jeux olympiques de Paris 2024, tout comme l’Autriche et l’Espagne. Quant à l’Italie, elle n’a plus que ses yeux pour pleurer. Elle aura une dernière chance en finale mondiale des Coupes des nations Longines à Barcelone, mais il n’y aura qu’un ticket en jeu et elle devra notamment battre les États-Unis, le Mexique et le Brésil…
On l’aura compris, la Suède, elle, a tenu bon, et même très bon. Après les quatre points de Henrik von Eckermann et Iliana sur le vertical de palanques placé en dernier, Wilma Hellström, Jens Fredricson et Rolf-Göran Bengtsson ont produit trois sans-faute de haut vol sur Cicci BJN, Markan Cosmopolit et Zuccero. L’Irlande aussi a fait preuve de sang-froid, grâce aux sans-faute de Michael Duffy sur Cinca 3, et aux trois bons tours à quatre points de Trevor Breen, Shane Sweetnam et Eoin McMahon sur Highland President, le crack James Kann Cruz et Mila, la dernière partenaire de l’immense Ludger Beerbaum. Et que dire de la prestation des Autrichiens, venus avant tout et presque uniquement pour obtenir un ticket olympique? Depuis une médaille d’argent aux Jeux olympiques de 1992 à Barcelone, cette modeste nation d’Europe centrale n’avait plus connu les honneurs d’un podium dans un championnat Seniors. Après une bonne Chasse et une probante deuxième journée, les successeurs d’Hugo Simon, Thomas Frühmann et consorts ont été héroïques, Gerfried Puck ne lâchant que deux points de temps sur Equitron Naxcel V, Max Kühner signant un sans-faute impeccable sur Elektric Blue P, et Alessandra Reich ne renversant qu’une barre avec Oeli R, et effaçant les douze points de Katharina Rhomberg et Cuma 5. Une médaille de bronze rafraîchissante dans un sport toujours plus ouvert.
Les Bleus à un peu moins de douze points du podium
Cette médaille de bronze, on aurait rêvé que la France l’arrache dans un sublime sursaut d’orgueil, mais les Bleus ont fini à une timide huitième place. On y a cru quand Simon Delestre a retrouvé son Dexter Fontenis des grands jours pour signer un superbe sans-faute. Hélas, le soufflet est vite retombé, Mégane Moissonnier finissant ses premiers championnats sur un tour à treize points avec le puissant Cordial, battu sur les oxers 7 et 11a et b du triple, et Kevin Staut ne pouvant empêcher deux fautes sur les oxers 11b et 12 d’une Dialou Blue PS courageuse mais émoussée. On aurait pu espérer un nouveau sans-faute de Julien Épaillard et Dubaï du Cèdre, de plus en plus à l’aise au fil des jours sur ce rectangle milanais, mais le duo a concédé une petite faute sur l’oxer 5b de sortie du double. Les Bleus ont fini à un peu moins de trois barres du podium, mais Julien et Olivier Perreau, révélation de ces Européens avec la métronome Dorai d’Aiguilly*GL events, conservent de vraies chances dans la compétition individuelle, occupant les quatre et septième places du classement provisoire, dominé par Jens Fredricson, Steve Guerdat et Michael Duffy. Le Britannique Ben Maher et Philipp Weishaupt sont intercalés entre les deux Français avec l’appliqué Faltic HB et le si prometteur Zineday. Rendez-vous dimanche pour la finale, qui réunira les vingt-cinq meilleurs couples de ces championnats d’Europe, après la seconde inspection vétérinaire de demain.