Steve Guerdat entre un peu plus encore dans la légende de l’équitation
Steve Guerdat est devenu champion d’Europe de saut d’obstacles cet après-midi à Milan, en Italie, où le sport a tenu ses promesses jusqu’au bout. Associé à Dynamix de Belhème, le “meilleur cheval” qu’il ait jamais monté, le Suisse a géré sa finale individuelle avec maestria. L’Allemand Philipp Weishaupt et le Normand Julien Épaillard se sont ravis d’avoir décroché l’argent et le bronze avec les jeunes Zineday et Dubaï du Cèdre. Sept ans après l’or de Rio, la France renoue enfin avec les podiums en jumping.
Un titre de plus, un titre individuel qui manquait à sa collection. Sacré champion olympique en 2012 à Londres avec Nino des Buissonnets, et triple vainqueur de la finale de la Coupe du monde Longines, en 2015 à Las Vegas avec Albführen’s Paille de la Roque, puis à Göteborg en 2016 avec Corbinian et 2019 avec Alamo, Steve Guerdat est le nouveau champion d’Europe de saut d’obstacles. Sans mentionner ses nombreuses médailles par équipes et victoires dans bon nombre des plus belles épreuves de la planète, le Suisse a presque gagné tout ce qui compte vraiment, hormis le titre de champion du monde et le Grand Prix Rolex du CSIO 5* d’Aix-la-Chapelle. Vu son âge, quarante et un ans, et le potentiel de son impressionnante écurie, il pourrait y parvenir assez vite. Ce serait tant mieux pour lui et pour ce sport qu’il vénère tant et auquel il se dévoue sans compter depuis toujours. À la manière d’un Roger Federer, presque malgré lui, cet homme passionné, sympathique et modeste devient toujours plus un modèle.
Si Steve Guerdat a atteint cette stature, ce n’est pas seulement pour son palmarès et ses résultats, mais aussi et peut-être surtout pour son perfectionnisme. Pour lui, la victoire n’a de sens que si elle valorise réellement et sans artifice les qualités de ses chevaux et la justesse de son travail quotidien. Mercredi encore, après la Chasse des championnats d’Europe, ici à Milan, il n’avait pas hésité à dire que son équitation n’avait été au niveau de sa jument, la génialissime Selle Français Dynamix de Belhème, le “meilleur cheval que j’aie jamais monté”, évoquant notamment son abord du double d’oxers situé en fin de parcours. Aujourd’hui, il a “enfin” consenti à s’autocongratuler un peu: “J’ai plutôt bien monté ma Coupe des nations, de même que cette finale individuelle. Normalement, quand je monte Dynamix, je pratique mon sport en prenant du pur plaisir à chaque instant. Là, je dois reconnaître que je me suis davantage concentré sur ce que nous avions à faire afin de la monter le mieux possible. Comme je la sentais un peu fatiguée, je lui ai demandé le moins de sauts possible au paddock, afin qu’elle puisse donner le meilleur d’elle-même en piste. Je savais qu’elle ne me laisserait pas tomber, et je suis très, très heureux de l’issue de ce championnat.”
Dure après-midi pour Jens Fredricson…
Compte tenu du forfait de l’Italien Emanuele Camili et Odense Odeveld, vingt-quatre couples se sont mesurés ce midi à la première manche de la finale. Le parcours d’Uliano Vezzani, chef de piste inspiré de bout en bout, a causé des fautes un peu partout, notamment dans le double de verticaux placé en 6, juste après la rivière, et le triple oxer-vertical-oxer bâti en 8. Il a fallu attendre le quinzième binôme au départ, formé par Max Kühner et Elektric Blue P, médaillés de bronze par équipes vendredi avec l’Autriche, pour voir les tribunes, modestes mais garnies de passionnés, applaudir le premier sans-faute. Le Suédois Henrik von Eckermann, le Normand Julien Épaillard et l’Allemand Philipp Weishaupt l’ont imité presque sans émotion avec les pétillantes Iliana et Dubaï du Cèdre, dix ans, et le jeune surdoué Zineday, neuf ans. L’entrée du triple est tombée au passage du Britannique Ben Maher, champion olympique en titre, et associé ici au brillant Faltic HB.
Pour Olivier Perreau, quatrième au classement provisoire avec Dorai d’Aiguilly*GL events, ce fut l’entrée du double, mais quel parcours encore pour le couple révélation de ces Européens. L’Irlandais Michael Duffy a perdu toute chance de podium en renversant les oxers 8c et 12 avec Cinca 3. Pour Steve Guerdat, on n’a guère noté qu’une touchette sans conséquence sur l’oxer 3, tandis que le Suédois Jens Fredricson, dernier à s’élancer avec un score vierge sur Markan Cosmopolit, a concédé sa première faute de la semaine, reculant alors d’un rang.
…et grand jour pour Julien Épaillard
Avant la seconde manche, ouverte aux douze meilleures paires, Michael Duffy a jeté l’éponge. Cette fois, Ben Maher et Faltic ont signé le premier sans-faute, qui leur a offert la quatrième place… comme l’an passé aux Mondiaux de Herning. Olivier Perreau n’est pas passé loin d’en faire de même, mais il n’a pas trouvé la juste distance pour aborder l’oxer 10 final, d’où une seconde faute et surtout une très, très belle huitième place finale. Max Kühner a buté sur la palanque de l’imposant vertical 7, se classant septième. Henrik von Eckermann a cédé dès le vertical 3, finissant très bon sixième avec une jument qui s’est véritablement révélée cette année. Malgré une touchette sur le vertical 5, Julien Épaillard a signé un second sans-faute de très, très haut rang avec Dubaï du Cèdre, mettant la pression sur ses concurrents. Le quadra a serré le poing, et il y avait de quoi.
Dans la foulée, Philipp Weishaupt s’est montré brillant, assurant sa place sur le podium. Un podium qui a finalement accueilli Julien, puisque Jens Fredricson n’a pu empêcher une faute de son complice, visiblement fatigué, sur le 7. Dur pour le Suédois, si méritant et attaché à ces grands rendez-vous, mais génial pour l’Augeron, qui a remporté ici sa première médaille en Seniors… et revigorant pour la France, qui attendait une médaille depuis l’or par équipes des Jeux olympiques de Rio de Janeiro 2016. Comme Julien, Steve Guerdat, dernier concurrent à revenir en piste, a touché le 5, et comme Julien, ainsi que Philipp, il a bouclé un superbe double sans-faute pour remporter cette médaille d’or que lui promettaient tant d’observateurs et de pronostiqueurs. Chapeau, Monsieur; chapeau, Messieurs. Et gloire soit rendue aux chevaux, qui ont offert un spectacle inoubliable toute la semaine.
Le classement individuel final
Les résultats de la finale
Le parcours de la première manche
Le parcours de la seconde manche