Le poing levé, Martin Fuchs s’offre le Grand Prix de Calgary
Martin Fuchs a étoffé un peu plus encore son palmarès hier à Calgary en s’imposant dans le mythique Grand Prix du CSIO 5*. Associé à Leone Jei, pas vraiment en haut de l’affiche aux Européens de Milan, le Suisse a remporté pour la première fois cette épreuve, laissant le deuxième rang à la locale Tiffany Foster sur Figor.
Après une entame de championnat loin d’être aussi bonne qu’espérée il y a deux semaines à Milan, Martin Fuchs a préféré ne pas prendre le départ de la finale individuelle et faire prendre l’avion à Leone Jei pour rejoindre Calgary, où un challenge de taille et une dotation de plus de deux millions de dollars l’attendaient. Au menu, un Grand Prix relevé en deux manches et avec un éventuel barrage, où le duo a dû affronter hier trente-trois autres couples, parmi lesquels les vainqueurs de l’édition 2021, le récent champion d’Europe Steve Guerdat et son Selle Français Venard de Cerisy. Avec cinq points de pénalité sur le premier parcours imaginé par le Vénézuélien Leopoldo Palacios, ceux-ci n’ont pu accéder au deuxième round. Troisième en lice, Angelie von Essen a signé le premier sans faute sur son selle français Alcapone des Carmille. Pour Martin Fuchs et son double médaillé des Européens de 2021, le parcours s’est soldé par un sans-faute, au mérite de quelques acrobaties. Après un énorme saut du fils de Baltic sur la palanque aux couleurs du Canada, le numéro cinq mondial a en effet perdu son étrier gauche, dont il a dû se passer sur quelques énormes obstacles.
Pour quelques autres favoris, l’addition a été plus salée. Le champion olympique Ben Maher a en effet quitté la piste avec huit points de Dallas Vegas Batilly, tout comme Scott Brash sur le très efficace Hello Jefferson et le Néerlandais Harry Smolders sur Darry Lou, lauréat de ce même Grand Prix en 2019 sous la selle de l’Américaine Beezie Madden.
Douze couples se sont retrouvés dans le second acte, dans lequel Martin Fuchs et son Leone Jei faisaient clairement figure de favoris et n’ont pas déçu en signant un deuxième parcours parfait. S’il n’est pas rare que ce Grand Prix se boucle sans barrage tant les deux manches sont éprouvantes, une course au chronomètre a bien eu lieu cette fois. Associée à Figor, un hongre de treize ans formé par l’Allemand Andreas Kreuzer jusqu’en 2017, la Canadienne Tiffany Foster est parvenue à se faire une place au barrage en signant elle aussi un remarquable double zéro. De quoi ravir les tribunes, particulièrement enthousiastes après ce double sans-faute.
Auteurs de l’unique double zéro dans la Coupe des nations, offrant la victoire à l’Irlande, Bertram Allen et Pacino Amiro ne sont pas passés loin du barrage, une seule faute sur l’entrée du triple n°11 les en a écarté. L’Irlandais a ainsi bouclé son week-end avec une troisième place dans ce grand rendez-vous.
“Mon père m’a dit qu’il me suffisait de mieux monter”, Martin Fuchs
Lors du barrage, le public canadien a espéré assister à la première victoire du pays à la feuille d’érable depuis celle de Ian Millar sur Dixson en 2014. Tiffany Foster et son puissant bai sont allés vite mais ont laissé une belle marge de manœuvre à leurs adversaires en laissant le deuxième élément du double à terre. En entrant en piste, Martin Fuchs savait donc qu’il avait droit à une barre en allant plus vite que 44“45. Un défi à la portée du multimédaillé suisse, qui a pu utiliser l’immense galopade de son gris, mais a aussi dû donner de la voix sur un oxer en fin de course. Sachant qu’il allait franchir l’ultime obstacle sans faute et ainsi remporter l’épreuve, Martin Fuchs a eu l’audace de lever le poing alors même qu’il était sur le planer. Il a ensuite pu laisser éclater sa joie, conscient d’avoir inscrit son nom à l’une des épreuves les plus prestigieuses au monde. “J’ai toujours voulu remporter ce Grand Prix dans ce concours si prestigieux, et quel bonheur d’y parvenir ! Mon père a concouru ici à plusieurs reprises mais n’a jamais gagné. Il m’a donc fait promettre de gagner pour nous deux aujourd’hui, et je suis ravi d’avoir pu le faire”, s’est réjoui le lauréat. “Leone Jei est un cheval incroyable, doté d’un talent extraordinaire. Il a très bien sauté dans la première manche. Si bien même que je suis sorti de selle au-dessus des palanques avec les drapeaux canadiens et que j’ai perdu ma rêne et mon étrier gauche ! J’ai essayé de récupérer mon étrier mais je n’y suis arrivé que trois obstacles plus tard. Entre les deux manches, nous avions discuté d’éventuellement changer de mors, mais mon père m’a déconseillé de le faire et m’a dit qu’il me suffisait de mieux monter !”, a-t-il ajouté.
Toutes les épreuves du CSIO 5* de Calgary sont à (re)voir sur ClipMyHorse.tv