Marc Beaussart ou le confort au service de la performance
Spécialiste de la biomécanique du cheval, s’inspirant des techniques humaines et des dernières recherches scientifiques, Marc Beaussart s’attache à apporter du confort aux chevaux en tant que physio-massothérapeute, au service de meilleures performances. Rencontre.
Originaire de Lille, Marc Beaussart enfourche son premier poney très jeune, à trois ou quatre ans. “Enfant, je montais dès que je pouvais”, se souvient-il. “Je traînais aussi énormément dans les écuries pour observer et aider. Adolescent, j’ai travaillé un été dans un petit élevage familial où j’ai appris beaucoup sur les soins et le débourrage, en voyant les chevaux différemment que dans un club.” À la suite d’un échec scolaire, le jeune homme part en Angleterre. En parallèle d’études universitaires en communication, il se forme à la physiothérapie équine, équivalent proche de la kinésithérapie, très développée en Grande-Bretagne, ainsi qu’à l’ostéopathie équine. De retour en France, il devient enseignant et nourrit sa passion en se formant aux techniques d’élevage grâce à l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE), et en éthologie au haras de la Cense. Par la suite, il obtient une certification (RNCP) en physiothérapie manuelle en France, et un diplôme britannique certifié par l’Institut des vétérinaires et physiothérapeutes animaliers agréés. “Ces formations m’ont apporté une approche technique spécifique et une approche plus globale qui me permettent de mieux aborder le cheval, animal complexe”, assure Marc Beaussart. “Je suis aussi fasciné par l’outil qu’est la main et par le travail des kinésithérapeutes humains, et je suis passionné par la biomécanique, qui demande un regard très décomposé sur le mouvement, permettant d’interpréter les problématiques de locomotion.”
Travaillant en France, en Belgique et en Grande-Bretagne sous l’enseigne Equus Physio Care, Marc Beaussart adapte ses prises en charge à la législation de chaque pays. “En Angleterre, je suis veterinary physiotherapist. Selon les règles encadrant ce statut, je ne peux travailler qu’avec l’accord d’un chirurgien vétérinaire”, détaille-t-il. “En France, où je suis uniquement masseur, je n’ai pas besoin de l’accord d’un vétérinaire même si je n’hésite jamais à demander un avis médical en cas de doute.”
En France, Beaussart intervient dans les écuries et sur les terrains de concours. Cette année, il était notamment présent au Generali Open de France et à la Grande Semaine de Fontainebleau. “Mon travail a pour principal objectif d’améliorer le confort du cheval, qu’il s’agisse de soulager un cheval âgé comme d’améliorer la locomotion d’un cheval de sport. J’interviens aussi en post-convalescence afin que la reprise du travail se passe bien, en collaboration avec le vétérinaire traitant. Je travaille beaucoup avec des cavaliers, prenant en charge le cheval athlète pour améliorer sa locomotion, le préparer à l’effort et l’aider à récupérer afin d’éviter les risques de courbature. J’apporte toujours des soins adaptés aux demandes car le cheval est un animal complexe et fragile. Pour le cheval de sport, le travail s’oriente vers la performance. Cela diffère beaucoup selon la discipline et les attentes des cavaliers. Dans tous les cas, la performance passe d’abord par la mise en confort du cheval, puis par l’amélioration de sa locomotion pour parvenir in fine à ce qu’il gagne en amplitude”, décrit le praticien.
Objectiver le ressenti du cavalier
Travaillant le plus souvent sur un cycle de plusieurs séances, Marc Beaussart observe d’abord le cheval à l’arrêt et en mouvement pour réaliser un bilan biomécanique, puis le palpe manuellement afin de sentir les densités musculaires, tester et trouver les possibles restrictions. Il applique ensuite différentes techniques de massage, d’étirement et de mobilisation. “Je note tout afin d’envoyer un bilan au propriétaire après chaque séance en lui proposant des exercices à effectuer avant notre prochain rendez-vous. Je suis en contact avec les propriétaires et les autres professionnels entourant le cheval. J’essaye d’être toujours disponible pour les aider au mieux à favoriser le bien-être et le confort des chevaux. Pour moi, chaque cas est unique. Mon travail apporte une réponse à une problématique bien spécifique. En tout cas, j’estime que cela apporte du confort à l’animal au quotidien, tout en l’aidant dans sa locomotion, d’où un meilleur ressenti sous la selle du cavalier.”
Cette opinion est partagée par Tony Hanquinquant, vainqueur de la finale des sept ans des CSI Jeunes Chevaux de Cabourg Classic et Fontainebleau avec Lacomonique: “Marc me permet de confirmer ce que je ressens à cheval”, exprime le Normand, installé au Pôle international du cheval Longines de Deauville. “Collaborer avec lui est un réel plus car il aide mes chevaux à dépasser les petites raideurs qu’ils peuvent ressentir sur le plat ou à l’obstacle. Quand j’ai un doute sur un cheval, je le lui montre et il me confirme ce que je dois faire pour mieux travailler. Par exemple, j’avais une jument qui avait tendance à se manifester de l’arrière-main dans les départs au galop à gauche, ce qui ne l’empêchait pas de réussir des sans-faute. Depuis que Marc la suit, elle ne se défend plus du tout, ce qui me facilite les choses.”
Pour le Dr Diane Liénasson, vétérinaire, la prise en charge de Marc Beaussart, “par le massage, les étirements et la mobilisation, améliore la condition physique du cheval, mais aussi son bien-être psychique. Grace à différentes techniques, on peut améliorer le confort musculaire ou articulaire de cet athlète. Le massage permet aussi de prévenir les risques de blessures et d’accroître le niveau de performance. Il a aussi un rôle intéressant en termes de proprioception, c’est-à-dire la perception consciente ou inconsciente par l’animal des différentes parties de son corps, ce qui peut améliorer les fréquents schémas de compensation observés chez les chevaux .”
Marc Beaussart s’intéresse également aux poneys de sport montés par de jeunes cavaliers. “C’est très intéressant de développer une relation forte avec des poneys athlètes et les futurs cavaliers de haut niveau”, reconnaît le professionnel. “Cette collaboration avec la jeune génération est sans doute ce qui me motive le plus à chercher des solutions différentes et nouvelles.” Marc Beaussart suit notamment Zoé Maréchal. “Depuis que Marc nous accompagne en concours, avant et après les épreuves, j’ai vraiment senti un changement”, apprécie la jeune cavalière de jumping, qui s’illustre à la fois en As Poney Élite et sur le circuit Enfants. “Berlioz d’Henann, un poney très sensible au dos fragile, franchit mieux les obstacles et n’a plus de courbatures après les épreuves. Le travail de Marc a aussi permis à mon cheval Flaubert de Galarza de mieux s’articuler sur les barres. Avant, il rencontrait des difficultés pour se plier. Maintenant, nous allons pouvoir débuter à 1,35m et, je l’espère, pouvoir concourir à 1,40m la saison prochaine.”
Projets et recherches
Curieux et passionné par la recherche, Marc Beaussart continue à se former régulièrement: “La plupart des instituts et associations dont je suis membre le requièrent. Cette année, j’ai eu la chance de passer le Postgraduate Diploma in Equine Osteopathy, une formation normalement réservée aux vétérinaires, mais que j’ai pu intégrer grâce à mon expérience. L’Association internationale des thérapeutes animaliers m’a aussi permis de publier un article sur la prise en charge des chevaux atteints de conflits des processus épineux en Angleterre. Celui-ci a été repris en poster scientifique par Gillian Higgins (kinésithérapeute humain et équin et cavalière de concours complet, ndlr), qui apporte une collaboration précieuse et surtout une vision éclairée à mes recherche. Les rencontres avec des gens de cheval m’apportent sans cesse ainsi que les chevaux, tous différents, qui impliquent une remise en cause permanente, un travail de lien à effectuer et une aventure visuelle et tactile.”
En cette rentrée, le Français propose un nouveau suivi de remise en forme et de musculation des chevaux de sport avant la reprise en concours, à l’aide de capteurs consignant un maximum de données. “Ils permettent de voir ce qui est invisible à l’œil nu en termes de restriction et de performance pour un bilan à 360 degrés, visant à proposer au cavalier des exercices spécifiques selon les faiblesses de l’animal”, explique-t-il. “J’ai des milliards de projets et je passe ma vie à courir après le temps”, sourit Marc qui élève avec sa compagne des poneys New-Forest, dont certains se sont classés lors du récent National de la race, et reconvertit des réformés des courses, entres autres chevaux de bataille.