Julien Épaillard montera Dubaï au lieu de Donatello dans la finale de Barcelone, et ouvre un débat sur les inspections vétérinaires
Alors qu’il était initialement sélectionné avec Donatello d’Auge pour participer à la finale mondiale des Coupes des nations Longines de Barcelone, Julien Épaillard la disputera finalement avec Dubaï du Cèdre. Un choix que le Normand et l’encadrement de la Fédération française d’équitation ont été contraints de faire hier soir après la première inspection vétérinaire.
Alors que Julien Épaillard s’apprêtait à disputer sa première épreuve par équipes avec Donatello d’Auge (SF, Jarnac x Hello Pierreville) à l’occasion de la finale des Coupes des nations Longines qui démarre cet après-midi à Barcelone, le Normand a finalement dû changer son fusil d’épaule à la dernière minute. Le numéro deux mondial et l'encadrement technique de l'équipe de France, de saut d'obstacles ont été quasiment contraints et forcés de prendre cette décision à la suite de la première inspection vétérinaire, qui a eu lieu hier soir. “Donatello y a été refusé, même s’il n’était pas boiteux”, explique Julien Épaillard. “Le jury et la commission vétérinaire du concours ont organisé les visites sur des dalles en caoutchouc abrasives, et Donatello (déferré depuis de nombreuses années, ndlr), qui est très sensible à ce genre de surfaces, n’était pas à son aise. On m’a proposé de représenter mon cheval à la deuxième visite vétérinaire, ce matin, ce que j’ai accepté. Toutefois, Donatello n’a pas pu prendre part à la familiarisation organisée hier soir, donc il aurait découvert la piste sur le tas cet après-midi… Et s’il avait été à nouveau recalé ce matin, je n’aurais pas pu prendre part à cette finale (il faut en effet désigner un cheval et un seul pour les épreuves de la finale; Olivier Robert et Iglesias DV, réservistes, les auraient alors remplacés, ndlr)…”
Par chance, Julien Épaillard avait également décidé d’emmener Dubaï du Cèdre (SF, Baloubet du Rouet x Diamant de Semilly) pour participer aux épreuves individuelles organisées en parallèle de la finale. Face à la situation, il a ainsi pris la décision, en concertation avec Sophie Dubourg, directrice technique nationale, et Henk Nooren, sélectionneur national, de prendre part à la compétition par équipes avec l’alezane, récente médaillée de bronze des championnats d’Europe de Milan. “Ce choix s’est imposé parce que Dubaï est très compétitive en ce moment, et que nous n’avons pas voulu prendre le risque de voir Donatello être refusé deux fois et mettre l’équipe en difficulté. C’est dommage car mon cheval était en forme et j’aurais vraiment aimé pouvoir sauter une Coupe des nations avec lui avant 2024 (année des Jeux olympiques de Paris, pour lesquels le Normand souhaite disposer de deux montures aguerries, ndlr)…” Présenté ce matin, Donatello a été accepté et il disputera les épreuves individuelles. Il a concédé quatre points ce matin à 1,45m.
Selon le Normand, la mauvaise surprise devrait encourager la FEI à prendre une décision simple: imposer que les inspections vétérinaires se déroulent sur la même surface que celle où les chevaux sont appelés à concourir. “Je veux pousser pour qu’une réflexion soit menée sur ce sujet. Ici, à Barcelone, la visite a été organisée sur un sol couvert de petites piques en caoutchouc adhésives, qui bloquent complètement le pied, ce qui ne convient pas à un cheval déferré comme Donatello. Les vétérinaires n’ont même pas voulu que je le fasse trotter sur le sable, alors qu’il était parfait! L’une d’entre eux a même vérifié ses pieds et ses tendons, et tout était nickel! Par mesure de précaution, nous avons même effectué des échographies à froid et à chaud dès hier soir, et nous n’avons rien trouvé. Mon cheval bougeait très bien… Si nous avions un quelconque doute, je ne prendrais pas le moindre risque, surtout pour des épreuves pas si bien dotées que ça (le Grand Prix est doté de 97.700 euros, ndlr) et pour un cheval qui nous fait gagner plus d’un million d’euros cette année (notamment grâce à ses victoires dans les Grands Prix CSI 5* Longines de Ramatuelle et Monte-Carlo, ndlr)… J’espère que cette situation permettra de faire avancer le débat sur ce sujet, qui est déjà discuté au sein de la Fédération équestre internationale. C’est un débat qui n’est pas encore tranché, mais compte tenu du nombre de chevaux déferrés aujourd’hui – même s’ils ne sont pas tous sensibles de la même manière –, il faudrait s’y atteler.”
À ce jour, en la matière, le règlement de la FEI précise simplement que “Le comité organisateur du concours, avec le délégué technique et le responsable des services vétérinaires, doit fournir une zone d'inspection des chevaux dont la surface doit être maintenue ferme, plane, propre et non glissante pendant toute la durée de l’inspection des chevaux afin de permettre une évaluation cohérente de l'aptitude des chevaux à participer à la compétition.” Dans le cas présent (voir photo), la planitude, par exemple, pourrait être sujette à discussion.