À Barcelone, Julien Épaillard veut clore les débats et décroche le Grand Prix avec Donatello

Est-ce qu’il n’y avait pas un poil plus d’orgueil que d’habitude dans cette victoire? Julien Épaillard jure que non. Juché sur Donatello d’Auge, qui devait initialement participer à la finale des Coupes des nations Longines mais a finalement été réservé pour le CSI individuel en raison d’un retoquage à la première inspection vétérinaire (lire ici), le Normand a une nouvelle fois fait parler son âme de pilote en s’imposant dans le Grand Prix. Cette huitième victoire internationale (et le sixième Grand Prix) de l’année, arrachée grâce à un chronomètre canon de 40“92 au barrage malgré quelques sursis, revêt tout de même une saveur particulière. “Une victoire fait toujours plaisir et il n’y a aucun sentiment de rancune en moi, mais elle est rassurante après toute l’histoire du premier jour car on n’est jamais très tranquille quand un cheval se fait refuser à une visite vétérinaire…”, concède au moins le lauréat. “Nous avions inspecté Donatello sous toutes ses coutures et déduit qu’il ne s’était pas montré comme il est à cause du sol, qui n’était pas adapté à lui. Il n’était pas jugeable. Je ne le dis pas contre qui que ce soit, parce que les gens font leur job et que les visites véto sont évidemment essentielles, mais pour que la commission vétérinaire réfléchisse à ce sujet. C’est cette dernière qui valide les sols utilisés pour les inspections, et elle devrait prendre en compte tous les paramètres, y compris le déferrage de plus en plus de chevaux de haut niveau. Encore une fois, quand nous avons eu le moindre doute, nous ne prenons pas le risque de faire sauter un cheval, encore moins celui que je prépare pour les Jeux olympiques de Paris! Ce soir, il a confirmé ce que je ressentais: il est à 100% de ses capacités et en grande forme.” 

Au-delà de faire potentiellement taire deux ou trois critiques, ce beau succès est surtout de bon augure pour la saison qui s’annonce pour le Selle Français de dix ans. “Donatello a effectué deux bonnes pauses cette année: une après la finale de la Coupe du monde Longines d’Omaha (où le bai a terminé dix-huitième, en avril, ndlr), et l’autre après le CSI 5* de La Corogne cet été (en juillet, ndlr). Là, je voulais le remettre en route pour la saison indoor. Après trois nouvelles semaines de repos, il devrait sauter au CSI 4* de Saint-Lô puis au CSI 5*-W du CHI Longines d’Equita Lyon. Mon objectif est de bâtir deux piquets de chevaux différents entre lui et Dubaï, et de me qualifier pour la prochaine finale de la Coupe du monde (qui aura lieu à Riyadh, en Arabie saoudite, ndlr).”

Le numéro un mondial s’incline… devant son potentiel successeur!

Si l’issue n’est guère surprenante, chacun connaissant la redoutable vitesse de Julien Épaillard, le match fut palpitant entre le numéro deux et le numéro un du classement mondial Longines! Associé à la géniale Glamour Girl, Henrik von Eckermann n’a pas réussi à abaisser le chronomètre, franchissant la ligne d’arrivée en 42“36… donc avec plus d’une seconde de retard! Le plus proche de chiper la victoire au Normand a finalement été son coéquipier lorrain, Simon Delestre. Accompagné de Dexter Fontenis, qui revient à la compétition après sa participation aux championnats d’Europe de Milan en début de mois, le Français a déroulé un excellent barrage, qu’il a achevé en 41“93. Il a terminé deuxième, s’intercalant entre les deux meilleurs cavaliers du moment. “Dexter a très bien sauté, je suis très content de ses deux parcours aujourd’hui”, a réagi Simon Delestre après avoir conclu le barrage. “Il est de nouveau au meilleur de sa forme! À Milan, il était en-dessous de ce qu’il peut produire... C’est un peu comme de l’huile sur le feu: il bouillonne donc la frontière entre l’énervement et le trop-plein est fine. Aux Européens, il était vraiment trop excité. Cette semaine, nous avons changé deux ou trois choses dans les détentes au paddock, ce qui est de l’ordre du détail mais semble plutôt bien lui aller. Quand il est comme ça, il est magique! Je ne sais pas si performer dans ce Grand Prix était un objectif, mais retrouver mon cheval l’était oui.”

On relèvera la quatrième place de Pedro Veniss et Boeckmanns Lord Pezi Junior, qui ont ouvert le barrage et l’ont survolé sans faute également en 44“01. Malheureusement pour le Brésilien, un peu à la maison car installé à l’année dans les infrastructures de ce Real Polo Club de Barcelone, cela n’aura pas suffi. Seul autre Français à être engagé dans cette épreuve, Olivier Robert, réserviste de l’équipe de France, a hélas concédé quatre points avec Iglesias DV, laissés sur un vertical en début de parcours.

Les résultats