La passe de quatre pour Martin Hölle, la Suisse époustouflante aux Mondiaux du Pin

Les superlatifs manquent pour qualifier la performance du Hongrois Martin Hölle aux Mondiaux d’attalage en paire. À vingt-six ans, il est entré dans l’Histoire de l’attelage mondial en devenant le premier à remporter quatre titres successifs de champion du monde individuel et par équipes, soit huit médailles d’or. Vainqueur du dressage, troisième du marathon, et “seulement” treizième de la maniabilité, il s’est imposé sans trembler sur la piste du Pôle International de Sports Équestres (PISE) du Pin-au-Haras, laissant les autres à bonne distance.



Cela fait six ans que Martin Hölle trône au sommet de l’attelage en paire mondial avec un premier double titre - individuel et par équipes - décroché en 2017 à Lipica à seulement vingt ans, un second remporté à Drekbau en 2019, un troisième à Kronenberg il y a deux ans... Le week-end passé au haras du Pin, le Hongrois s’est imposé en individuel et par équipes, ajoutant deux précieuses médailles à son palmarès déjà renversant et unique dans l’histoire des sports équestres. Si l’on ajoute ses trois médailles gagnées en attelage à un poney lorsqu’il était en Juniors (champion du monde individuel en 2013 à Pau, et vice-champion du monde à Breda, Pays-Bas, en 2015), il convient de le qualifier de maître de la discipline.

Installé à Beekbergen, dans les installations équestres de Riant (Pays-Bas), Martin Hölle  est entraîné par Mieke van Tergouw et Claudio Fumagalli. S’il affiche un sang-froid sans faille, il a tout de même laissé éclater sa joie après avoir terminé la maniabilité. Affable, poli et réservé, Martin s’exprime dans un anglais parfait avec rigueur et mesure. 

Non seulement le meneur déborde de talent et travaille durement, mais il entraîne derrière lui toute une équipe, à commencer par György Fekete Jr, déjà en or par équipes en 2021, et Kristof Osztertag, lui-aussi doré mais à Drekbau, deux ans plus tôt. Les six meneurs hongrois engagés dans ce championnats terminent dans les cinquante meilleurs, symbole d’un réservoir bien fourni.

L’autre grand succès du jour est revenu aux Suisses. Emmenés par Marcel Luder, vainqueur de la maniabilité, les Helvètes ont remporté la médaille d’argent et finalement devancé les Allemands, qui sont parvenus à conserver leur courte avance sur les Néerlandais. La France, en lice pour deux éventuelles médailles, a finalement cédé à la pression et terminé cinquième.

Les Suisses ont littéralement renversé ce championnat. Face aux erreurs des Français, dont le leader François Dutilloy a cédé sur l’ultime test de la maniabilité, les Helvètes ont sauté sur l’occasion pour s’emparer d’une très belle et méritée médaille d’argent par équipes. Auteur de la troisième meilleure performance de son équipe lors du dressage, Marcel Luder a survolé le marathon et la maniabilité qu’il remporte facilement grâce à une incroyable paire de chevaux Franches-Montagnes. “Il n’ont pas la locomotion pour rivaliser en dressage”, admet-il, “mais ils tournent très court !” Agriculteur de profession, installé à Oftringen dans le canton d’Argovie entre Bâle et Zurich, le passionné de trente-trois ans, mène à titre amateur. “J’évolue à haut niveau depuis 2016 et mon premier championnat du monde était celui de Lipica, en 2017. Mon père pratiquait déjà l’attelage mais pas au niveau international. Nous avons six chevaux Franches-Montagnes à la maison. Charli (qui participait ce week-end à son quatrième championnat du monde, ndlr) est même né à la maison.” Lorsqu’on lui demande s’il parviendra un jour à battre Martin Hölle, Marcel reste lucide quant aux capacités de ses chevaux : “Ils sont limités dans leurs allures même s’ils ont beaucoup de qualité sur les autres tests.” En résumé, à moins que le Hongrois ne perde une roue en chemin, son règne ne semble pas prêt de s’interrompre.

Derrière ce duo, Erik Evers a tiré son épingle du jeu en individuel, et ce, même si l’équipe néerlandaise n’a pas réussi à monter sur le podium. Sa performance lors de la maniabilité lui a offert une belle médaille de bronze, venant couronner une carrière internationale débutée seulement en 2018, déjà au Haras national du Pin lors du concours d’attelage international où il se classait troisième. Une compétition à laquelle participait déjà son cheval Datzo, présent lors de ce championnat.

Le bilan français n’est pas aussi brillant, même si certaines bonnes choses sont à retenir de la prestation des Bleus. Auteur d’un très bon dressage, Franck Grimonprez a succombé à la pression lors du marathon et commis deux erreurs de franchissement. François Dutilloy, deuxième après le marathon et devenu leader tricolore, avait la lourde tâche de parachever le travail. Franck Grimonprez a rectifié le tir mais son partenaire du team ATEL Compétition n’est pas parvenu à l’imiter, perdant son avantage. Il a malgré tout terminé dixième et meilleur français en individuel, tandis que la France doit se contenter de la cinquième place.

 

Ces championnats du monde FEI d’Attelage en paires a réuni quatre-vingt-douze des meilleurs meneurs mondiaux, vingt-cinq nations, plus de deux cents soixante-dix chevaux dans un PISE qui se révèle être un merveilleux écrin sportif. Les spectateurs ont eux aussi été au rendez-vous, que ce soit pour le marathon samedi - toujours aussi spectaculaire - que pour le dernier jour, sous un soleil automnal. Rendez-vous leur est donné du 19 au 22 septembre 2024 pour un nouveau championnat du monde d’attelage, cette fois à un cheval.