“Lutter contre la mécompréhension de notre sport sera le vrai défi de ces JO”, Raphaël Saleh

L’été prochain, Raphaël Saleh présidera le jury des épreuves de dressage aux Jeux olympiques de Paris, où il sera accompagné de six autres juges, sans compter les trois qui composeront le panel de supervision. Ayant déjà officié lors de championnats du monde et d’Europe ainsi que lors de la finale de la Coupe du monde, le Mosellan explique en quoi les JO sont différents de ces échéances après être revenu sur la manière dont il a appris sa nomination. Il se confie également sur les enjeux des épreuves équestres de Paris 2024 et ce qu’il considère être sa mission la plus importante en tant que président de jury.



Quand et comment avez-vous appris votre nomination comme président du jury des épreuves de dressage pour les Jeux olympiques de Paris 2024?

Je ne l’ai apprise que jeudi (12 octobre, ndlr)! La composition du jury pour ces Jeux olympiques a été proposée par le Comité de dressage de la Fédération équestre internationale (FEI) lors de la réunion du Conseil d’administration de celle-ci tenue mercredi, donc je n’aurais de toute façon guère pu le savoir avant, puisque la nouvelle nous est annoncée au travers d’une lettre. Dans celle-ci, on nous demande si nous acceptons notre nomination et si nous n’avons pas de conflit d’intérêt qui nous en empêche.

Que représente pour vous le fait d’avoir été choisi pour exercer cette fonction? 

Je suis très honoré de pouvoir juger aux Jeux olympiques (JO), qui plus est en France et en tant que président du jury! C’est un grand moment dans une carrière de juge, et je vais essayer de faire en sorte d’être à la hauteur de l’événement. J’ai aussi une pensée émue pour tous ceux qui m’ont soutenu et transmis leur savoir, à l’instar de Raymond Withages (entraîneur belge réputé pour son approche classique du dressage, ndlr) Margit Otto-Crépin (multimédaillée pour la France, ndlr) bien sûr, mais aussi Bruno Lostria (entraîneur et co-fondateur des écuries de Ronquerolles, ndlr), qui nous ont malheureusement quittés. Je crois que Versailles est un lieu parfait pour accueillir les épreuves équestres de ces JO. Il s’agit d’un endroit chargé d’histoire, d’un symbole de notre pays qui est, de plus, mythique dans le monde équestre pour avoir accueilli, entre autres, l’école de dressage du maître-écuyer François Robichon de la Guérinière.



“Nous devons nous battre pour que le dressage reste au programme olympique après 2028”

Vous avez déjà officié lors d’une finale de la Coupe du monde, des championnats du monde en 2022 et des Européens en 2023. Y a-t-il une pression supplémentaire à celles que l’on ressent pour de telles échéances lorsque l’on est nommé pour juger lors des JO?

Je ne sais pas, car je n’ai encore jamais fait partie du jury des JO (rires)! J’ai envie de dire que la pression doit être un peu similaire à celles que l’on ressent aux Mondiaux parce que le plateau de cavaliers présent est assez semblable. Bien sûr, les Jeux ont tout de même une saveur très particulière du fait des nombreux sports qui y sont représentés, et c’est très important que notre discipline continue à faire partie du programme olympique. Cela sera encore le cas à Los Angeles en 2028, et nous devons nous battre pour que cela continue par la suite.

Aux JO, les sports équestres sont plus médiatisés auprès du grand public, et de “mauvaises images” peuvent, de fait, plus facilement marquer ce dernier…

Bien sûr, ce sujet est absolument d’actualité et je crois que nous devons nous servir de Versailles pour être pro-actifs et mettre en avant tous les bons côtés de notre sport en se servant de la médiatisation apportée par les Jeux. Il faut que nous arrivions à montrer au grand public toute l’attention portée aux chevaux et que ceux-ci ne sont absolument pas considérés comme des objets. Lutter contre la mécompréhension de notre sport sera, je crois, le vrai défi de ces JO. 



“La première mission d’un président et de créer une harmonie entre les membres du jury”

Outre le fait de juger et de présider la finale des Jeux, votre nomination s’accompagne-t-elle d’autre prérogatives?

Pour moi, la première mission d’un président est de faire en sorte que son équipe fonctionne bien, de créer une harmonie entre les différents membres du jury pour que tout se passe au mieux. Bien sûr, j’aurai aussi la responsabilité de placer les juges autour du rectangle, d’être présent aux inspections vétérinaires des chevaux et aux conférences de presse, mais pour moi, il est fondamental d’œuvrer de manière à ce que nous travaillions de manière unie au sein de notre groupe de juges. Pour le reste, notre tâche est la même lors des Jeux olympiques et grands championnats que durant les autres compétitions, et nous nous appuyons sur le même règlement, que nous connaissons donc très bien. Je dirais même qu’en ce qui concerne les aspects purement techniques, nous sommes mieux entourés lors des grandes échéances, puisque lors de celles-ci, un délégué technique ainsi qu’un panel de supervision composé de deux juges très expérimentés et un entraîneur sont présents pour nous appuyer, ce qui est appréciable.

Allez-vous vous préparer de manière spécifique pour cette échéance?

J’ai été contacté vendredi pour suivre une formation avec des arbitres d’autres sports (comme l’a notamment fait Anne Prain, qui présidera le jury des épreuves de para-dressage aux Jeux paralympiques, ndlr) et j’ai bien l’intention de participer à ce genre de choses, parce que je crois que cela fait partie de l’esprit olympique. 

Est-il prévu que vous et les six autres membres du jury jugiez ensemble lors de certains concours avant les Jeux?

Normalement, nous devrions officier tous ensemble lors du CDIO 5* de Compiègne, début mai. La semaine précédente, certains d’entre nous seront présents au CDI 4* de Hagen et au CDI 5* de Fontainebleau. Bien sûr, la plupart d’entre nous devraient également juger lors du CHIO d’Aix-la-Chapelle, tout début juillet.