Quel manteau pour l’hiver?
Chaque hiver, la grande majorité des chevaux de sport sont tondus, puis couverts. Pourquoi les cavaliers de haut niveau gèrent-ils ainsi eux-mêmes le poil de leurs équidés? Cette pratique, semble-t-il nécessaire pour des chevaux soumis à des efforts physiques réguliers, entre-t-elle en contradiction avec leurs cycles biologiques naturels et leur bien-être? Quel type de produits choisir pour “agir” de façon efficace et optimale?
Si les équidés naissent avec des poils, c’est qu’ils leur sont utiles et qu’ils savent vivre avec: ainsi, les chevaux “font-ils” plus ou moins de poil en fonction des conditions climatiques; au fur et à mesure que les journées raccourcissent et que les températures baissent, leur pelage érectile enferme une couche d’air isolante. Un poil sain leur sert également à drainer l’excès d’eau. Toutefois, ce poil étant très épais, il est compliqué de le conserver lorsqu’un cheval est au travail, car alors, celui-ci transpire souvent beaucoup. Il met ensuite très longtemps à sécher, et risque fortement d’attraper froid. C’est ce qu’explique Julie Maupoint, de Cheval Shop: “S’il a chaud, pour réguler sa température, le cheval, comme tout animal, transpire, ce qui le couvre d’humidité, et c’est ainsi qu’il peut attraper froid.” Au-delà de la commodité offerte aux cavaliers, qui n’auront plus à panser leur animal pendant des heures pour enlever la poussière, la terre et toute autre saleté incrustée dans le pelage, il s’avère donc plus simple, et surtout plus confortable pour le cheval, de le tondre, puis de le recouvrir quand nécessaire pour le protéger du froid. Outre le bien-être de l’équidé, ainsi que le gain de temps pour son propriétaire, la tonte peut également être pratiquée à des fins esthétiques pour la compétition, ou encore de santé pour les chevaux qui, par exemple, sont atteints du syndrome de Cushing et muent difficilement. Encore faut-il savoir comment procéder pour ne pas entamer sa zone de confort…
Rendez-vous chez le coiffeur…
À l’arrivée des premières fraîcheurs, il est commun d’entendre dans l’écurie des bourdonnements caractéristiques: c’est l’heure de la tonte! Chez WeatherBeeta, on le sait bien. “La plupart des gens choisissent de tondre au début des mois d’automne (vers octobre ou novembre en général, ndlr) pour permettre une repousse plus naturelle vers le printemps”, expose Lynne Westwood, employée de la marque. Certains chevaux sont tondus partiellement, d’autres intégralement. Il est important, pour ce faire, d’être bien équipé. Anaël Marzin, représentante d’Équideos, conseille de “choisir une tondeuse adaptée à la quantité des chevaux à tondre. La puissance requise n’est pas la même selon que l’on a deux ou quinze équidés en charge, voire plus! Par exemple, chez Équideos, nous disposons de modèles à brancher sur le secteur présentant un très bon rapport qualité-prix, mais qui, au-delà de deux chevaux, vont commencer éventuellement à chauffer et se bloquer. A contrario, nous disposons de modèles dotés d’une puissance adaptée à la nécessité de tontes importantes, avec notamment un système de ventilation permettant au poil de ne pas se coincer à l’intérieur et à la tondeuse de ne pas surchauffer. Nous proposons également des modèles sans câble, offrant une liberté de mouvements idéale avec une batterie se fixant à la ceinture pour davantage de légèreté, disposant d’une autonomie allant jusqu’à deux heures, et avec la possibilité d’acheter plusieurs batteries.”
La tonte elle-même peut être légère et ne concerner que les zones les plus sujettes à la transpiration, comme l’encolure, ou, à l’inverse, aller jusqu’à la tonte intégrale. Il existe au moins six modèles différents: la tonte légère (parties du corps qui transpirent le plus rapidement, comme le dessous de l’encolure et le poitrail), la tonte tablier (partie inférieure de la tête et de l’encolure, ainsi que poitrail et passage de sangle), la tonte de trait (partie inférieure de la tête et de l’encolure, poitrail, partie inférieure de l’abdomen, avant-main et arrière-main), la tonte en manteau (partie inférieure de la tête, encolure, poitrail, partie inférieure de l’abdomen et de l’avant-main ainsi que l’arrière-main), la tonte de chasse (corps du cheval, sauf les membres et l’emplacement de la selle) et, enfin, la tonte complète (ensemble du corps). Coraly Hulin, de chez West Cheval, explique que “l’on peut, par exemple, choisir de laisser les poils à l’emplacement de la selle pour éviter les frottements, ou sur le dos pour ne pas avoir besoin d’utiliser un couvre-reins”. Il existe ainsi plusieurs modèles de tondeuses destinées à différents usages, selon que l’on veuille tondre les flancs ou les parties plus délicates, comme les membres ou la tête. De son côté, HKM propose un modèle de tondeuse de finitions sans fil. “Sa manipulation est plus agréable pour le cheval. Elle est plus précise et permet d’avoir aisément accès à des endroits sensibles du corps de l’animal, comme la salière, au-dessus des yeux”, indique Emmanuelle Warin, chez HKM.
Quel “manteau” choisir?
Il est important de couvrir son cheval selon les besoins de ce dernier… et non selon les nôtres, ou du moins ceux que nous projetons sur lui. Les fameuses dérives de l’anthropomorphisme! Selon Emmanuelle Warin, “il y a une différence d’environ dix degrés entre la température que nous ressentons et celle que nos chevaux ressentent”. Alors comment savoir si un cheval a froid? Selon Julie Maupoint de Cheval Shop, “contrairement aux idées reçues, si un cheval tremble, ce n’est pas forcément parce qu’il a froid. Pour être sûr, il faut se référer à sa température corporelle au niveau des reins.” Et, surtout, il ne faut pas oublier que l’équidé souffre davantage de la chaleur que du froid! “Si le cheval a trop chaud, il transpire et a rapidement tendance à attraper froid”, insiste Julie. D’où la nécessité de choisir le bon grammage pour la couverture (c’est-à-dire le poids du tissu en grammes par mètre carré), nécessaire en période de froid pour les chevaux tondus, et de ne pas tomber dans le piège des superpositions excessives.
Il faut bien prendre garde également à choisir une couverture adaptée, ne comprimant pas les mouvements du cheval et ne générant pas de frottements, au risque de provoquer des blessures. Autrement dit, un modèle qui ne serre pas trop au niveau du poitrail ou du garrot. Chez HKM, Emmanuelle Warin précise que “nos modèles sont équipés de grands soufflets d’aisance facilitant la mobilité, et nous privilégions les “high necks”, autrement dit des modèles qui montent de plusieurs centimètres au-dessus du garrot afin d’éviter justement toute pression au niveau de ce dernier. Enfin, nous proposons des protections de poitrail en Lycra, idéales pour les chevaux dotés d’une peau fine, donc particulièrement sensible”. Attention également à la croupe: cette zone est très sensible chez l’équidé ; d’ailleurs, lorsqu’il veut se protéger, le cheval tourne naturellement le dos au froid. “C’est d’ailleurs pour cela que tous nos modèles dis- posent de longs rabats de queue”, précise Emmanuelle Warin.
Il est également important, voire primordial, de choisir le bon “denier”, indicateur de solidité de la couverture, faisant référence à l’enveloppe extérieure de celle-ci. Dans des termes plus techniques, le denier est l’épaisseur du fil individuel utilisé dans le tissage du fil du tapis. Plus le denier est élevé, plus le tissage est épais, et plus le matériau est résistant. Ainsi, parmi les types de deniers proposés sur le marché, le 600 D sera moyen, le 1 200 D lourd, et le 1 680 D très lourd. Par exemple, indique Anaël Marzin de chez Équideos, “si le cheval vit en extérieur, il faut opter pour au moins 1 200 deniers, sachant que dans certains cas, même la meilleure des couvertures ne sera pas assez résistante!” Le budget, la morphologie de son animal et son environnement de vie seront des facteurs à prendre en compte afin de choisir le bon modèle. Par ailleurs, il est souvent difficile de gérer les écarts de températures au cours de la saison, ou même de la journée. “Nous proposons, pour remédier à ce problème, des liners (doublures en anglais, ndlr) amovibles qui s’ajoutent et s’enlèvent en fonction des besoins du moment”, signale également Anaël Marzin.
L’humidité étant l’ennemi public numéro un du cheval, il faut absolument que les couvertures restent sèches. D’une part, comme exposé précédemment, pour éviter qu’il attrape froid et, d’autre part, pour échapper aux problèmes de peau bien souvent causés par les moisissures, Équideos propose un séchoir pour couvertures consommant très peu d’électricité. “Placé dans la sellerie, il peut fonctionner comme un radiateur et préserver également les cuirs de l’humidité”, précise Anaël Marzin. Il existe enfin des modèles de couvertures plus ou moins perfectionnés. Ainsi, chez HKM, on en trouve avec une barre thermique permettant d’indiquer la température corporelle de l’animal, mais également avec une doublure spécifique autorisant l’évacuation de la vapeur, sans oublier un système de fibre céramique ayant un effet relaxant. Cheval Shop, elle, dispose d’une large gamme dédiée aux poneys (tailles 85 à 110), de même que West Cheval. En conclusion, il est bon de toujours penser, en fin de saison, à laver vos couvertures, de bien les sécher et de les imperméabiliser avant de les ranger jusqu’à l’hiver suivant. Si les saletés et traces d’humidité s’accumulent, c’est la porte ouverte aux moisissures. Pas certain que votre petit protégé apprécie!