La formation des Young Breeders reprend!

Depuis plusieurs années, afin de démocratiser la présentation d’un cheval de sport, le Stud-book Selle Français s’est investi dans la formation des jeunes générations d’éleveurs à travers le programme international Young Breeders, impulsé par la Fédération mondiale de l’élevage de chevaux de sport et désormais décliné au national. L’objectif de cette formation, ouverte à tous, est de transmettre le bagage nécessaire aux futurs professionnels pour favoriser leur insertion au sein de la filière.



Né en Allemagne sous l’impulsion du stud-book Hanovrien, le concept de Young Breeders, supervisé par la Fédération mondiale de l’élevage de chevaux de sport (WBFSH), a conservé ses objectifs premiers, à savoir former les jeunes éleveurs et encourager les rencontres et échanges internationaux. 2001 voit ainsi la première édition de ces championnats du monde réservés à la jeunesse se tenir à Verden, en Allemagne. En 2009, le Stud-book Selle Français y participe pour la première fois grâce à André Audinot, décrochant sur le sol irlandais le titre de champion du monde de présentation en main. Fort de cette expérience, l’association nationale de race décide alors d’intégrer ce programme international en 2011 et d’en organiser la cinquième édition dans la foulée, à Chazey-sur-Ain. Depuis, la compétition a pris de l’ampleur, comptant aujourd’hui vingt-six stud-books provenant de douze pays. 

Ainsi, chaque stud-book est à même de présenter une équipe de quatre Juniors âgés de seize à vingt ans, et une équipe de quatre Seniors de vingt et un à vingt-cinq ans. Cinq tests constituent ces championnats, dont trois majeurs, à savoir une épreuve de culture équestre en anglais, une épreuve de jugement “modèle, allures et saut en liberté” et une épreuve de présentation en main, comptant dans le calcul des classements finaux par équipes et en individuel. À ces trois ateliers se rajoutent une épreuve de toilettage et une épreuve d’ambiance dite “de mascotte”, donnant accès à des classements propres. Enfin, une fois la compétition achevée, le stud-book hôte organise classiquement une journée découverte à l’attention des jeunes recrues venues des quatre coins du monde. “En 2022, les championnats du monde se sont déroulés à Ermelo, aux Pays-Bas, et le KWPN avait organisé la visite du célèbre haras VDL de la famille Van de Lageweg, à Bears”, se remémore Caroline Legrand, chargée de mission au sein du Stud-book Selle Français et responsable du programme Young Breeders.



Objectif podium

Du côté des résultats, l’Allemagne reste la nation forte, ayant remporté par le biais de ses différents stud-books la quasi-totalité des compétitions organisées jusque-là. Cependant, la France continue sa progression, année après année, au sein du classement mondial. “Certes, il nous reste encore à accrocher un podium par équipes et en individuel, mais nous nous en rapprochons”, poursuit Caroline Legrand. Ainsi, en 2015, l’équipe de France Juniors avait terminé à une honorable sixième place sur dix-huit équipes engagées, tout comme en 2019, en Autriche; l’équipe Seniors avait pour sa part terminé au huitième rang, permettant ainsi au Selle Français de décrocher une belle cinquième place au classement général! Plus récemment, en 2022, l’équipe Juniors s’était offert la deuxième place de l’épreuve de toilettage. “Il est encore difficile de rivaliser aujourd’hui face à des nations fortes comme l’Allemagne, car en France, seule l’équipe du Stud-book Selle Français concourt, alors que l’Allemagne présente autant d’équipes qu’elle compte de stud-books sur son territoire”, développe Caroline Legrand. “Là-bas, la présentation des chevaux correspond à une discipline à part entière, fortement ancrée dans la culture équestre. Il faut aussi reconnaître que nous, Français, ne sommes pas toujours les meilleurs élèves quant à la pratique de l’anglais… Or, les expériences passées nous ont montré que d’excellentes notes au QCM étaient primordiales pour s’assurer une place parmi les meilleurs. Être bon techniquement et savoir présenter un cheval ne suffit pas pour gagner. Les candidats doivent être complets et, pour cela, la pratique de l’anglais n’est pas à négliger. C’est pourquoi nous avons renforcé les stages de perfectionnement et créé une caisse à outils numérique permettant aux élèves sélectionnés de s’entraîner – elle est consultable sur notre site internet dédié à la formation.”



Investir l’Hexagone pour susciter des vocations

Les championnats du monde se tenant une année sur deux, le Stud-book Selle Français a alors décidé de donner une dimension nationale et continuelle au projet afin de faciliter la diffusion du concept de Young Breeders. De fait, un ensemble de formations se tenant chaque année durant la période hivernale, ainsi qu’un championnat national se déroulant lors des années interstitielles ont vu le jour. 

“Depuis 2017, l’équipe Young Breeders du Selle Français, représentée par André Audinot, Clément Emonnot, Lisa Pautex et moi-même, parcourt le territoire national pour organiser des formations sous forme de rassemblements par grande région administrative au sein des centres de formations agricoles. Nous rencontrons évidemment un nombre conséquent de potentiels candidats, issus de la quarantaine d’établissements scolaires que nous visitons chaque année, mais il est important de rappeler que le dispositif est également ouvert à toute personne âgée de seize à vingt-cinq ans présentant une forte motivation pour prendre part à cette aventure”, explique Caroline Legrand, ne souhaitant pas passer à côté de certains profils venus en auditeurs libres. “Ainsi, chaque année, près de quatre cent cinquante élèves participent à ces rassemblements territoriaux.” 

Une fois cette tournée réalisée, les élèves rencontrés durant l’hiver peuvent prendre part au championnat national. Celui-ci sert également de base pour constituer les deux équipes qui iront défendre les couleurs du Selle Français lors des championnats du monde l’année suivante. La dernière édition nationale, tenue en avril 2023 au lycée agricole George Sand d’Yssingeaux, en Auvergne, et qui avait rassemblé plus de cent vingt élèves issus de dix-neuf établissements scolaires, a vu la victoire de Juliette Linhard, du lycée professionnel agricole de Contamine-sur-Avre. 

À la suite, une trentaine de candidats sélectionnés seront invités à participer à plusieurs stages de perfectionnement de janvier à juin 2024 afin d’identifier les huit meilleurs d’entre eux qui auront la chance de partir au Danemark, au Stutteri Ask, du 4 au 6 juillet. 

Mais la participation aux championnats du monde n’est pas la seule finalité des Young Breeders. En plus d’un rôle pédagogique visant à former aussi bien les futurs éleveurs que les juges et les préparateurs de jeunes chevaux, cette formation permet à ces jeunes de saisir par la suite des opportunités professionnelles offertes par le monde de l’élevage. “À titre d’exemple, le Stud-book Selle Français est en permanence à la recherche de collaborateurs compétents et opérationnels pour venir renforcer ses équipes lors des différentes manifestations. Notre volonté est également de former des jeunes pour leur donner la possibilité de venir épauler nos équipes par la suite”, conclut Caroline Legrand.

Cet article est paru dans le dernier numéro du magazine GRANDPRIX.