Privée des Jeux panaméricains, Luciana Diniz se battra pour aller aux Jeux olympiques de Paris
Alors que Philippe Guerdat l’avait sélectionnée pour faire partie de l’équipe du Brésil aux Jeux panaméricains, du 31 octobre au 3 novembre, Luciana Diniz va finalement devoir faire l’impasse sur son voyage jusqu’au Chili. La cavalière de Vertigo du Désert, qui avait annoncé retrouver le drapeau auriverde en 2022 après avoir longtemps concouru sous couleurs portugaises, est victime du règlement des Jeux Panaméricains en matière de changement de nationalité… Une subtilité qui pourrait même lui faire manquer l’événement de ses rêves: les Jeux olympiques de Paris 2024.
L’équipe brésilienne préparait tranquillement son voyage jusqu’au Chili, où se tiendront les épreuves de saut d’obstacles des Jeux panaméricains, à Santiago, du 31 octobre au 3 novembre. Mais une immense surprise est venue contre-carrer les plans de Paulo Pedro Lacerda, chef d’équipe, et Philippe Guerdat, sélectionneur: Luciana Diniz ne pourra finalement pas en être. Initialement sélectionnée avec Vertigo du Désert (SF, Mylord Carthago x Robin II), avec lequel elle a brillamment contribué à l’obtention de la qualification olympique lors de la finale des Coupes des nations Longines de Barcelone début octobre, l’amazone ne pourra finalement pas prendre le départ de l’événement continental. La raison? Une subtilité dans le règlement des Jeux Panaméricains au sujet des athlètes ayant changé de nationalité. Concernée par celui-ci puisqu’elle a retrouvé le drapeau auriverde début 2023 après avoir concouru sous les couleurs portugaises durant seize ans (elle s’en est d’ailleurs longuement expliqué dans un entretien donné au magazine GRANDPRIX), Luciana Diniz a participé à ses derniers grands championnats européens en 2021, il y a presque deux ans jour pour jour, à Riesenbeck. “Et contrairement à celui de la Fédération équestre internationale, le laps de temps qui permet à un athlète de courir un grand championnat après avoir changé de nationalité est fixé à deux ans dans le règlement des Jeux Panaméricains”, explique la principale intéressée, contactée par la rédaction de GRANDPRIX. “Le comité d’organisation nous a avertis il y a quelques jours que mon engagement avait été refusé, après avoir rempli tous les papiers et préparé mon départ.”
“C’est une erreur collective vraiment bête”, Luciana Diniz
Plus précisément, selon les règles 34.5 et 34.6 de la constitution de l’Organisation sportive panaméricaine (PASO, pour Pan American Sports Organization en anglais, ndlr), un “athlète ayant représenté un pays aux Jeux panaméricains ou aux Jeux olympiques, ou à des championnats mondiaux ou régionaux reconnus par la Confédération sportive panaméricaine concernée et/ou la Fédération internationale correspondante, et qui a changé de nationalité ou acquis une nouvelle nationalité, peut participer aux Jeux panaméricains pour représenter son nouveau pays à condition qu'il se soit écoulé au moins trois ans depuis que le concurrent a représenté son ancien pays pour la dernière fois (comprendre dans un championnat international, ndlr). Cette période peut être réduite ou même annulée, avec l'accord des comités nationaux olympiques et des confédérations sportives panaméricaines concernées, par la commission exécutive qui prend en compte les circonstances de chaque cas.”
“C’est une erreur collective vraiment bête, car personne n’avait pensé à vérifier si les règles de la FEI (applicables aux championnats du monde, par exemple, ndlr) en la matière étaient identiques pour les Jeux panaméricains… Nous avons tous été très surpris par cette nouvelle. J’étais vraiment convaincue de pouvoir disputer ces championnats. J’avais même relevé que les derniers auxquels j’avais participé avec le Portugal dataient de septembre 2021, alors que les Jeux panaméricains étaient prévus en octobre 2023, donc le timing était parfaitement respecté avec deux ans et un mois de battement! Honnêtement, je suis un peu triste. J’étais déjà très heureuse d’avoir pu courir la finale des Coupes des nations Longines de Barcelone, qui ne figurait pas dans mes plans initiaux, mais disputer les Jeux Panaméricains étaient un objectif. Philippe Guerdat m’avait dit que je n’étais pas obligée d’y participer (pour rappel, le Brésil a décroché sa qualification pour les Jeux olympiques de Paris 2024 à Barcelone, ndlr) car les épreuves ne sont que d’1,50m et le niveau y est moins élevé qu’à Barcelone. Mais c’était un rêve pour moi de courir ces championnats sous les couleurs du Brésil (elle ne les avait encore jamais disputés, ndlr), qui auraient aussi permis de renforcer notre esprit d’équipe, donc j’ai dit que je voulais y aller.”
“Nous avons déjà entamé une démarche pour que je puisse être sélectionnable pour les Jeux olympiques de Paris”
Si cette règle des trois ans est applicable pour les Jeux panaméricains, elle l’est également pour les Jeux olympiques de Paris, prévus du 1er au 6 août 2024 pour les épreuves de saut d’obstacles. “Nous avons déjà entamé une démarche pour que je puisse être sélectionnable pour les Jeux olympiques, qui sont un véritable rêve pour moi. Il paraît que quatre athlètes ont déjà obtenu des dérogations par le passé, donc nous avons de l’espoir! La Fédération équestre brésilienne et la Fédération équestre internationale sont déjà en train de discuter avec le Comité international olympique (CIO), et les comités olympiques brésiliens et portugais ont donné leur accord. Alors, désormais, je regarde vers l’avenir et je pense positif. Nous devons accepter cette situation et travailler en vue des rendez-vous de l’année prochaine. D’ici là, j’aimerais pouvoir courir quelques beaux concours cet hiver. J’avais demandé à participer au CHI Longines d’Equita Lyon (pour lequel la Brésilienne n’a pas été retenue, ndlr), puis aux CSI 5* de Stuttgart et Vérone, ainsi qu’au CHI de Genève. Si j’arrive à obtenir une place quelque part, j’en serai contente et reconnaissante.”