Grégory Wathelet et Bond JamesBond de Hay embrasent Lyon rien que pour nos yeux
Grégory Wathelet a remporté le Grand Prix Coupe du monde du CHI-W Longines d’Equita Lyon, cet après-midi à Eurexpo. Associé à Bond JamesBond de Hay, le Belge s’est imposé avec un panache digne du légendaire agent 007 au terme d’un barrage à quatorze. Les deux et troisième places ont récompensé les superbes prestations de Julien Épaillard et du Britannique Ben Maher avec Dubaï du Cèdre et Dallas Vegas Batilly.
Son nom est Wathelet, Grégory Wathelet. Agent au service du roi Philippe de Belgique, le Liégeois, qui avait un temps agi au sein d’une cellule ukrainienne, à la décadente époque d’Oleksandr Onyshchenko, compte une médaille d’argent individuelle aux championnats d’Europe, gagnée en 2015 à Aix-la-Chapelle, un titre de champion d’Europe par équipes, décroché en 2019 à Rotterdam, et une médaille de bronze olympique collective, remportée en 2021 à Tokyo. Aujourd’hui, sa mission était simple: neutraliser Julien Épaillard et Martin Fuchs, vainqueurs des quatre dernières éditions du Grand Prix Coupe du monde du CHI-W Longines d’Equita Lyon. Pour l’accompagner dans cette difficile intervention, le quadragénaire avait choisi un certain Bond JamesBond de Hay, étalon Selle Français de douze ans par Diamant de Semilly et une mère par Kannan, qui flotta naguère sous pavillon français. Initiée en début d’année, l’association de ces deux excellents athlètes avaient déjà donné lieu à de très belles performances, dont une sixième place dans le Grand Prix CSI 5* Longines du Paris Eiffel Jumping et un quatrième prix dans l’épreuve reine Rolex du CSI 5* de Dinard. Mais de là à s’imposer à Eurexpo, chaudron à l’esprit sportif, mais délibérément acquis à la cause des Français, il y avait un cap, qu’on ne les aurait pas forcément imaginé dépasser dès aujourd’hui, et qu’ils ont pourtant franchi avec un panache extraordinaire. Le mérite de ce duo d’agents, plus vraiment secrets, n’en est que plus grand.
Cette après-midi, les enjeux étaient on ne peut plus classiques: pour espérer triompher, il fallait d’abord boucler sans faute et en moins de 74’’ un parcours de quatorze obstacles et dix-sept sauts, dont un double vertical sur bidet-oxer placé en numéro 6 par un Grégory Bodo fort bien inspiré tout au long du week-end, et un triple oxer-vertical-vertical monté en 13, tout près de la porte d’entrée de la piste éphémère. Puis il fallait encore produire huit efforts supplémentaires et couper la ligne d’arrivée aussi vite que possible dans un barrage au tracé assez original s’achevant par un grand “S”, qui a mis l’équilibre des concurrents à rude épreuve. Quatorze couples ont pris part à cette finale au chronomètre. On saluera les tours initiaux sans pénalité aux obstacles des deux seuls non Européens au départ de cette épreuve: le Brésilien Yuri Mansur, quinzième avec un point de temps dépassé sur QH Alfons Santo Antonio, et de l’Américaine Jessica Springsteen, seizième avec Don Juan van de Donkhoeve.
Ouvreurs du barrage, l’Italien Emanuele Gaudiano et le puissant Crack Balou ont fauté dès le vertical 15, deuxième difficulté du parcours réduit, finissant douzièmes. Au grand galop de bout en bout, le Britannique Harry Charles et Romeo 88 (ex-Champion of Picobello) ont signé le premier double sans-faute, qui leur a offert une très belle quatrième place. Plus rapides en début d’exercice, mais moins efficaces dans le “S” final, le Belge Pieter Devos et la jeune Jarina J, neuf ans, se sont classés cinquièmes. Suivant un tracé encore plus serré, Ben Maher et la Selle Français Dallas Vegas Batilly ont pris la tête des opérations avec autorité, le champion olympique en titre devançant son jeune compatriote britannique de trois quarts de seconde.
Six Français à l’abordage
Première Française à revenir en piste, en selle sur Bingo del Tondou, Pénélope Leprevost a péché sur l’entrée du triple réduit en double puis échoué à franchir le dernier, le vertical 4, subissant une chute heureusement sans gravité, d’où la quatorzième place de la Normande. Dans la foulée, la Rhônalpine Mégane Moissonnier, qui ne peut rivaliser au chronomètre avec les meilleurs sur Cordial, a assuré un double sans-faute, qui l’a hissée à la sixième place. La Suédoise Wilma Hellström a plus ou moins tenté d’en faire de même avec Cicci BJN, mais elle a fauté sur le dernier, terminant onzième. Un très bon temps pour l’Allemande Jana Wargers et Dorette, mais une faute étonnante sur l’avant-dernier obstacle, le vertical 3. Au passage de Julien Épaillard, tenant du titre avec Caracole de la Roque, les deux barres de l’oxer 16 ont tremblé, et sa Dubaï du Cèdre a franchi le dernier tout juste à l’intérieur du fanion rouge. Cette performance acrobatique a permis aux médaillés de bronze des championnats d’Europe de Milan de prendre une très bonne option sur la victoire… avant d’être repoussés à la deuxième place.
Vainqueur à Lyon en 2018 et 19 sur Clooney 51, puis avec Chaplin en 2021, Martin Fuchs est parti avec de grandes intentions sur Commissar Pezi, mais le Suisse a buté sur l’entrée du double, devant se contenter de la dixième place. Partis à une vitesse incroyable, Simon Delestre et Dexter Fontenis ont épaté le public lyonnais, jusqu’à une faute sur le dernier, qui les a repoussés au septième rang. C’est alors que les héros du jour ont fait étalage de toute leur classe, de leur hargne et d’une vitesse qu’on ne leur connaissait pas. À l’arrivée, le Belge et le Selle Français, formé par Bernard Briand-Chevalier et monté pendant un peu moins d’un an par Kevin Staut, ont abaissé de dix-sept centièmes de seconde le temps canon signé par Julien Épaillard. “Mon nom est Wathelet, Grégory Wathelet; son nom est Bond, JamesBond”, a semblé crier le Wallon en serrant très fort le poing. Les deux derniers concurrents ont bien tenté de redonner la victoire à la France, mais François-Xavier Boudant a fauté sur l’avant-dernier avec Brazyl du Mezel, neuvième, tandis que Roger-Yves Bost et Delph de Denat*HDC, qui sont parvenus à retirer une foulée dans le première ligne, ont renversé l’entrée du double et le dernier vertical, héritant de la treizième place.
Pour le duo Wathelet/Bond, le temps des médailles pour glorieux services rendus à la nation n’est pas encore venu. Pour autant, ce qu’ils ont donné à voir aujourd’hui, “rien que pour [nos] yeux”, comme le disait à la sublime Carole Bouquet, dans un long-métrage sorti en 1981, le fringant Roger Moore, qui revêtit de nombreuses fois le costume du plus sexy de tous les espions, permet de donner du corps aux ambitions olympiques de “Greg” avec l’étalon made in Bretagne.
Les résultats
Le classement de la Ligue d’Europe occidentale Longines de la Coupe du monde
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