Le Club des cavaliers internationaux demande à la FEI un nouvel examen de la règle de l’élimination
Lors du congrès annuel de la Fédération équestre internationale (FEI), qui se tient de samedi à mardi à Mexico, le Club des cavaliers internationaux de saut d’obstacles (IJRC) tentera une nouvelle fois d’obtenir la révision de la règle controversée encourageant les juges à éliminer un cheval ou un cavalier qui semble en difficulté au cours d’une épreuve. Les dirigeants de l’IJRC estiment qu’une décision aux conséquences aussi graves, notamment en championnats, devrait être prise en concertation avec un ancien cavalier olympique.
Un nouvel article 241.1 du règlement de saut d’obstacles de la Fédération équestre internationale (FEI) pourrait entrer en vigueur le 1er janvier 2024. Celle-ci permettrai au jury d’éliminer un cheval ou un cavalier semblant en difficulté. Cette élimination ne serait pas susceptible de faire l’objet d’un appel, et ses conséquences seraient forcément très importantes, notamment dans le cadre de championnats. Pour la FEI, en quête d’une meilleure acceptabilité sociale des sports qu’elle chapeaute, l’enjeu est clair: renforcer la sécurité des chevaux et des cavaliers, et ne plus donner à voir d’images néfastes à la réputation de l’équitation auprès du grand public. Aux Jeux olympiques, où les épreuves par équipes sont courues à trois couples et où tous les scores comptent, une telle sanction éliminerait de fait une nation toute entière.
“La subjectivité d’une telle décision, pris en une fraction de seconde, pourrait avoir des conséquences sur la carrière des cavaliers et des équipes nationales, en particulier aux JO de Paris l’an prochain, où il n’y aura pas de drop score”, rappelle ainsi le Club des cavaliers internationaux de saut d’obstacles (IJRC) dans un communiqué publié hier. “La FEI a jusqu’à présent rejeté les propositions de l’IJRC visant à permettre à un ou plusieurs médaillés olympiques ou cavaliers de haut niveau de conseiller le jury sur cette question pendant les Jeux olympiques et autres grands événements.” De fait, les cavaliers avaient exprimé de fortes inquiétudes lors de la dernière assemblée générale de l’IJRC, en décembre dernier à Genève, et avaient suggéré cette révision, par l’intermédiaire du Britannique Nick Skelton, sacré champion olympique en 2016 à Rio de Janeiro, citant en exemple le rôle consultatif joué par d’anciens pilote dans certaines compétitions de sport automobile. “L’IJRC espérait initialement que le rôle consultatif serait adopté à temps pour les championnats d’Europe de 2023. Cela n’a pas été possible. L’IJRC a maintenant soumis la question au processus de consultation de la FEI sur la modification des règles pour 2024, qui doit être finalisé à Mexico le 21 novembre.”
Actuellement, la FEI recommande aux fédérations nationales de soutenir son projet initial, “affirmant que la même règle doit s’appliquer à tous les niveaux de compétition, qu’il est juridiquement difficile de conférer un mandat à quelqu’un qui n’est pas un officiel de compétition (juge, commissaire au paddock, délégué technique, vétérinaire, chef de piste, etc.) et que le même principe ou la même disposition doit s’appliquer à toutes les disciplines. Cette règle est comprise comme résultant de la pression croissante en matière d’acceptabilité sociale de l’équitation, et de la réaction potentielle du public non équestre (au public tout court, même, ndlr) à des images négatives circulent sur les médias sociaux.”
Le panel de supervision des juges de dressage comme source d’inspiration
“Cependant, les scénarios devant mener à l’élimination ne sont pas définis dans l’article et l’IJRC souhaite plus de clarté”, poursuit le Club dans son communiqué. “Un effort de saut maladroit peut résulter d’un surencadrement d’un cheval ou d’un cavalier aux capacités limitées, mais il peut également s’agir d’un incident isolé faisant partie du cycle normal d’apprentissage d’un jeune cheval entre les mains d’un expert. La formulation de la dernière partie de l’article 241.1 a fait l’objet d’un compromis. Le club apprécie vraiment que la FEI ait accepté de remplacer la phrase indiquant que l’élimination aurait lieu lorsque ‘cela serait contraire aux principes du bien-être du cheval’ par ‘cela serait dans le meilleur intérêt du bien-être et/ou de la sécurité du cheval et/ou de l’athlète’. L’IJRC a proposé cet amendement car la formulation originale pouvait induire le grand public en erreur quant à la raison pour laquelle le cavalier et le cheval auraient été arrêtés pendant leur parcours, et ainsi soumettre injustement le cavalier à des critiques sur les réseaux sociaux.”
“Dans tous les sports, la décision d’un jury est définitive, mais le principe d’utiliser d’autres personnes expérimentées dans le cadre d’un processus de prise de décision sur le terrain lors des grandes manifestations de la FEI n’est pas sans précédent”, argue l’IJRC. “Depuis 2011, en dressage, la FEI emploie un comité de supervision des juges, qui a le pouvoir de ‘corriger’ les notes données par le jury lorsque, par exemple, il n’a pas tenu compte d’une erreur évidente pendant le test ou lorsque les notes d’un juge sont notablement en décalage avec celles de ses collègues. Ce panel de supervision est obligatoire aux Jeux olympiques, aux championnats du monde et continentaux et en finale de la Coupe du monde, et il peut intervenir dans d’autres concours de niveau inférieur à sa discrétion. Par ailleurs, celui-ci est composé de juges accrédités par la FEI mais aussi d’entraîneurs qui ne sont pas juges. L’ajout d’un consultant tel que suggéré par l’IJRC n’a pas la structure formelle du panel de supervision du jury de dressage, et n’a qu’une valeur consultative, sans prétention de suprématie”, conclut l’IJRC, rappelant, “pour éviter toute ambiguïté”, que le syndicat des cavaliers soutient l’élimination d’un cheval en cas de saignement.