Pénélope Leprevost inscrit son nom en lettres d’or au palmarès d’Équi Seine et se fait duchesse de Normandie
Pénélope Leprevost a gagné le Grand Prix du CSI 4* d’Équi Seine avec l’art et la manière, cet après-midi au Parc des expositions de Rouen. En selle sur Texas, l’éternelle enfant du pays a fait chavirer de joie le public normand en doublant sur le fil l’Irlandaise Jessica Burke et le Britannique Tim Gredley, deux et troisième sur Express Trend et Médoc de Toxandria, juste devant Valentin Besnard et Marc Dilasser, juchés sur Diamantina Beaufour et Arioto du Gèvres.
Duchesse de Normandie. Voilà un titre qui, faute de vraisemblable titulaire de sang bleu depuis le décès de Jeanne de Bourbon en 1378, sied parfaitement au profil de Pénélope Leprevost. Au mérite de ses résultats en saut d’obstacles, la native de Rouen est depuis quinze ans déjà la meilleure cavalière de la région – et en Normandie, l’équitation est tout sauf un sport mineur. Alors pourquoi ne pas attribuer à cette jeune et dynamique quadragénaire un supplément honorifique? Qu’importe! Qu’on soit royaliste ou non, cet après-midi, la championne olympique par équipes, installée de longue date dans le Calvados, de l’autre côté de la Seine, a vécu une forme de couronnement en remportant (enfin!) le Grand Prix d’Équi Seine. Comptant parmi les plus fidèles de ce chouette rendez-vous de fin d’année, qui fut autrefois un concours printanier organisé à Canteleu, Pénélope, ancienne élève de Francis Mas, le maître de Bois-Guillaume, s’était classée troisième en 2009 avec Topinambour, puis deuxième en 2010 – battue de quatre dixièmes de seconde par le regretté Tim Stockdale – avec Oscar des Fontaines, et encore troisième l’an passé avec Bingo del Tondou.
Les organisateurs d’Équi Seine, une joyeuse troupe de bénévoles passionnés et inspirés qui font honneur à leur sacerdoce, n’ont jamais renié aucun vainqueur. Non, mais ils rêvaient de longue date de voir triompher chez eux celle qu’ils ont vu débuter en compétition, avec la volonté et le talent qu’on lui connaît depuis toujours. Quant au public, il suffit de (re)voir l’ovation qu’il lui a réservée dès la ligne d’arrivée franchie, puis de compter le nombre de supporters qui l’attendaient au sortir de son tour d’honneur, avec l’espoir de la féliciter et de partager un peu de sa joie sincère, pour (re)prendre conscience de ce que représente Pénélope Leprevost dans la famille de l’équitation français: une star. Magnifique fut donc cette après-midi sportive au Parc des expositions de Rouen.
Dans cette épreuve en deux manches cotées à 1,55m, Pénélope Leprevost a su mettre toutes les chances de son côté en signant le sans-faute le plus rapide au premier acte, sans toutefois forcer le talent de Texas, son hongre SWB de douze ans par Tornesch 1042 et une mère par Robin I Z, partenaire du titre de championne de France Pro Élite qu’elle avait décrochée l’an passé à Fontainebleau. Blessé en février au CSI 5*-W de Bordeaux, ce partenaire de choix, naturellement rapide, est de retour à un excellent niveau, comme en attestaient déjà la sixième place du couple dans le Grand Prix CSI 4* de Saint-Lô le mois dernier, sa troisième place dans le très sélectif German Masters il y a neuf jours au CSI 5*-W de Stuttgart… et sa victoire jeudi soir dans la première qualificative pour ce Grand Prix de la région Normandie. C’est aussi la patience conjointe de la cavalière et d’Éric Levallois, propriétaire de cet attachant bai, qui ont été récompensés ce soir.
Valentin Besnard en terrain fétiche
Grégory Bodo ayant mis sur chandeliers un parcours cousu main et parfaitement équilibré, on a eu droit à une seconde manche cohérente, où tous les couples sans faute ont bien été repris. En lever de rideau de ce second acte, on a revu à l’œuvre Mathieu Billot et Chacceldi, fautifs à une reprise en première manche, qui en ont concédé huit de plus et terminé douzièmes. Pénalisé de deux points de temps, l’Allemand Michael Jung en a encaissé quatre de plus sur Fischer Duopower, dixième. À l’inverse, Valentin Besnard, qui avait écopé d’un point au premier tour, a réalisé une excellente opération en signant un brillant sans-faute sur Diamantina Beaufour, une Selle Français née chez… Éric Levallois. Équi Seine est définitivement le concours fétiche du discret Calvadosien, vainqueur en 2021 avec Beau Gosse du Park, deuxième en 2022 avec Dynastie de Beaufour et quatrième cette année avec la propre sœur de celle-ci!
Dans cette manche décisive, le sans-faute était sauf facile à obtenir à en juger par les parcours successifs du Suisse Romain Duguet et Hunger Games du Champ du Bois, battus sur le dernier oxer et huitièmes, du Normand Edward Levy et Elfy du Pic, fautifs sur l’oxer 12, antépénultième, et le vertical 15, avant-dernier, d’où une onzième place, de l’Autrichien Stefan Eder et Condaro, tenants du titre surpris dès le deuxième obstacle et septièmes, du Belge Jérôme Guéry et Napoli van het Nederassenthof, très rapides mais pénalisés eux aussi sur le 12, et encore de la Nordiste Juliette Faligot et Arqana de Riverland, qui ont fauché le 15…
Le sans-faute n’était toutefois pas une affaire impossible, ce que le Britannique Tim Gredley a prouvé avec brio sur Médoc de Toxandria, dans un temps qui lui a offert la troisième place. Avant-derniers normands en piste, Marc Dilasser et Arioto du Gèvres, vainqueurs de leur Grand Prix de rentrée il y a deux semaines au CSI 2* de Villers-Vicomte, sont partis avec de grandes intentions, qui se seraient transformées en victoire éclatante sans une touchette du bai sur le premier plan de l’oxer final… Dur. “Marco” est rentré dans l’Orne avec une frustrante cinquième place, mais l’assurance d’avoir retrouvé son partenaire en pleine forme, et aussi la joie d’avoir vu son fils Evann gagner ce matin le Grand Prix du CSI 1* avec Tiego del Sol. Flairant le bon coup, Jessica Burke ne s’est alors pas privée de prendre la tête du classement avec Express Trend, septième du German Masters et vainqueur de quatre épreuves cette année, dont un Grand Prix 3* à Arezzo au printemps. La Normandie n’avait donc plus que sa duchesse pour la défendre dans cette bataille face aux Anglo-Saxons. Et la preuse cavalière a réussi ce que tout le monde attendait pour entrer en liesse: un double sans-faute, certes émaillé d’un tutoiement de l’avant-dernier, mais bien valide et deux secondes et demie plus rapide que celui de sa rivale. Ce faisant, Texas et sa cavalière ont aussi fait mentir un vilain vieux dicton normand: “Des femmes et des ch’vaux, y en a point sans défauts”. Gentilshommes, inclinez-vous!
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Revivez les derniers instants de la seconde manche et l’ovation que le public normand a réservée à Pénélope Leprevost