Gérer les maux de l’hiver, l’interactif webinaire Cavalor
Comment adapter la gestion de votre cheval aux saisons hivernales ? Après avoir proposé un premier webinaire consacré au sucre et à l’amidon, Cavalor – marque belge de produits alimentaires et de soins pour chevaux fondée en 1989 et partenaire officiel de la Fédération équestre internationale (FEI) – a proposé le 17 octobre dernier son premier webinaire en français, avec l’appui de deux experts de la nutrition. Au programme : gestion des fibres, gestion de la tonte, gestion des correcteurs de rations et, enfin, comment faire face aux typiques maux d’hiver.
Comment effectuer la transition vers la saison hivernale ?
L’automne s’installe et l’hiver approche bientôt. En réaction, l’herbe change son fonctionnement. « En période estivale, le fructane (le sucre, ndlr) présent dans l’herbe a un pic entre l’après-midi et le soir, puis redescend dans la nuit, car il est consommé par la plante », informe Marie-Céline Hottat, du département de la nutrition, de la génétique et de l’éthologie de l’Université de Gand, en Belgique. « En hiver, en-dessous de 5°C, la plante ne consomme plus le fructane durant la nuit, si bien qu’on a des fortes doses toute la journée. Pour les chevaux sensibles aux hauts taux de fructane, il est préférable de les passer progressivement au foin, en effectuant une transition sur une quinzaine de jours ». « Pour rappel, le sodium, le zinc, le cuivre et le sélénium ne sont pas couverts par le foin d’herbe », intervient François Defraumont, nutritionniste chez Cavalor depuis 2016. « Il faudra donc apporter un correcteur de minéraux, et probablement de vitamines, ces dernières ayant tendance à diminuer dans le foin (une analyse nutritionnelle de foin est régulièrement recommandée, ndlr). Pour donner les grandes lignes, la vitamine C agit en anti-inflammatoires et en antioxydants, et les oméga-3 ont des bienfaits sur les poumons. Il est également intéressant d’intégrer des probiotiques dans l’alimentation, afin de soutenir le microbiote intestinal. Un cheval qui tombe malade en hiver n’attrape pas froid à proprement parler, mais il est soumis à plus d’attaques de germes, ce qui peut le fragiliser : les virus sont plus actifs quand il est froid, les chevaux passent plus de temps au box et sont donc proches les uns des autres dans un air moins ventilé, etc. »
Tonte et couverture, la gestion du froid et la fonction des poils
La question se pose à chaque hiver : tondre ou ne pas tondre ? Car, si un cheval tondu évacue la chaleur plus facilement, il devient aussi sensible au froid. D’un autre côté, un cheval non tondu se fait une épaisse couche de poils et sue très vite à l’effort. Les internautes ayant pris part au vote en ligne durant la tenue du webinaire ont indiqué à 30% de ne pas tondre leur cheval, à 45% le tondre parfois et, à 25%, toujours. « La zone thermoneutre – plage de température idéale dans laquelle un cheval sans couverture n’a ni trop chaud, ni trop froid – du cheval est différente de celle de l’homme », rappelle Marie-Céline Hottat. « Elle est comprise (dans les climats tempérés) entre 5°C et 25°C, contre 25°C et 30°C chez l’homme. En deçà, le cheval doit manger plus de fibres pour compenser la perte de chaleur, puisque c’est l’ingestion de ces dernières qui permet au cheval de produire de la chaleur via leur digestion dans le caecum et le côlon. » S’il ne peut compter sur cet apport accru de fibres, le cheval va trembler et moins boire – l’eau à sa disposition étant souvent froide, voire glacée. La solution de ralentir la pousse des poils via le port quasi constant d’une couverture pourrait-elle être efficace ? « Les études montrent qu’un cheval non tondu mais couvert a une pousse de poils réduite qui le protège peu du froid. À températures égales et grâce aux infrarouges, on note qu’un cheval non tondu présente beaucoup plus de zones chaudes qu’un cheval aux poils courts, mais porteur d’une fine chemise ».
En effet, outre réduire la pousse, une couverture aplatit les poils et il faut environ six heures pour que les poils se redressent et forment une barrière naturelle contre le froid. Autrement dit, le port d’une grosse couverture est recommandé à partir du moment où les poils ne peuvent plus exercer pleinement leurs fonctions. « Un vieux cheval ou un cheval maigre seront plus sensibles au froid, même avec leurs poils. Avant de couvrir ou non, il est important de bien connaître l’état corporel de son cheval en analysant ses masses graisseuses (l’évaluation se fait visuellement et par palpation sur six zones du corps : le chignon de l’encolure, le garrot, la ligne du dos, l’arrière de l’épaule, la base de la queue et, enfin, les côtes, ndlr). »
Les maux hivernaux, entre préventions et solutions
Les internautes ayant pris part au vote en ligne durant la tenue du webinaire ont indiqué faire face à plusieurs maux hivernaux, quand il est question de la gestion de leur cheval. Par ordre décroissant, nous retrouvons la difficulté de maintenir un bon poids, la toux, les raideurs, la gale de boue, les écoulements naseaux et, enfin, un trop-plein d’énergie. « Avant tout, même si cela est contraignant quand l’écurie présente un grand nombre de chevaux, il faut rappeler qu’individualiser les rations est primordial », continue François Defraumont. « On distingue la ration de fondation – les fibres – et la ration de fonction, qui va complémenter la ration de base. On parle alors de correcteurs, qui vont équilibrer l’alimentation du cheval. On ne le répètera jamais assez, le foin est la base indispensable ! Si le propriétaire cherche des sources alternatives au foin d’herbe, la pulpe de betterave et le foin de luzerne sont de très bons atouts. Pour les chevaux qui perdent de l’état malgré la consommation d’une grosse quantité de concentrés (grains, muesli, etc.), attention à veiller à la digestibilité des aliments. Selon le problème rencontré, notre équipe de nutritionnistes est à même de vous conseiller pour pallier à tel ou tel problème. Par exemple, pour un cheval qui a un surplus d’énergie (trop nourri et ne peut l’évacuer en marchant librement, ndlr), on va plus miser sur une synergie de fibres et de matières grasses, pour moins chercher l’explosivité. Si, au contraire, le cheval montre une baisse d’énergie, on va chercher à augmenter le taux de globules rouges dans le sang via une alimentation ciblée. » Qu’en est-il de la gale de boue et autres infections dermatologiques ? « On peut soutenir le derme en lui apportant via l’alimentation de la vitamine E, du cuivre, du zinc et des oméga-3. Sécher mécaniquement le plus possible la peau est toujours bénéfique, quand le milieu est très humide. Attention à ne pas désinfecter outre mesure les membres, car cela détruit aussi les bonnes bactéries ! Ces dernières, en disparaissant, laissent de la place aux bactéries pathogènes. La prévention reste une bonne action : avoir une écurie bien ventilée, une litière propre, et nettoyer régulièrement son matériel de pansage », conclut François Defraumont.