De potentiels candidats pour Paris 2024 mis aux enchères le 12 décembre à Deauville
Une vente exceptionnelle, par la nature de son catalogue, est programmée le 12 décembre à Deauville et en ligne. Passeront sous le feu des enchères quatorze chevaux, dont environ la moitié est jugée capable de participer aux Jeux olympiques de Paris 2024 par des experts de la trempe de Scott Brash, Harrie Smolders et Bertram Allen. Une première que portent Élise Mégret, César Alric, Grégory Vidal et Philippe de Balanda. Le dernier nommé livre quelques informations sur cet événement commercial hors norme, conduit en partenariat avec Balsan Enchères.
F One USA (KWPN, Toulon x Otangelo), Pegasus Jataki (KWPN, Jamal van de Heffinck x Waitaki) et Oak Grove’s Laith, alias Bentley de Riverland (SF, London x Quincy). Ainsi se nomment les trois têtes d’affiche de la vente Parido Auction, programmée le 12 décembre à 20h30 au Pôle international du cheval Longines de Deauville. Trois chevaux disposant d’une première expérience en grands championnats, respectivement associés à l’Italien Lorenzo de Luca aux Mondiaux de Herning l’an dernier, et au Portugais Rodrigo Giesteira Almeida et au Britannique Samuel Hutton lors des Européens de Milan cet été. Trois parmi une sélections de quatorze chevaux, dont la moitié est jugée apte à relever le défi sportif que représentent les Jeux olympiques de Paris 2024. Jusqu’à présent, sauf dans le cas de saisies judiciaires – on se rappelle notamment l’incroyable vente Eurocommerce et l’inimaginable placement sous séquestre de London, double vice-champion olympique, au sortir des Jeux de Londres – on n’avait jamais vu de tels chevaux vendus aux enchères.
Mais quelle mouche a donc piqué Philippe de Balanda, Grégory Vidal, César Alric et Élise Mégret, associés fondateurs de cet évènement commercial inédit? “Il est vrai que cette vente sort de l’ordinaire. J’ai imaginé ce concept il y a environ quatre ans. Cela me tenait à cœur, et la demande de ventes aux enchères n’a fait que renforcer ma conviction. Ce mode a pris le pas sur les modes traditionnels de vente”, assure Philippe de Balanda. “Le moment me semblait venu de tenter quelque chose de nouveau, avec des chevaux capables de sauter les Jeux olympiques, qui sont si recherchés ces temps-ci, et non de jeunes chevaux qui sautent très haut de façon spectaculaire”, décrit l’héritier d’une famille indissociable de l’histoire olympique de l’équitation et qui l’on doit notamment d’avoir cru en l’extraterrestre que fut l’étalon Armitages Boy, très grand gagnant sous les selles d’Aymeric de Ponnat et de Lorenzo de Luca. “Tous les membres de notre petite équipe, attachés au respect du cheval, des propriétaires et des clients, se sont rejoints sur la nécessité de créer un outil efficace, puis chacun a apporté sa pierre à l’édifice.”
Dans le fond, vendre aux enchères, y compris des chevaux de Grands Prix et de championnats, n’est-il pas le meilleur moyen de s’affranchir de tous les intermédiaires réclamant des commissions de façon plus ou moins fondée, allant jusqu’à faire échouer des transactions comme on l’entend très souvent dans les conversations au bord des paddocks? “Je ne sais pas. Je crois que c’est souvent un faux problème. Il y a eu des abus, il ne faut pas s’en cacher, mais j’ai le sentiment que c’est moins le cas aujourd’hui. Il y a tellement d’acteurs qu’on finit toujours par vendre correctement son cheval. Je dirais plutôt que ce marché fait face à un problème d’identité et de confiance. Pour ma part, si je conseille un cheval, c’est parce que j’y crois”, poursuit Philippe de Balanda. Fort de ce constat, le quatuor s’est entouré de trois cavaliers internationaux de grande renommée pour expertiser sa sélection: le Britannique Scott Brash et le Néerlandais Harrie Smolders et Irlandais Bertram Allen, multimédaillés et anciens leader du classement mondial Longines pour les deux premiers cités.
“Tous les chevaux ne seront pas vendus à n’importe quel prix”
Outre les trois chevaux nommés en préambule, le catalogue de Parido Auction est composé de quatre autres candidats jugés capables de prendre part aux Jeux olympiques de Paris 2024: Pegasus Deau Re Mi T&L (Z, Deauville van T & L x Corofino 2), bien née et classée jusqu’à 1,50m avec la Française Inès Joly et Rodrigo Giesteira Almeida, Carlo van Klapscheut (Z, Carlow van de Helle x Cicero Z), issu d’une grande famille belge et classé à 1,50m à huit ans avec Thibeau Spits, Doriano de Blondel (SF, Vagabond de la Pomme x Coriano), provenant d’une très bonne souche et performant jusqu’à 1,55m avec l’Irlandais Christopher Megahey, ainsi que Mylo van Klapscheut (BWP, Adorado x Radco d’Houtveld), issu de la même souche que Carlo et récent quatrième du Grand Prix CSI 4* de Saint-Lô avec Robin Muhr. À ceux-là s’ajoutent Fleur Charbonière (SF, President x Papillon Rouge), gagnante à 1,40m et classée jusqu’à 1,45m sous la selle d’Alexis Lheureux, Action Bellevue (Han, Action-Breaker x Baloubet du Rouet), classée jusqu’à 1,55m avec la Franco-Israélien Robin Muhr et très bien née, et Farfelue de Beaufour (SF, Air Jordan x Diamant de Semilly), bien née là encore et récemment classée à 1,50m sous la selle de Valentin Besnard, peut-être un peu jeunes pour 2024 mais à grand potentiel pour 2026, ou encore Pegasus Cekanane de Ushara (SF, Kannan x Quincy), très performante à 1,45m avec Rodrigo Giesteira Almeida et les Français Benoît Cernin et Alexa Ferrer et même troisième à 1,55m au CSI 5* de Cannes, Empire EH (Z, Emerald van’t Ruytershof x Darco), excellent cheval de vitesse avec le turc Derin Demirsoy, et Honolulu des Forêts (SF, Cicero Z x Quincy), sacrée championne de France des six ans associée à Hugo Paris et provenant de la même souche que les cracks Nicos de la Cense et Quamikase des Forêts, alias Zirocco Blue VDL. On attendait d’autres chevaux, y compris certains stationnés en Normandie, mais la liste est désormais définitive.
Attablés dans le manège deauvillais, chez eux à distance ou via des intermédiaires, les clients intéressés par un ou plusieurs des quatorze chevaux mis en vente pourront librement enchérir, sans toutefois les avoir essayés. “On peut les voir régulièrement en compétition. Par exemple, F One USA participera ce week-end au CSI 5*-W de La Corogne. On ne peut pas les essayer, mais on peut se fier au jugement de nos trois grands experts, qui n’ont aucun intérêt dans leur commercialisation. Si l’on veut participer à de grands championnats, il faut de toute façon être capable de bien monter et gérer de tels chevaux. Nous ne sommes pas des mercenaires. Nous avons surtout à cœur d’offrir un outil d’exposition aux vendeurs. En outre, tous ces chevaux ne seront pas vendus à n’importe quel prix, et nous ne demanderons rien aux propriétaires dont les chevaux n’attendraient pas le prix plancher”, assure Philippe de Balanda. En revanche, les acquéreurs devront s’acquitter de frais de vente s’élevant à 13% de l’enchère finale, hors TVA.
Les quatorze candidats seront présentés sous la selle, sur le plat et aux trois allures par trois jeunes cavaliers: Clément Mernier, Margaux Broucqsault et Rose de Balanda, nièce de Philippe, fille d’Inès et petite-fille de Gilles, double champion du monde par équipes en 1982 et 2002 et ancien sélectionneur de l’équipe de France. “Nous accueillerons nos clients dans des conditions aussi confortables que possible, mais il ne faut pas s’attendre à un spectacle clinquant. Ce sera une belle vente, où les chevaux seront au centre des attentions. Nous les verrons la sous selle, en vidéo, y compris lors de leur essai par nos experts, et nous en parlerons.”
Pour les vendeurs, reste à accepter l’idée de ne pas pouvoir choisir leurs clients. Cependant, nombre de récentes transactions de gré à gré, menées en plusieurs étapes, montrent qu’il est de toute façon impossible de “choisir” le futur cavalier de son cheval, et encore moins d’éviter qu’il se retrouve entre des mains jugées indésirables… “Hélas, il y a de mauvais cavaliers et des personnes maltraitantes dans tous les pays et régions du monde. Je préférerais évidemment que nos chevaux tombent dans de très bonnes écuries et jouissent des meilleures chances d’exprimer tout leur potentiel, mais le commerce est ainsi fait qu’on ne peut pas tout maîtriser. Concernant le sport, il appartient aux fédérations et aux autorités de faire respecter les règlements et les lois. En tant que propriétaires ou marchands, nous ne pouvons pas nous substituer à celles-ci… Et nous devons bien essayer de vivre de notre travail et de nos investissements”, conclut Philippe de Balanda.