À domicile, Karl Cook décroche le jackpot avec Kalinka et repart de l’avant avec Caracole de la Roque
Karl Cook s’est adjugé le Grand Prix doté d’1 million de dollars du CSI 5* de Thermal, cette nuit aux États-Unis. Associé à son excellente Kalinka van’t Zorgvliet, le Californien, qui évolue presque à domicile sur les grandes pistes du Desert International Horse Park, a signé le plus rapide des deux doubles sans-faute, devançant le Canadien Mario Deslauriers, deuxième avec Bardolina 2. L’Américain Kent Farrington a complété le trio de tête sur Landon. Blessé à la main mardi, le trentenaire a aussi gagné un Grand Prix national avec Caracole de la Roque, l’ancienne partenaire de Julien Épaillard.
Karl Cook voulait entrer dans l’histoire au Desert International Horse Park (DIHP). Le destin a failli empêcher l’Américain de graver son nom sur la Coachella Cup, un nouveau trophée remis au vainqueur du premier Grand Prix CSI 5* doté d’1 million de dollars américains (1,3401 million de dollars canadiens sur le programme officiel, soit environ 912.000 euros environ). Cependant, la force et la détermination du Californien, qui s’est blessé à la main mardi soir, l’ont porté tout au long de la semaine et lui ont permis de monter sur la plus haute marche du podium du Grand Prix international le mieux doté des États-Unis. Le Californien, installé à Rancho Santa Fe, à un peu moins de deux cents kilomètres à l’ouest-sud-ouest de là, et sa partenaire de longue date Kalinka van’t Zorgvliet, propriété de Signe Otsby, sa maman, faisaient partie des trente-cinq concurrents engagés dans ce Grand Prix, dont le long parcours a été dessiné par l’Irlandais Alan Wade.
Passé à mi-tour initial, Karl Cook a signé un sans-faute, garantissant un barrage au public. Six autres couples l’ont rejoint sur pour cette finale au chronomètre: le Colombien Mark Bluman avec Ubiluc, le Canadien Mario Deslauriers avec Bardolina 2, les Américaines Callie Schott avec Garant, l’ancien partenaire de sa compatriote Beezie Madden, et Adrienne Sternlicht avec Faquitol-S, le Colombien Roberto Terán avec BP Wakita, et l’Américain Kent Farrington avec Landon. Crédité d’un double sans-faute conclu en 44’’99, l’élève d’Éric Navet a eu le dernier mot. Kent Farrington est allé plus vite, mais il a payé ses risques d’une faute, finissant troisième, tandis que Mario Deslauriers s’est classé deuxième en signant le seul autre double sans-faute à l’occasion de sa première venue à Thermal.
“Il y a déjà eu des Grands Prix dotés d’1 million de dollars disputés, mais jamais aucun comme celui-ci”, a fait remarquer Karl Cook à propos de la Coachella Cup. “Parce que c’est un CSI 5*, avec un million à la clé et tant de grands cavaliers au départ. Cela signifie beaucoup plus. Cette épreuve est bien plus prestigieuse que toutes les autres organisées ici d’autant que nous avons concouru en nocturne, sur un excellent terrain et dans une excellente atmosphère. Les organisateurs ont vraiment fait du bon travail.” Kalinka van’t Zorgvliet, jument BWP de treize ans par Thunder van de Zuuthoeve et une mère par Flipper d’Elle a permis à Karl Cook de remporter son deuxième Grand Prix CSI 5* consécutif sur cette piste, après leur victoire le 10 décembre 2022. Victorieux d’un autre Grand Prix 5* cet été à Williamsburg et de la Coupe des nations du CSIO 5* de San Juan Capistrano, le couple a aussi contribué à la cinquième place des États-Unis en finale des Coupes des nations Longines, début octobre à Barcelone. “Je ne sais pas ce qu’elle a dans le ventre, mais elle est tout simplement incroyable. Elle est passionnée par ce sport, ce qu’on peut ressentir quand on la monte. Elle saute parfois de façon excessive, mais elle est animée d’une telle motivation et d’un tel désir de bien faire qu’elle réussit toujours. Cet état d’esprit est inspirant pour le cavalier que je suis et toutes les personnes qui l’entourent. Elle nous élève tous.”
Pour le héros du soir, l’issue de la semaine était incertaine mercredi matin, au lendemain de sa blessure, mais il a quand même relevé le défi qu’il s’était fixé et cela s’est passé sans problème, malgré quelques douleurs. “C’est juste une blessure superficielle à la main, avec quelques points de suture”, a-t-il déclaré. “J’ai tout de suite dit que je monterais quand même, mais ils s’agissait de savoir à quel point cela me ferait mal. Tout le monde a des problèmes à surmonter. Pour moi, cette semaine, ce fut avec ma main. Je devais juste réussir à mettre cela de côté pour parvenir à sauter sans encombre. Je devais y aller, me mettre au travail et donner à mes chevaux le meilleur de moi-même. […] Ce fut une longue saison, une grande saison, avec beaucoup de hauts. Il y a eu des moments difficiles qu’il a fallu surmonter (aux Jeux panaméricains, il a essuyé un refus de Caracole de la Roque lors de la Chasse, avant de concéder douze points dans la première manche de l’épreuve par équipes, qu’il a toutefois conclue par un sans-faute, ndlr). Cette année, la Major League a été géniale pour moi. Mes chevaux ont été formidables. Je salue le travail de mon équipe, indispensable dans ma quête de performances. C’est l’aboutissement du travail de chacun qui permet d’arriver à ce résultat.”
“Landon est encore très inexpérimenté, mais il est en train d’atteindre le meilleur niveau”
Mario Deslauriers a bien failli ne pas venir à Thermal, puis il a changé d’avis le 23 novembre. “C’était une bonne décision. Pendant Thanksgiving, nous étions en train de cuisiner et j’ai dit à ma femme: ‘Je pense que je devrais appeler Matt Morrissey et Keean White pour voir si je peux participer’. Nous avons trouvé une solution, j’ai appelé les propriétaires et ils étaient tous d’accord. Les cavaliers disent toujours qu’il faut faire sauter son cheval tant qu’il va bien, alors je me suis dit que j’allais venir et tenter ma chance. Les installations sont superbes, le concours était excellent, toute la semaine a été très agréable et les gens sont très gentils. Je reviendrai sans aucun doute.”
Quant à Kent Farrington, il tient sa future star avec Landon, son hongre de neuf ans, récemment médaillé d’or aux Jeux panaméricains de Santiago du Chili avec l’équipe américaine, au sein de laquelle figurait aussi Karl Cook, associé à Caracole de la Roque. “Il est encore très inexpérimenté, mais il est en train d’atteindre le meilleur niveau. Cette année, l’objectif principal était de qualifier les États-Unis pour les Jeux olympiques de Paris 2024, ce que nous avons fait au Chili. Ici, c’était son concours de reprise et c’est ainsi que je voulais conclure la saison avec lui. La jument de Karl est très rapide, et Landon n’est pas le plus rapide contre la montre, alors j’ai dû prendre tous les risques. Du coup, je suis quand même content de cette troisième place.”
Un bonheur n’arrivant jamais seul, un peu plus tôt dans la journée, Karl Cook avait déjà remporté un Grand Prix National bien plus modestement doté (40.000 dollars), en selle sur Caracole de la Roque, qui a donc signé une très bonne rentrée avec des Jeux panaméricains difficiles. Seuls cinq des cinquante-neuf couples au départ ont franchi sans encombre le parcours d’Alan Wade. Parti en fin de barrage, le duo Cook/Caracole a réussi un double sans-faute, et le dernier couple n’a pas pu le rattraper. “Nous avions du travail à faire après les Panaméricains”, a admis Karl Cook. “L’un des changements les plus évidents est que nous lui avons remis le hackamore avec lequel Julien Épaillard la montait à l’origine. Je ne l’avais montée ainsi qu’une seule fois dans une épreuve de 1,40 m, mais nous avons réessayé et cela semble fonctionner. J’ai encore l’impression que c’est un peu rouillé parce qu’elle se sent tellement différente dans cette épreuve. Je commence à m’y habituer. Il y a beaucoup de bonnes choses, pas seulement notre double sans-faute – que je considère comme un bonus – mais tout est très différent, dont la maniabilité, et je pense que nous pouvons vraiment construire sur cette base.”
Définitivement, le DIHP est une deuxième maison pour Karl Cook. En 2023, il a passé une grande partie de l’hiver sur la côte Est, avant de revenir pour la dernière étape de la Major League Show Jumping (MLSJ). “J’ai passé toute l’année à l’étranger, et il est toujours agréable de revenir concourir dans un endroit où l’on se sent bien. La direction fait tellement d’efforts pour organiser un bon concours pour les chevaux et le public que cela vous donne envie de monter à cheval.”Avec cette Coachella Cup dans le rétroviseur, les équipe du DIHP et de la MLSJ se tourne maintenant vers un nouveau CSI 5*, programmé le week-end prochain et comprenant la finale de la MLSJ, compétition d’écuries privées comparable à la Global Champions League, avec un million de dollars à la clé. “L’option la plus probable est que j’engage Caracole dans l’épreuve par équipes, mais il y a aussi un Grand Prix au programme. Quant à Kalinka devrait probablement en rester là pour 2023. L’année prochaine sera encore longue année. L’hiver prochain, nous passerons beaucoup plus de temps ici et moins de temps en Floride, ce qui me réjouit. Il y a davantage de CSI programmés ici. Honnêtement, cela m’aide à justifier le fait de rester ici. C’est une bonne chose pour les autres chevaux d’avoir une préparation plus calme pour le reste de l’année parce que ce sera plus intense une fois que nous partirons d’ici. Nous pouvons tout mettre en place et nous préparer. Un CSI 4*, par exemple, n’est jamais une plaisanterie et nous sommes impatients d’y être”, a conclu le sympathique et sincère Californien.
Les résultats du Grand Prix CSI 5*
Le parcours du Grand Prix CSI 5*
Les résultats du Grand Prix National
Sous la photo, revivez ce Grand Prix en intégralité et écoutez les premiers mots de Karl Cook