À Milan comme à Omaha, “la FEI a lamentablement échoué cette année”, selon Ben Maher et Henrik von Eckermann

À l’occasion de l’assemblée générale du Club des cavaliers internationaux de saut d’obstacles, le 8 décembre à Genève, Ben Maher et Henrik von Eckermann ont déploré les conditions dans lesquelles se sont déroulées les championnats d’Europe, en septembre à Milan, mais aussi la finale de la Coupe du monde, en avril à Omaha. Soutenus par un Ludger Beerbaum très remonté, les deux actuels meilleurs cavaliers de la planète estiment que la Fédération équestre internationale a échoué à garantir le respect des normes concernant la qualité des sols et l’accueil des chevaux, grooms, cavaliers et propriétaires.



Parmi les sujets évoqués, abordés et débattus avec plus ou moins de vigueur lors de l’assemblée générale du Club des cavaliers internationaux de saut d’obstacles (IJRC), en marge du CHI de Genève, le 8 décembre en Suisse, on retiendra l’organisation des deux événements majeurs de cette année préolympique placés sous l’égide de la Fédération équestre internationale (FEI): les championnats d’Europe, en septembre à Milan, et la finale de la Coupe du monde Longines, en avril à Omaha. On se souvient de l’incapacité des organisateurs, américains comme italiens, à en faire des événements populaires, ce qui fut d’autant plus surprenant concernant le sommet printanier que l’édition 2017, la première organisée dans le modeste État du Nebraska, avait été couronnée de succès. Hélas, les promoteurs de ces deux rendez-vous – on n’oublie pas les Jeux panaméricains, disputés cet automne à Santiago, mais ceux-ci le sont sous l’égide de l’Organisation sportive panaméricaine – ont failli à bien d’autres égards, ce que Ben Maher et Henrik von Eckermann ont déploré avec force.

Le Britannique, champion olympique en titre et actuel numéro deux mondial, a été le premier à dégainer, estimant que la FEI avait “lamentablement échoué” à garanir un événement de qualité cet automne à Milan. “Je suis peut-être le seul dans cette salle à penser ce que je vais exprimer, mais j’aimerais revenir sur l’organisation des championnats d’Europe. Tout d’abord, je veux rappeler que le sport a été incroyable à Milan, grâce aux cavaliers, aux chevaux et aux propriétaires. Je n’ai rien à dire au sujet des résultats (l’Anglais a fini au pied du podium avec Faltic HB, comme l’année précédente aux Mondiaux de Herning, ndlr). Cependant, ce rendez-vous, qui était supposé être l’événement phare de l’année pour la FEI, est le pire concours que j’aie vécu d’aussi loin que je m’en souvienne.”

“Je vais énumérer quelques points”, a poursuivi Ben Maher. “Le premier jour, le sol (une piste en herbe refaite cette année, et malheureusement arrosée d’averses orageuses dans les jours qui ont précédé ces Européens, ndlr) n’a pas offert des conditions équitables aux quatre-vingt-cinq cavaliers. Je ne dirais qu’il était meilleur au début ou à la fin de l’épreuve, mais il n’était pas constant. La qualité de la piste s’est améliorée au cours de la semaine, mais ce problème aurait pu modifier les résultats de certains à la fin de la semaine (il faut rappeler que trois équipes y ont obtenu leur qualification pour les Jeux olympiques de Paris 2024, ndlr). Concernant la zone des écuries, les organisateurs ont fait de leur mieux, mais quand on organise un concours hippique au milieu d’un chantier (les travaux de rénovation et de transformation de l’hippodrome de San Siro avaient pris beaucoup de retard, ndlr), on se complique déjà grandement la tâche. Comme tout le monde, les propriétaires de mon cheval (Charlotte Rossetter et Pamela Wright, ndlr) ont dû s’asseoir par terre, n’ayant nulle part où aller. La tribune des cavaliers (minuscule il est vrai, ndlr) n’était pas couverte et elle ne comptait pas assez d’espace pour que les cavaliers puissent s’asseoir et regarder les épreuves. De même, mon épouse et mes propriétaires ne pouvaient pas accéder à la zone où nous, cavaliers, étions autorisés à boire et manger. Pour être honnête, je suis déçu que ce site ait été approuvé et choisi (par la FEI, ndlr). Ensuite, nous sommes tous repartis en fin de semaine et – il faudrait vérifier les dates exactes avec ma fédération – mais il m’a fallu près de sept semaines pour percevoir mes gains, ce qui constitue aussi le plus long délai de paiement d’un concours ces douze derniers mois.”



“Nous avons là un gros problème”, Ludger Beerbaum

“J’ai conscience que mon propos va faire des mécontents à Milan, mais la FEI, qui propose tout un tas de règles et de nouvelles choses pour essayer d’améliorer la qualité du sport, a lamentablement échoué cette année à offrir aux chevaux, cavaliers et propriétaires des conditions sportives de qualité lors du seul concours de l’année où elle pouvait montrer l’exemple”, a conclu le champion olympique par équipes de Londres, applaudi par la plupart des cavaliers et autres parties prenantes du sport présentes dans l’assemblée.

“Tu n’es pas le seul à penser cela dans cette salle”, a témoigné l’Allemand Ludger Beerbaum en guise de soutien. Dans la foulée, le Suédois Henrik von Eckermann, numéro un mondial, a enrichi le propos de son dauphin, évoquant pour sa part la finale de la Coupe du monde, “qui fait aussi partie des événements phares de la FEI. Hélas, cette finale d’Omaha a été marquée par le fait que le sol, qui est le facteur le plus important à mes yeux, a été absolument désastreux. J’ai gagné cette finale (avec son crack King Edward, ndlr), et j’en suis heureux, mais c’était un désastre. Quant au site lui-même, il était bien la fois précédente (en 2017, ndlr), mais là, il était vraiment… Comme tu l’as dit Ben, c’est décevant s’agissant de tels événements. J’aime monter pour mon pays et j’aime la finale de la Coupe du monde, mais la FEI a failli à deux reprises cette année.”

Ludger Beerbaum a conclu cet épisode avec des propos forts: “Je n’étais pas à Omaha, mais j’étais à Milan, et je suis tout à fait d’accord”, a ajouté Beerbaum. “Nous débattons ici d’un bidule vert pour améliorer le bien-être des chevaux (la FEI a proposé un dispositif de mesure de serrage des muserolles, ndlr), mais elle n’est pas à la hauteur sur ce qui compte vraiment. Je pense que nous avons là un problème, un gros problème.” Autant dire que l’Australien Todd Hinde, fraîchement nommé directeur du service jumping de la FEI, est reparti avec du pain sur la planche…

L’assemblée générale de l’IJRC est à revoir en intégralité ici.



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