Jeanne Sadran, la progression de l’année
Jeanne Sadran est de loin la meilleure jeune cavalière française de saut d’obstacles. La Toulousaine de vingt-deux ans s’est maintenue tout au long de l’année dans le haut du classement U25, des moins de vingt-cinq ans. En 2023, elle a marqué les esprits par ses nombreuses performances. Retour sur cette année qui fera date.
Ce fut son année. Avec 1.410 points, Jeanne Sadran est actuellement septième du classement mondial dit U25, des cavaliers âgés de moins de vingt-cinq ans. À titre de comparaison, elle était vingt-sixième avec 1.014 points en janvier 2023, trente-sixième avec ses 757 points en janvier 2022, et soixante-dix-septième avec 530 points en janvier 2021. Une belle progression pour la Toulousaine, même si elle reste à 1203 points de Harry Charles, numéro un de ce classement depuis… 2021! Sa progression est tout aussi visible au classement Longines, toutes catégories et âges confondus, où elle a gagné soixante-treize places en un an, passant du 186e au 113e rang entre janvier 2023 et ce premier mois de l’an 2024… Il faut dire que la jeune femme s’est donné tous les moyens d’y parvenir en termes d’efforts, d’achats de chevaux, raisonnés, et d’encadrement. Autrefois entraînée par Julien Epaillard, elle est aujourd’hui coachée avec succès par Simon Delestre, parfois épaulé par son père, Marcel.
L’année 2023 a commencé sur les chapeaux de roue pour Jeanne Sadran. En février, elle s’est classée quatrième d’un Grand Prix CSI 3* à Oliva sur Kosmo van Hof Ter Boone. En avril, elle s’est notamment illustrée avec Virtuose Champeix, terminant cinquième d’un Grand Prix CSI 3* Hubside à Grimaud. En mai, elle a gagné cinquante-cinq nouveaux points sur le dos de Kosmo lors de la Coupe des nations Longines EEF de Mannheim. Sa première grande performance, un double sans-faute en selle sur le génial Dexter de Kerglenn, est intervenue en demi-finale de cette série Longines EEF, dans le cadre du CSIO Deauville, organisé par GRANDPRIX Events. La France s’est alors imposée de main de maître, grâce également à Nicolas Delmotte sur Baladin des Matis, Cédric Hurel sur Fantasio Floreval et Mathieu Billot, vainqueur du barrage décisif sur Quel Filou 13. “Quand on a vingt et un ans et qu’on arrive chez les Seniors, la marche est haute. La Fédération m’a donné la chance de faire partie de cette équipe à trois reprises: cela avait déjà bien marché les deux premières fois, c’était chouette, mais le double sans-faute d’aujourd’hui a une saveur encore plus particulière.”
Un palmarès à rallonge
Rompue aux CSI 5* depuis plusieurs années, grâce au soutien de sa famille et de la Fédération française d’équitation, Jeanne a signé une performance de très haut vol en hissant Unforgettable Damvil à la cinquième place du Longines Global Champions Tour de Monte-Carlo, doté d’1,5 million d’euros, début juillet à Monaco. La jeune femme a franchi un nouveau cap fin août à Wolvertem, près de Bruxelles, en honorant sa première sélection en CSIO 5* à l’occasion de l’Officiel de Belgique. Sur le dos de son Dexter, elle y a terminé troisième d’une épreuve à 1,50m, et surtout à une belle huitième place dans le Grand Prix à 1,60m.
Pour autant, l’année de la Toulousaine n’a pas été un long fleuve tranquille. En septembre, lors du CSIO 4* de Varsovie, le couple qu’elle forme avec Kosmo a concédé huit points, avant d’abandonner en seconde manche de la finale du circuit européen Longines, où la France a fini à une très décevante neuvième place malgré la présence, outre Jeanne, de Marie Pellegrin sur Deuxcatsix d’Églefin, Julien Gonin sur Caprice de Guinfard et de Juliette Faligot sur Arqana de Riverland. Douée d’un authentique mental d’athlète, Jeanne Sadran a su se remettre en question et vite rebondir, se montrant très performante au CSIO 4* de Rabat, en octobre. Troisième du Grand Prix Coupe du monde à 1,55m sur le dos de Kosmo, elle a également contribué à la troisième place de l’équipe tricolore dans la Coupe des nations du Maroc associée à l’expérimenté Unforgettable Damvil. “J’ai été vraiment déçue de ma performance à Varsovie parce que c’était un vrai objectif pour moi. Je n’ai pas été capable de bien gérer ma préparation: je n’ai pas assez fait concourir mon cheval avant cette échéance. J’ai appris de cette épreuve et mes chevaux reviennent en forme, d’où notre belle performance aujourd’hui. Dexter, a réussi une superbe saison, ce qui présage d’un bel avenir. C’est vraiment un cheval particulier, un crack. Et je continue à faire avancer les autres pour qu’ils puissent l’épauler”, a-t-elle confiée au sortir de cette double performance.
La Toulousaine n’a pas fléchi en intérieur, bien au contraire, à en juger par sa quatrième place en Coupe du monde Longines au CSI 5*-W de Madrid sur son fidèle Dexter de Kerglenn. Et pour finir en beauté cette année 2023, elle a excellé au CSI 5*-W de Londres. Outre-Manche, elle s’est confrontée une fois encore à quelques-uns des plus grands noms de la scène internationale, et défendu avec brio les couleurs françaises. Sur Dexter de Kerglenn, elle a fini sixième du Grand Prix du lundi après avoir grappillé quelques points supplémentaires en Coupe du monde. Avec seize unités, elle est encore loin d’une qualification pour la finale de Riyad, mais rien n’est perdu, et même sans ce sésame, elle aura forcément accumulé beaucoup d’expérience dans ces grands événements automnaux et hivernaux. La cavalière de vingt-deux ans rêve des Jeux olympiques et ne s’en cache pas. Et si ce n’est pour Paris 2024, ce sera peut-être pour Los Angeles 2028.