La retraite surprise de Ludger Beerbaum a été l’annonce de l’année 2023
Alors que la saison 2024 est bien lancée, GRANDPRIX vous propose de revenir sur les cavaliers, chevaux ou événements qui ont marqué l’année équestre 2023. Parmi eux, l’annonce surprise de la retraite sportive de Ludger Beerbaum, en clôture du mythique CHIO d’Aix-la-Chapelle, en juillet.
Courant 2016, Ludger Beerbaum avait déjà fait un pas vers la sortie en indiquant qu’il prenait sa retraite de l’équipe nationale et qu’il ne porterait plus la veste rouge de l’Allemagne en Coupes des nations ou championnats. Depuis, à l’exception d’une sélection en Coupe des nations à Hickstead en 2022, le cavalier de saut d’obstacles le plus médaillé de l’histoire avait poursuivi son épopée en solitaire, ravissant de belles épreuves internationales.
Le 2 juillet, alors que Marcus Ehning et Stargold viennent d’être récompensés pour leur remarquable sacre, le troisième du Centaure dans le Grand Prix du CHIO d’Aix-la-Chapelle, Ludger Beerbaum entre en scène sur la pelouse aixoise. Rares sont les personnes dans la confidence, deux de ses plus proches collaborateurs Philipp Weishaupt et Christian Kukuk n’ayant pas même été avertis, mais cette entrée en piste est la dernière du multimédaillé allemand. “Je comprends que certains cavaliers soient incapables de raccrocher, mais moi, je n’imagine pas monter jusqu’à soixante-dix ans”, avait-il lâché dans un entretien en 2013. Parole tenue, puisqu’après avoir continué à monter “à mi-temps” et gagner au plus haut niveau, Ludger Beerbaum a pris de court le stade de la Soers, garni de quarante mille âmes, en annonçant sa retraite sportive.
Juste avant d’atteindre le cap des soixante ans, Ludger Beerbaum a saisi le micro tendu par le speaker et fait ses adieux à son public en ces termes : “J’ai, certes, célébré de grands succès ici, mais j’ai aussi connu beaucoup de moments difficiles, qui vous ont, pour certains, énervés ou mis à l’épreuve. Je n’oublierai jamais la manière dont vous m’avez soutenu chaque année durant plus de trois décennies, dans les victoires comme dans les défaites. Ce public pardonne tout, ce qui est vraiment, vraiment, vraiment extraordinaire. Je veux le souligner et vous en remercier de tout mon cœur. J’ai dit le principal : pour moi, notre sport serait bien plus pauvre sans vous. […] J’espère pouvoir venir ici pendant de nombreuses années encore en tant que spectateur, comme vous, pour soutenir tous les cavaliers. Je crois qu’il est désormais temps de faire place aux jeunes. Cette semaine, je me suis senti un peu comme un vieux chien qui aurait le droit de retourner une fois de plus à la chasse.” Pour conclure, le Kaiser n’a pas manqué de saluer deux femmes sans lesquelles “rien de tout cela n’aurait été possible” : Madeleine Winter-Schulze, son inséparable mécène, et Marie Johansson, sa fidèle groom devenue responsable d’écurie.
Depuis, Ludger Beerbaum continue de gérer son empire, fait notamment de commerce et d’organisation de compétitions de très haut niveau à l’instar des Européens de jumping et de dressage, ainsi que les vestes grises, qu’il accompagne sur presque tous les fronts. On l’a notamment vu extrêmement heureux de la victoire de ses trois protégés Philipp Weishaupt, Eoin McMahon et Christian Kukuk dans les play-offs de la Global Champions League, à Prague. “Je ne sais pas si j’ai déjà été aussi heureux de ma vie”, disait Ludger Beerbaum à l’issue de ce rendez-vous de novembre. Sportif ou pas, le Kaiser continue à marquer le saut d’obstacles de son indélébile empreinte.
Ludger Beerbaum, une sortie impériale
“Il est désormais temps de laisser les jeunes faire leur place”, Ludger Beerbaum
“Personne ne pourra égaler la carrière de Ludger Beerbaum”, Christian Kukuk